Catherine Graindorge à Lille, avec Simon Ho et Simon Huw Jones – Photo de Sébastien Faits-Divers
… Dans notre monde soi-disant programmatique. Ainsi ce Mercredi 30 Avril à l’Aéronef de Lille où étaient prévues trois formations.
En ouverture, l’artiste / chanteuse / violoniste belge Catherine Graindorge nous a offert une étonnante performance. Elle était accompagnée du contrebassiste / bassiste Cyrille de Haes, du claviériste Simon Ho, de sa fille Lula Rabinovitch au chant et de… Simon Huw Jones, le chanteur / poète incantatoire de And Also The Trees !
Catherine Graindorge – Eurydice – Songs For The Dead (2025)
Extraites de son album Songs For The Dead, ses mélopées mélancoliques et oniriques, ont emporté une grande partie du public lillois. Parfois, les voix des deux sirènes – Catherine et Lula – se mêlaient aux monologues graves de Simon Huw Jones, sur un lit de plaintes au violon, de piano ou d’harmonium, et de basse obsédante. L’on retrouvait alors des atmosphères Fin de siècle proches de Agnel Obel et surtout des géniaux mais trop peu connus Crime & the City Solution, sans malheureusement la pulsation rythmique. La plus belle découverte de la soirée !
Catherine Graindorge et Lula Rabinovitch – Photo de Sébastien Faits-Divers
L’autre surprise !
On nous avait annoncé un set plutôt Electro de Lol Tolhurst, l’historique batteur / cofondateur de The Cure et plus accessoirement claviériste jusqu’en 1989, conformément à son dernier album, Los Angeles, commis en compagnie de l’autre grand percus de la New Wave, Budgie de Siouxsie And The Banshees.
Alors quel étonnement, quand on a vu le gars se mettre à la batterie, tandis que le rejoignaient son fiston Gray au chant et à la guitare ainsi que Oliver Cherer, le bassiste de Miki Berenyi, l’ex chanteuse / guitariste de Lush. Et back to The Eighties !
Lol Tolhurst de retour à la batterie à Lille – Photo de Sébastien Faits-Divers
Se sont succédés des extraits de Three Imaginary Boys – 10:15 Saturday Night -, de Seventeen Seconds– A Forest -, de Faith– The Holy Hour, All The Cats Are Grey et même de Pornography – Superbes Siamese Twins ou Hanging Garden et une version de A Strange Day chantée par Miki Berenyi elle-même – !
En bonus, Stranger, un titre en commun avec tout le groupe de la chanteuse, plus voisin d’ailleurs de Lush que de Cure avec son rythme hypnotique, les couches Noisy de guitares, et les Ahhhhh extatiques de Miki en écho réverbéré. Tout le Lush qu’on aime… Ou pas.
Miki Berenyi Trio x Lol Tolhurst x Gray – Stranger (2025)
Bon, revenons à Lol et ses gars. C’était un drôle de moment émotionnel de le revoir ainsi derrière ses fûts, quarante ans après son premier passage à Lille en 1981 (Lire : The Cure En Concert – Récit inoubliable du 12 Octobre 1981), retrouvant son jeu minimaliste ou tribal sur les compos de l’ami absent, Robert Smith. Le fiston, Gray Tolhurst, ne s’est pas trop mal débrouillé au chant. Par contre, la restitutions des parties de guitare du Robert – faussement simples – semblaient plus aléatoire. Le bassiste invité a lui bien assuré les boucles de SimonGallup même si ses sonorités passaient un peu à côté… Le public en noir n’en demandait pas tant, retrouvant les rituels habituels des concerts actuels de The Cure. Cela nous a quand même laissé un certain goût d’amertume. Allez savoir pourquoi…
Lol Tolhurst & Gray + Oliver Cherer – 10:15 Saturday Night Live At Lille (2025)
Quant au Miki Berenyi Trio ou MB3, désolé, mais le morceau Stranger nous a suffi. D’après les échos – sic -, les fans de Lush et de Dream Pop ont été ravis. Tant mieux !
Remerciements à Sébastien Faits-Divers pour ses photos et la vidéo !
Pour emmener sa sœur à la plage par cette journée ensoleillée. Bon, faut admettre qu’elle a un peu forcé sur le rouge à lèvres et le rimmel. La chaleur commence à faire couler de vilaines rigoles noirâtres de khôl le long de ses joues ravinées. Mais elle s’en fout Jane. Elle est heureuse comme elle est, là, avec Blanche, sa frangine, devant l’océan Pacifique. Blanche. Elle n’a pas toujours été gentille avec elle, Jane, c’est vrai. Alors aujourd’hui c’est sortie au grand air iodé. Pour se faire pardonner. Ca va la requinquer, Blanche, elle qui passe ses journées enfermée sur son fauteuil roulant, à regretter le bon vieux temps, quand ses jambes l’emmenaient où bon lui semblait.
Elles sont bien installées maintenant.
Blanche allongée sous sa couverture et Jane, assise dans sa belle robe. Sa robe qui ressemble à celle qu’elle portait à l’époque du succès. Quand le monde l’adorait. L’enfant star d’Hollywood. La petite prodige du cinématographe. Baby Jane. Qui savait tout faire, chanter, danser, jouer la comédie. Et puis le pire qui puisse lui arriver est… arrivé… Elle a grandi Jane. Fini les sunlights. Bye bye la gloire. Au rencard la petite chouchou du rêve amerlock. Blanche aussi elle avait fait l’actrice. Sa carrière était bien lancée. C’était même parti pour durer longtemps. Plus longtemps que Jane… Talentueuse Blanche. Plus que Jane peut-être bien… Jusqu’au jour de l’accident. Paralytique au royaume du glamour ? Tu ne colle plus avec le décor ma grande. Alors elle a troqué la limousine contre la petite chaise. Poor Blanche…
… Qui ne dit pas grand chose depuis tout à l’heure,
de dessous sa couverture qu’elle n’a pas quitté malgré le soleil qui tape dur. Ca n’a pas l’air de la préoccuper, Jane. Elle est aux anges. Une légère brise amène à ses oreilles le doux bruit des vagues. Elle n’a bien sûr pas oublié d’amener sa pelle et son seau. Alors elle s’amuse comme une petite folle à faire de jolis pâtés, bien ronds, bien lisses, avec le beau sable fin de Malibu. D’ailleurs ils sont tellement réussis qu’un groupe de baigneuses et de baigneurs s’approchent, certainement pour les admirer et la féliciter. Alors, pour les remercier, Jane se lève et se met à leur chanter une chanson. Sa chanson, celle de la grande époque que toute l’Amérique reprenait en choeur. Ils doivent sûrement la connaître tous ces jeunes gens …
Jane chante.
Jane danse. Virevoltant maladroitement sur ses jambes usées.
Le groupe des jeunes gens s’est rapprochés de la forme, immobile, qui gît sous la couverture. Et Jane chante. Et Jane danse, virevoltant maladroitement sur ses jambes usées…
Esquisserait-elle…
… un entrechat sur les sons des Limiñanas ? Y a des chances. Car quelque part, ça pourrait parler aussi un peu d’elle, sur ce nouvel album, tout frais sorti, au titre intriguant : « Faded »…
Crédit photo : Mathieu Zazzo
« Faded ».
Désuet, estompé, effacé, oublié. A l’instar de la pochette qui nous montre, ou plutôt ne nous montre pas une collection de visages féminins comme découpés par des ciseaux impitoyables. Minois de stars déchues, ou en passe de le devenir, que le passage des années, voire des décennies, n’a pas épargné. « Time Waits For No One » comme le constataient naguère les Stones… Et comme le musicalise maintenant les Limiñanas tout au long de ce fil conducteur qui nous guide sur les quatre faces vinylisées de rouge.
Dessin : Poup
Contrairement à « De Pelicula »…
… leur précédent opus, qui se voulait construit comme un véritable film, avec un début, un milieu et une fin, chaque chanson de « Faded » est indépendante et vit son petit scénario sur fond de tranche de vie, souvent cruelle et désabusée. Par contre on retrouve bien les obsessions cinématographiques de Marie et Lionel, grands fans devant les écrans cinémascope d’un cinoche millésimé, accros aux westerns ambiancés par Ennio Morricone et aux polars ricains ou frenchy de l’âge d’or des Trente Glorieuses.
The Limiñanas – Faded
Période bénie à leurs oreilles…
… car la recette musicale, reconnaissable au premier coup de tympan, reste toujours aussi efficace, toute en boucles hypnotiques avec ce mélange unique de garage psyché, de musique de film, de Pop Yéyé gainsbouroïde et de trouvailles « maison ». Mais foin d’une nostalgie poussiéreuse, les amours d’antan de Madame et Monsieur ne les enferment pas pour autant dans un passéisme gâteux. Au contraire il les malaxent jusqu’à leur donner une forme bien actuelle.
The Limiñanas – Tu viens Marie ?
Autre plaisir garanti…
… à chaque nouvelle livraison des deux cabestanyencs : les invités.
Les Limiñanas, amateurs de bonne becquetance partagée entre potes, conçoivent aussi leur disques comme une conviviale ventrée sonique où la porte du studio est grande ouverte à qui veut tenter l’aventure.
Et ils sont nombreux, les morfales…
… à se bousculer à l’entrée… Pascal Comelade, le vieux complice. Bobby Gillespie des Primal Scream.
L’Explosé du Blues Jon Spencer aux roucoulades délicieusement malsaines zé gloussements intensément cosmiques sur les déjantés « Space Baby » et « Degenerate Star ». Bertrand Belin, autre acolyte de longue date, qui revient, crooner synthétique à la mèche électrisée, sur « J’Adore Le Monde », petit bijou de paroles à tiroirs. Keith Streng, en petite virée hors Fleshtones, qui délivrent sa science six-cordesque sur « Louie Louie », efficace tribut au Garage originel hanté là par Suicide… Rover, orfèvre en matière Pop. Anna Jean, du groupe Juniore. Silvia Palmerini pour une délicate reprise d’ » Où Va La Chance » de la grande Françoise Hardy. Penny, jeune chanteuse anglaise qui, du haut de ses 23 printemps, nous met les poils par son interprétation de » Faded « .
Le fidèle Alban Barate aux guitares et le compositeur David Menke aux claviers.
The Limiñanas – J’adore le monde avec Bertrand Belin
The Limiñanas – Où va la chance ?
Pas dégueu le plan de table…
…Peuvent être fiers, Lionel et Marie.
Marie qui, non contente de baratter sur sa batterie minimaliste un beat monolithique désormais estampillé « Limiñanas Trademark », pose cette fois-ci son organe sur trois chansons dont l’entêtante « Autour de chez moi », superbe ode tribale à la différence.
The Limiñanas – Prisoner of beauty avec Bobby Gillespie
Le soleil descend sur la plage de Malibu.
Surfeuses et surfers ont décampé vers les drive-in lorsque les flics ont déboulé. Ne reste sur le sable encore chaud qu’une couverture, un seau, une pelle et un pâté à moitié écroulé tel un Flanby apathique.
Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?
Faded ?
Année 1982. On écoute Seppuku, l’album de Taxi Girl en imaginant rencontrer Viviane Vog. On voit Orchestre Rouge en concert reprenant furieusement Friction de Televisiondevant vingt personnes. Puis on découvre le maxi de Guerre Froideet l’on espère les premiers titres de Marc Seberg, le projet de Philippe « Marquis de Sade » Pascal. C’est alors qu’un ami disparu nous passe une cassette avec un morceau d’un duo de Nancy. L’allure électronique, des claviers sales et une boîte à rythmes primitive autant que frénétique, évoque Suicide.
Kas Product en 1981 : Spatsz et Mona Soyoc – Photo de Paul Slattery
Mais surtout, d’emblée, il y a cette voix, cette voix féminine qui gémit telle une DonnaSummer de l’Electro Trash puis entonne le couplet. Et là, on découvre une véritable chanteuse de Jazz / Blues, une Billie Holidayde la New Wave, aussi suave que fatale, une Siouxsiesans la glace, bien loin des nymphettes désincarnées au chant faussement naïf de l’époque. Quel choc cette découverte de Kas Product !
Kas Product – Never Come Back (1982)
La Féline, digne de l’album des Stranglers, également guitariste, se nomme Mona Soyoc et son compagnon de jeux Spatsz. Quelques temps plus tard paraît leur premier album, Try Out, à la pochette aussi énigmatique qu’érotique. Un disque et des titres – Pussy X, So Young And So Cold… – sans équivalents dans le Rock à la Française de ce début des années 80. Deux autres LP – By Pass en 1983 et Ego Eye en 1986 -, renforcent l’attrait du duo alors que leur son et leurs compositions s’étoffent.
Kas Product – Loony Bin – By Pass (1983)
Mais en 1988, la paire se sépare sans qu’on ait pu les apprécier en concert. Tout juste pourra-t-on apercevoir une Mona Soyoc classieuse et de noir vêtue à la voix toujours intense, lors d’une performance Electro de Zend Avesta début 2000 à Lille. Finalement, Kas Product se reforme au début des années 2010, des retrouvailles pour des concerts exceptionnels jusqu’à la disparition prématurée de Spatsz en 2019.
Kas Product : Try Out (1982)
Afin d’honorer son ami défunt, Mona Soyoc contacte alors Pierre Corneau, l’émérite bassiste de Marc Seberg, et Thomas Bouetel l’homme aux machines de Monty Picon. Baptisé Kas Product Reload, le trio présente une série de concerts – hommages. L’énergie, la complicité, la complémentarité entre les trois sont telles pendant ces dates qu’ils décident de se lancer dans l’écriture et la réalisation de nouveaux morceaux.
Mona KP Red Skin par POUP
A la fois dans la lignée et en roue libre
Voici donc Reloaded, ce nouvel et inattendu album de Kas Product version 2025. La pochette cite symboliquement leur opus initial Try Out, cette fois dans un triangle de circonstances. Les onze titres ont été enregistrés « à la maison » par Thomas Bouetel, puis finalisés et mixés par Youri Benais au Studio Ô.
Dès l’ouverture, le bien nommé Last Chance, on comprend que les trois se situent à la fois dans la lignée et en roue libre. Comme le New Order de Get Ready en 2001, Kas Product n’écarte plus des influences traditionnellement Rock.
Kas Product – Last Chance – Reloaded (2025)
La basse cinq cordes – oui Monsieur, Madame, Mademoiselle ! – de Pierre Corneau, apporte forcément une dimension plus organique au projet, de même que les sonorités moins cold et plus nuancées des claviers de Thomas Bouetel, ainsi d’ailleurs que les guitares jouées par Mona et ses deux complices. La chaleur du mix réalisé par Youri Benais n’y est pas pour rien : Kas Product n’a jamais sonné aussi ample.
Kas Product en 2025 : Pierre Corneau, Mona Soyoc, Thomas Bouetel – Photo de Emmanuelle Margarita
Le trio n’en oublie pas ses premières influences électroniques, à l’instar de ce I Don’t Care au séquenceur en admiration devant Kraftwerk, l’une des inspirations de Spatsz.
Kas Product – I Don’t Care – Reloaded (2025)
Mais évidemment, c’est bien sûr Mona Soyoc qui règne ici en maîtresse de cérémonie, poussant ses deux gars à se transcender, au point d’entraîner à leur tour la Féline dans leur cercle d’énergie irradiante.
Kas Product – Better Place – Reloaded (2025)
Mona dont la voix a gagné en profondeur et maturité, à la fois sensuelle, rugissante, épique, joueuse et qui clôt cet album de résilience par la confession cinématographique Troubled Girl. Incontestablement, l’un des disques majeurs de l’année 2025 !
Kas Product – Troubled Girl – Reloaded (2025)
Bruno Polaroïd / Illustration par POUP
Kas Product -Reloaded –Verycords – Disponible depuis le 11 Avril 2025
Les années passant, il serait illusoire de penser que la New Wave du début des années 80 – on n’y distinguait pas encore le Post-punk à l’époque – était un mouvement monochrome. Si l’on peut y discerner des courants, la scène s’avérait protéiforme, chaque groupe essentiel ayant sa personnalité et ses caractères, même si les influences semblaient communes et certains aspects partagés.
Sax, guitares rouillées et voix éraillée
Les Psychedelic Furs par exemple. Déjà leur patronyme. Les deux frérots londoniens Richard et Tim Butler écoutent Dylan, le Velvet Underground ou Roxy Music – d’où le saxo et le dandysme – et en 77, se prennent en pleine tronche les Sex Pistols en live. D’abord RKO puis Radio ou The Europeans, Richard / chant et Tim / basse accompagnés de leurs potes Duncan Kilburn au saxophone et Roger Morris aux guitares sont finalement rejoints en 79 par Vince Ely à la batterie et le lead guitariste John Ashton. Le gang adopte son blase au dernier moment, juste avant leur premier disque, une double allusion d’abord aux Sixties, puis, au Velvet Underground – le titre Venus In Furs -.
The Psychedelic Furs en 1980 – Photo de Paul Cox pour leur premier LP
Si chez les Psychedelic Furs, on retrouve une section rythmique basse / batterie très en avant, une constante des groupes de l’après Punk, le collectif se différencie déjà par la place accordée au saxo, le son des guitares plus rouillées que flangérisées et la voix éraillée de Butler, tel un Bowie ayant abusé des gitanes sans filtre. Mis en valeur par Steve Lillywhite, certains titres de leur premier opus éponyme sorti en Mars 1980, sonnent comme des évidences, à l’instar de Imitation Of Christ ou du très beau Sister Europe.
The Psychedelic Furs – Sister Europe – The Psychedelic Furs (1980)
L’attitude arty maniérée du chanteur d’ailleurs plutôt beau gosse et de ses gars accroche immédiatement les branchés un peu partout en Europe. Résultat, un second album est rapidement lancé, toujours avec Steve Lillywhite aidé cette fois de l’ingé Phil Thornalley. Talk Talk Talk est dévoilé en Mai 1981.
Un refrain étrange
Hormis la pochette très warholienne, ce qui frappe d’emblée les oreilles, c’est la dimension sonique du disque, une masse mystérieuse et opaque créée par les guitares et le saxophone de plus en plus brumeux, avec une basse et une batterie inexorables et quelques claviers. Ce qui marquera profondément les jeunes gens modernes de l’époque dont un certain RobertSmith, qui, subjugué, proposera ensuite à Phil Thornalley de travailler avec The Cure pour rien moins que le futur Pornography.
The Psychedelic Furs – So Run Down – Talk Talk Talk (1981)
Autre élément important, la qualité des compos dont Dumb Waiters, le torride I Wanna SleepWith You, l’infernal Into You Like A Train – ce titre -, All Of This And Nothing ou Pretty In Pink. Ce dernier en particulier occupe la seconde place du LP. Son introduction interpelle immédiatement ainsi que ses couplets sur un rythme enlevé, contrebalancés par un refrain étrange en accords mineurs, avec un étonnant mélange d’orgue et de six cordes. Quant aux paroles, qu’en dit Richard Butler ?
« La chanson parle d’une fille qui couche beaucoup et pense qu’elle est populaire à cause de ça. Cela lui donne en quelque sorte un sentiment d’autonomie et de popularité, mais en fait, les gens avec qui elle couche se moquent d’elle derrière son dos et jasent à son sujet. »
Pretty In Pink est choisi comme single et atteint de belles places dans les charts, troublant la mémoire des gars et des nanas de 1981.
The Psychedelic Furs – Pretty In Pink – Talk Talk Talk (1981)
Caroline laughs and it’s raining all day She loves to be one of the girls She lives in the place in the side of our lives Where nothing is ever put straight She turns her self round and she smiles and she says« This is it, that’s the end of the joke » And loses herself in her dreaming and sleep And her lovers walk through in their coaches
Pretty in pink, isn’t she ? Pretty in pink, isn’t she ?
All of her lovers, all talk of her notes And the flowers that they never sent And wasn’t she easy ? Isn’t she pretty in pink ? The one who insists he was first in the line Is the last to remember her name He’s walking around in this dress that she wore She is gone, but the joke’s the same
Pretty in pink, isn’t she ? Pretty in pink, isn’t she ?
Caroline talks to you softly, sometimes She says, « I love you » and « Too much » She doesn’t have anything you want to steal Well, nothing you can touch She waves, she buttons your shirt The traffic is waiting outside She hands you this coat She gives you her clothes These cars collide
Pretty in pink, isn’t she ? Pretty in pink, isn’t she ?
All their favorite rags are worn And other kinds of uniform Kitty, you’re really free like individuality You are what you want to be Until tomorrow, the driveway’s broken His doorbell sings its chimes In time with what and for who God knows why I tried this Vicious drugand I shake
The Psychedelic Furs : Pretty In Pink – Single de 1981
Baroque et kaléidoscopique
Malgré ces succès, le collectif traverse alors, en 1982, une crise profonde avec les départs du saxophoniste Duncan Kilburn, du guitariste Roger Morris et l’absence de leur producteur fétiche mais surbooké Steve Lillywhite. Finalement, sous l’égide du fantasque musicien américain Todd Rundgren, les Furs vont mettre en boîte leur troisième LP Forever Now dans un esprit baroque et kaléidoscopique avec violoncelle, cuivres, marimba et les chœurs du duo Flo & Eddie.
The Psychedelic Furs – President Gas – Forever Now (1982)
Le son de batterie de Vince Ely est énorme et va bouleverser les ingés son dans leur approche des percus. Porté par le single au spleen romantique Love My Way, ce disque paru en Septembre 82 va permettre aux PsychedelicFurs de trouver un nouveau public, surtout aux States. Par contre, certains grincent des dents et des oreilles, n’y retrouvant plus leurs premiers émois. Ach !
The Psychedelic Furs – Love My Way – Forever Now (1982)
Rose Bonbon !
Et Pretty In Pink ? On y arrive. L’album suivant, Mirrors Moves (Mai 1984) s’éloigne encore plus de l’obscurité des premières créations des Furs pour un son plus formaté parfois avec boîte à rythmes – le batteur Vince Ely a quitté ses baguettes et la bande – et musicos additionnels dont le producteur Keith Forsey. Le chanteur Richard Butler est mis en avant sur la pochette étoilée et dans le mix. Tels de nombreux groupes du Post-punk de ce milieu des années 80, les gars hésitent puis penchent dans leur cas vers une approche plus conventionnelle, plus commerciale malgré quelques pépites…
The Psychedelic Furs – Heaven – Mirror Moves (1984)
C’est alors qu’après le succès de son Breakfast Club en 1985, le scénariste John Hugues, décide pour son prochain film d’ados des Eighties d’utiliser « ce single-là de 1981 sur une nana en rose. Ah oui, Pretty In Pinkdes Angliches Psychedelic Furs ! » Contacté, le groupe réenregistre son propre morceau dans une version beaucoup moins mystérieuse, apparaissant même dans le clip au milieu d’extraits plutôt sucrés pour ne pas dire cucu du film Pretty In Pink, en français Rose Bonbon …
The Psychedelic Furs – Pretty In Pink / Version du film (1986)
Ce teenage movie réalisé par Howard Deutch et typique d’une vision édulcorée de la jeunesse américaine de l’époque va tellement cartonner un peu partout qu’il va booster pour le meilleur et le pire la carrière de ce groupe « trop sympa », les Psychedelic Furs ! A l’instar précédemment des Écossais de Simple Minds et leur Don’t You… Le single Pretty In Pink grimpe dans les ventes alors que le propos initial de la chanson n’a rien à voir avec les amourettes d’Andie et sa robe rose dans le long métrage. Richard Butler lui-même le déplorera plus tard – hypocritement ? – .
The Psychedelic Furs : Pretty In Pink – Single de 1986
L’album suivant Midnight To Midnight en Février 1987 enfonce le clou d’une musique plus grand public et s’envole dans les classements, mais pas dans les cœurs des premiers fans, une belle dissonance entre l’art et l’argent. Heureusement, après une prise de conscience décisive, Richard Butler et les Psychedelic Furs en version remaniée reviendront ensuite à leurs côtés obscurs pour les disques suivants, renouant ainsi avec le noir plutôt que le rose.
The Psychedelic Furs – Come All Ye Faithful – Made Of Rain (2020)
Carlos Santana, pionnier du rock latino et musicien emblématique de la ville de San Francisco, reste une référence figurant parmi les plus grands guitar-heros. Premier héritier de Ritchie Valens, sa curiosité l’a incité à épouser tous les styles.
Cultures co vous propose de revenir sur ses débuts. Du Mexique à son arrivée en Californie. De la scène de Woodstock au succès de Black Magic Woman…
Santana – Se a Cabo
Carlos Santana Barran voit le jour le 20 juillet 1947 dans la ville de Autlan de Navarro, dans l’État de Jalisco, au Mexique. Son goût pour la musique lui vient principalement de son père, un musicien mariachi qui lui enseigne le violon durant son enfance. Mais très vite, Carlos avoue son penchant pour la guitare et s’initie à la folk. Son jeune frère Jorge en fait autant. Il formera par la suite le groupe Malo.
Carlos Santana
Mais la véritable révélation de Carlos Santana a lieu en 1955. Âgé de 8 ans, il s’installe avec sa famille à Tijuana, tout près de la frontière américaine. Dans cette ville à l’atmosphère souffreteuse, il tombe nez à nez avec celle qui va déterminer son avenir et devenir son éternelle compagne. C’est là que Carlos aperçoit pour la première fois une guitare électrique.
Santana – Hope You’re Feeling Better
Il a seulement 12 ans lorsqu’il délaisse les musiques traditionnelles mexicaines pour s’intéresser aux deux musiques du diable que sont le blues et le rock’n’roll. Inspiré par l’une de ses idoles, le regretté Ritchie Valens, célèbre des deux côtés de la frontière, mais aussi par Muddy Waters et BB King, Carlos fonde son propre groupe et se produit dans les parcs de la ville.
Santana – Everything’s Coming Our Way
La même année, toujours à Tijuana, Carlos se rend à un concert des TJ’s. Célébrités locales et groupe pionnier du rock de la fin des années 50. Le jeune garçon est en lévitation, son regard lorgne en particulier sur les gestes du guitariste. Il se débrouille alors pour devenir roadie des TJ’s. Il passe une partie de son adolescence à porter leur matériel. L’autre partie à intégrer le groupe en tant que bassiste.
Sa nouvelle destination, San Francisco, où son père obtient un travail stable, va lui permettre de s’épanouir et de prendre son envol. Au milieu des sixties, la terre des chimères, en pleine révolution culturelle, va lui offrir un écrin idéal et un contexte favorable à son rock fusion guidé par la guitare électrique et l’orgue hammond. Mais aussi nourri de sonorités tribales, de percussions africaines et brésiliennes…
Santana – Jingo
Durant cette deuxième moitié des sixties, si on veut se faire un nom à San Francisco et se produire dans les plus grandes salles, il faut avoir les faveurs de Bill Graham. Ce promoteur d’événements et patron du célèbre Fillmore Auditorium a vu défiler les Doors, Jefferson Airplane, Grateful Dead, ou encore le Butterfield Blues Band. Ironie du sort, c’est grâce à son idole Paul Butterfield que Carlos va se faire remarquer.
Un dimanche de l’année 1966, l’harmoniciste de Chicago débarque complètement ivre et ne peut assurer sa partie. Bill Graham décide de remplacer son groupe par une formation composée de différents musiciens de Frisco. Carlos en fait partie, et se met en évidence grâce à son jeu de guitare à rebrousse-poil.
« Une fois que tu entres dans la note, tu poses ton empreinte dessus »
Carlos Santana
Bill Graham est émerveillé par ce jeune homme de 19 ans, capable d’électriser son auditoire dans une transe-psychée, ou bien de lui faire franchir la mer des Caraïbes, pour le conduire dans des lagons paradisiaques aux eaux turquoises…
Santana – Samba Pa Ti
C’est donc à San Francisco, fief hippie, que Carlos fait la connaissance du bassiste Dave Brown, du percussionniste Marcus Malone, et du chanteur et organiste Gregg Rolie (futur membre du groupe Journey). Avec eux, il fonde le Santana Blues Band. Un nom inspiré par le Butterfield Blues Band qu’il admire.
Bien qu’ayant été reçu dans de nombreuses universités, Carlos Santana renonce à ses études et mise tout sur la musique. Il expliquera plus tard :
« Quand nous étions à l’hôtel avec le groupe, je me rendais dans une chambre, et l’un écoutait Sly Stone et Jimi Hendrix, pendant que dans la pièce à côté, un autre écoutait les Stones et les Beatles. On pouvait entendre également Tito Puente et Mongo Santamaría dans une autre chambre. Ou Miles Davis et John Coltrane… Pour moi, c’était comme être à l’université. »
Santana – Oye Como Va
La légende raconte que Carlos Santana et son groupe sont allés taper à toutes les portes des maisons de disque de Californie, essuyant refus sur refus, et que c’est un tirage au sort au festival de Woodstock qui leur a permis de se faire connaître du grand public…
C’est une belle histoire, mais la vérité est sensiblement différente. En réalité le Santana Blues Band, devenu simplement Santana pour des raisons commerciales, décroche son premier contrat chez le géant Columbia Records au début de l’année 1969.
En mai, ils enregistrent leur premier album. Un rock psyché aux influences latines et africaines, teinté de groove et fortement influencé par la nouvelle vague de jazz fusion. Seulement, le groupe n’est pas satisfait de la production. Il va falloir l’intervention de Bill Graham, devenu un adepte de la formation, pour que Santana voit son nom figurer au programme du plus grand évènement pop de l’histoire. Le Festival de Woodstock…
Santana – Soul Sacrifice (Live at Woodstock/1969)
Pour l’anecdote, je me dois de préciser que le guitariste a avoué plus tard avoir dangereusement joué avec sa chance. En effet, son passage au Festival de Woodstock ayant été avancé en raison de la pluie, Carlos Santana pensait avoir du temps devant lui et s’était laissé aller à gober un acide.
Le samedi 15 août 1969, à 14h00, Carlos entre sur scène avec son groupe, encore sous l’emprise du LSD. Il a conscience d’avoir une perception déformée de la réalité. Et craint de gâcher une belle occasion de se faire connaître.
Il raconte que le manche de sa guitare semblait se ramollir sous ses doigts et qu’il priait intérieurement pour jouer juste. Mais le trip accentuant sans doute son immersion, le guitariste fait sensation, marquant les esprits de nombreux spectateurs faisant sa découverte.
A l’automne, le single Evil Ways (également joué sur la scène du Festival) monte à la 9ème place du Billboard, et lance définitivement la carrière de Santana.
Santana – Evil Ways (Live at Woodstock/1969)
Toujours à l’écoute des nouvelles tendances, l’esprit de Carlos Santana fourmille de nouvelles idées. Il souhaite donner corps à des visions devenues plus spirituelles et mystiques. Il entame l’élaboration d’un album phare de l’année 1970 et de la grande période du rock psyché. Abraxaset sa somptueuse pochette signée par l’artiste allemand Mati Klarwein.
Un son de guitare et de percussion inoubliable. Abraxas est un album de légende. Dès son entame, on plonge dans une forêt luxuriante, plus dense encore que sur le précédent. Fusionner sa musique avec la symphonie de la nature est une démarche que Santana poussera plus loin encore sur les albums Caravanserai et Borboletta. Les prémices d’un cheminement vers une musique extrêmement visuelle.
Singing Winds, Crying Beasts
Si la créativité de Carlos Santana ne connaît pas de limite, paradoxalement c’est une reprise qui va faire de lui une légende du rock.
Une double reprise en réalité. Black Magic Woman, première partie du titre, est empruntée à un autre guitar-hero des sixties. Le britannique Peter Green, membre fondateur du groupe Fleetwood Mac.
La seconde nommée Gypsy Queen est une reprise d’un virtuose de la six-cordes espagnole. Le guitariste hongrois Gabor Szabo, un artiste très apprécié par le courant hippie.
Ce somptueux medley doté d’une production puissante. Chaloupé par les percussions, et rehaussé par la voix de Gregg Rolie, il va propulser Carlos Santana dans une autre dimension. Celle des guitar-heros…
Black Magic Woman/Gypsy Queen
A partir de là, si l’appât du gain avait été plus fort que son gout pour l’expérimentation musicale et le plaisir de jammer avec de grands musiciens animés par la fièvre de l’art, Carlos Santana serait sans doute devenu un de ces guitar-héros prétentieux. Dégoupillant des solis ininterrompus. Multipliant les effets et les prouesses techniques, pour au final ne laisser que bien peu d’émotion. Mais comme Peter Green, Jimi Hendrix, ou Rory Gallagher, il fait partie de ces guitaristes animés par un chaudron intérieur, et dont la virtuosité n’a d’autre but que de servir les compositions. Et non de les éclipser.
Carlos Santana, Jose Areas, Mike Carabello, David Brown, Gregg Rolie and Michael Shrieve.
Bien que possédant un joli grain de voix, il a toujours préféré laisser le micro a des chanteurs plus aguerris. Quant au solo de guitare, il n’a rien de systématique chez ce soliste capable de laisser ses musiciens prendre la lumière, tandis qu’il troque sa guitare pour une baguette de chef d’orchestre. Une baguette avec des plumes et des petites cymbales pour un chef de tribu discret et bienveillant. Une baguette et une guitare dont Carlos Santana va tirer des merveilles tout au long des années 70.
Depuis quelques années maintenant, l’artiste Polymorphe Chris Anderson, auteur de « Ma TARANTINO HEPTALOGIE– (Hexadécologie en additionnant toutes les éditions disponibles) donnant des suites à plusieurs films cultes de Quentin Tarantino, comme avec Revenge où il redonnait vie à plusieurs personnages des films « Reservoir Dogs et Pulp Fiction » sous forme de crossover, avec « Mike Cascadeur et Serial Killer » en sortant Stuntman Mike de son coma dans lequel est était plongé à la fin du film « Death Proof », poursuivi par le rêve ultime de tous les fans de Tarantino, où il racontait enfin, ce que le réalisateur, lui-même, n’avait jamais réussi à faire, la vie des frères Vega dans « The Vega Brothers ».
Il enchainait avec « Mad in Hollywood » arrivant à la fin du film « Once Upon a Time in Hollywood », lors de la rencontre entre Sharon Tate et Rick Dalton, pour terminer avec « KIII – 討ち取る » et « KIII – PART II -もう一度殺す » livré en deux volumes, expliquant la suite de KILL BILL de façon hallucinante !
Une Fin D’ENFER
Mais ses Serial Lectrices et Hannibal Lecteurs Tarantophiles en voulaient encore ! Eh bien voilà, il débarque aujourd’hui directement dans le Top 5 – une autre de ses spécialités- des nouveaux livres les plus vendus sur Amazon dans la catégorie « Tueurs en série » une nouvelle et septième fois, mais pour la première fois, avec une nouvelle, -donc forcément plus courte qu’habituellement-, riche en rebondissement, caméos (sa référence) et cliffhanger final de dingue ! avec le livre « Une Fin d’Enfer » nous laissant avec la petite Kate seule abandonnée par Seth Gecko à la fin du film « Une Nuit en Enfer », devant le cultissime bar, le Titty Twister.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire, nous vous laissons donc le plaisir de découvrir ses livres sur ce site en cliquant son nom dans la barre de recherche ou directement par-ici pour accéder à sa bibliographie. Bonne lecture à tous !
Le roman noir vous cause ?
Le récit d’anticipation vous fait de l’oeil ?
Ce bouquin est pour vous.
Année 2048.
Après la terrible troisième guerre mondiale du début des années 2030, les états ont décidé de régler leurs différents sur un autre terrain. La technologie aidant, la guerre a muté en une sorte de conflit permanent où les belligérants se foutent allègrement sur la tronche sous l’oeil des caméras. Spectacle retransmis à une population mondiale qui se régale de cette boucherie surmédiatisée. Et, comme toute télé-réalité qui se respecte, la Guerre Nouvelle, c’est son nom, a généré une flopée de soldats superstars. Les plus adulés et les plus payés étant évidemment ceux qui s’appliquent à mettre le plus de zèle au grand équarrissage en direct. Le public jubile, les sponsors exultent, les gouvernants délèguent. Tout le monde il est content dans le meilleur des mondes.
Mais, et c’est la loi impitoyable…
… des jeux du cirque, il en faut toujours plus pour satisfaire le gore appétit du voyeur sur canapé, rivé à son murécran (C’est comme ça qu’on appelle les téloches en 2048). Les organisateurs, toujours bien avisés, ont appelé la chimie à la rescousse. Résultat : le micron noir. Une dope hypertonique décuplant les forces et annihilant la peur, qui renvoie les amphétamines au rang de vulgaire vitamine C. Un cacheton ou deux et voilà nos valeureux combattants transformés en tueurs des abattoirs, débitant l’ennemi en tranche tel le charcutier sa couenne.
Mais… Encore mais, et c’est la loi impitoyable…
… de la célébrité, il en faut toujours plus. Plus de fric, plus de bimbos, plus de bagnoles dernier cri, plus de substances diverses pour s’exploser le neurone, plus de tout pour faire court. Alors Gros Luc craque et passe la ligne (C’est le cas de le dire…). Gros Luc c’est LA star. Le soldat le plus barge, le plus violent, le plus en vue, dorloté par les médias. Gros Luc c’est aussi une montagne de muscle pas très fute-fute. Et ça ne loupe pas. Notre Goliath à la cervelle de piaf va s’engouffrer dans un traficotage de micron noir qu’il espère juteux.
Dérapage annoncé.
Car en face ça ne rigole pas. Résultat des courses, le balourd, qui a voulu jouer au plus finaud, va presto se retrouver en cavale avec à ses trousses, tenez vous bien, La Famille, un des plus redoutables gangs mafieux de la planète, Nathan Elmar, un officier catho facho totalement allumé et Victoire, une jeune rouquine idéaliste experte en pilotage de drones. Et comme Gros Luc est d’un naturel partageur, il ne manque pas d’embarquer dans ce joyeux merdier son meilleur ami, soldat comme lui dans cette guerre spectacle et narrateur de l’histoire.
Illustration inspirée par Victoire, personnage de « Micron noir » – Dessin : Poup
Michel Douard nous délivre ici…
… un mélange détonnant de thriller noir et de récit d’anticipation.
Thriller pour le suspense qui s’installe dès les premières pages et ne lâche pas l’affaire jusqu’au dénouement. Noir pour la description d’une société dystopique en phase terminale de déshumanisation. Le récit d’anticipation, quant à lui, trouve ses marques dans la mise en scène d’une technologie oppressante où les drones omniprésents vous collent aux basques dans un monde dévasté par le réchauffement climatique.
L’écriture, elle, s’adapte impeccablement à ce style d’histoire. Nerveuse, fluide, avec un sens affûté de la réplique qui tue.
Extrait :
Jello fonce vers un petit secrétaire en métal,
mais la voix de Nathan est un fouet. — Si tu fais encore un geste, je te coupe en deux. Jello se fige. La pâleur de son visage fait maintenant ressortir davantage les plaques verdâtres qui couvrent ses joues, son crâne, son buste. Le patron tremble. — Tes seins, Jello, on dirait de la gelée, se moque Lucas Almeida en retirant le Daewoo de l’étui de l’agent de sécurité inanimé. C’est bon ça, hein Nathan ? Jello, gelée. Hein ? Jello, gelée. — J’en ai une autre, lui dit Nathan. Les initiales de War Club, c’est WC. Et ça tombe bien parce qu’on risque d’y foutre une sacrée merde. — Vous êtes les acheteurs des microns, hein ? C’est ça ? réalise Jello.
……………………………………………..
— Je peux m’habiller ?
— Non. Tu vas te débrouiller comme tu veux, voir avec Gros Luc ou non, mais tu as quarante-huit heures pour ramener la dope ou l’argent. Je veux obtenir satisfaction avant le coup de sirène de la rencontre avec la Grande Russie . — J’ai déjà entendu ça ce matin, geint Jello. Et je t’assure que les vendeurs me font encore plus peur que vous. — Sans blague ? Nathan se tourne vers Lucas Almeida. — Tu entends ça sergent ? Il y a des mecs qui font encore plus peur que nous. Lucas Almeida feint l’étonnement en se grattant la tempe avec le canon du Daewoo.
— Tu sais, Jello, reprend Nathan,
je pourrais demander à Lucas de te tourmenter un peu pour te convaincre de notre suprématie en matière de peur. Mais pour impressionner mes partenaires, je n’utilise les méthodes médiévales qu’en cas d’extrême nécessité. Nathan Elmar sort une petite boîte de métal de son pantalon de treillis. Il l’ouvre et présente un micron noir entre son pouce et son index. —J’ai cru comprendre que tu appréciais un peu de drogue de temps à autre, n’est-ce pas Jello ? Je t’en offre quatre comme celui-là. Tu vas les prendre tous les quatre, devant moi. Et dans quarante-huit heures, je reviens t’en faire gober le double si je n’ai pas obtenu mon dû.
— Putain !
Jello plaque les mains contre ses tempes. — Fais pas ça ! Comment veux-tu que je trouve une solution dans cet état-là ? — Au contraire, ça va te rendre créatif, crois moi. À moins que tu ne sois sujet à la paranoïa… — Les microns, c’est une belle idée, apprécie Lucas, admiratif. C’est pas le genre de sentence : « tu vas chier par où t’as péché » ?
Alors ?
Prêt pour une petite virée vertigineuse dans un futur somme toute et, hélas, crédible ?
Ok. Juste un petit conseil avant de grimper dans la machine temporelle : gober un petit micron noir, vous en aurez peut-être bien besoin…
Né en 1961, Michel Douard vit et travaille à Tours comme rédacteur freelance. Également auteur, il publie son premier roman, « Chinese Strike », en 2013. Son style navigue entre polar, roman noir et dystopie où pointe souvent un humour corrosif.
Il est également chanteur dans le groupe de Rock Les Parpaings.
Micron Noir
Michel Douard
240 pages
La Manufacture de livres
2015
Les frères Marcos plus connus sous le nom de The Twin Souls sont de retour avec leur nouveau single « SCHYZO » complètement déjanté et frénétique. Le clip réalisé par Mikaël Torren met en scène les 2 frangins dans une chambre d’hôpital délabrée qui montre le mauvais coté de leur complémentarité qui pourrait les pousser à la folie et se confondre eux-mêmes.
TWIN SOULS NOUVEAU CLIP
Ce nouveau titre des Twin Souls est le premier single de leur tant attendu premier album qui verra le jour cette année.
En attendant, les 2 frangins donneront quelques concerts en France avant la rentrée 2025 et pourront peut-être tester sur vous de nouveaux morceaux en live.
THE TWIN SOULS ON TOUR
Pour vous procurer l’album collection Family & Friends réunissant les 2 premiers ep’s remasterisés du duo originaire de Toulouse avec 4 titres inédits, ça se passe sur Bandcamp.
Retrouvez « SCHYZO » sur vos plateformes de streaming ici.
La carrière de Val Kilmer commence dans les vapeurs de rock and roll. Top Secret !, le troisième long métrage des ZAZ (Jerry Zucker, Jim Abrahams et David Zucker), après Hamburger Film Sandwich et Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?, met en scène Val Kilmer dans les « blue suede shoes » (pas sûr qu’elles soient bleues mais la formule était trop efficace pour s’en priver non?) d’une gloire du rock à la Elvis Presley. Nick Rivers, c’est son nom, s’improvise ici espion au cœur d’une histoire qui convoque les codes chers à Ian Fleming, le paternel de ce bon vieux James Bond.
Dans cette comédie absolument hilarante, Kilmer chante et danse. Les numéros musicaux qu’il livre s’inspirant donc de ceux du King de Graceland, même si la musique, quant à elle, lorgne volontiers du côté d’un rock disons plus « contemporain », avec de belles références à la surf music et notamment aux plus fiers représentants du genre, j’ai nommé les Beach Boys des frères Wilson.
Dans Top Secret !, Val Kilmer, qui n’avait donc rien tourné avant, démontre qu’il sait chanter. Un showman à l’américaine ayant pleinement mis à contribution son apprentissage du métier pour à la fois maîtriser l’art complexe de l’acting mais aussi travailler ses cordes vocales et assimiler les rudiments sophistiqués de la danse.
Val Kilmer et le rock and roll
Né en 1959, Val Kilmer n’a pas pleinement vécu l’âge d’or d’Elvis. Il a en revanche été bercé aux chansons des Beatles, comme il l’expliquait un jour en interview sur la radio KCRW : « je suis né le dernier jour des années 50. Des années marquantes dans l’histoire du rock, qui pour moi, ont été cruciales ». Kilmer en ayant profité pour parler des Beatles et plus particulièrement d’Eleanor Rigby, qui a toujours eu sa préférence : cette chanson ne dure pas longtemps. Le début est explosif. Il y a ici quelque chose… Une énergie qui est propre au rock and roll et qui, enfant, m’a immédiatement captivé. » Kilmer était un enfant du rock et ses choix de carrière nous l’ont régulièrement rappelé pendant les décennies qui ont suivi ses débuts dans la peau de ce tordant ersatz d’Elvis Presley dans Top Secret !.
Parallel Lines
La filmographie de Val Kilmer est marquée par plusieurs parallèles très intéressants. Surtout d’un point de vue musical.
True Romance, le film culte écrit par Quentin Tarantino et réalisé par Tony Scott en 1993, voit Kilmer apparaître au générique sous le nom « le mentor ». En réalité, ce mentor n’est autre qu’Elvis. Oui, encore lui. Ou plutôt Elvis tel qu’il vit dans l’esprit tempétueux de Clarence, le personnage joué par Christian Slater. Si ce mentor intervient plusieurs fois dans le film, une scène reste marquante : alors qu’il tente de remettre de l’ordre dans ses idées, dans les toilettes d’un dealer-proxénète avec lequel il doit traiter pour offrir à sa bien-aimée sa liberté, Clarence discute avec Elvis. Fan du King depuis toujours, Clarence est face au miroir. Elvis, lui, fait les cent pas derrière lui, vêtu d’un spectaculaire costume doré.
On l’entend mais on ne voit pas son visage. Pas clairement en tout cas. Elvis conseille à Clarence de tuer le sale type et de se barrer, avant de lancer de manière laconique : « Clarence… j’taime bien. Depuis toujours… et pour toujours. » La messe est dite. Le King a parlé !
Val et le King
Quand il accepte d’apparaître à visage « couvert » dans True Romance, Val Kilmer est déjà une star. Il a déjà tourné Top Gun, Willow, The Doors et Cœur de tonnerre et demeure l’un des talents les plus prometteurs d’Hollywood, au même titre que Tom Cruise et quelques autres élus. Pourtant, dans True Romance, même si Kilmer a toujours eu la réputation de se trimballer un ego XXL, son visage est caché. Il est fuyant. Avec classe et dévouement, Val Kilmer fait à nouveau référence au King du rock and roll, fredonne de sa voix grave, énonce ses vérités et s’évapore après avoir esquissé l’un des mouvements signatures de l’enfant prodige de Tupelo…
Val Morrison
L’actrice Jennifer Tilly est revenue sur sa première rencontre avec Val Kilmer sur Instagram, mardi 2 avril 2025, quelques heures après l’annonce du décès de l’acteur :
« Il y a longtemps, j’ai auditionné pour le film The Doors. C’était une sorte de corvée. Les producteurs ont associés des Jim potentiels à des Pamela (Courson) potentielles. Ils avaient pris pas mal de retard et nous attendions donc sous un porche, sur la pelouse ou dans l’allée. Soudain, une voiture décapotable des années 60 est arrivée en faisant crisser ses pneus, la musique des Doors à plein volume. Un type en est sorti et est entré dans le bâtiment. Il avait les cheveux en bataille, était pieds nus, torse nu. À vrai dire, il ne portait qu’un pantalon moulant en cuir. On s’est tous regardés en se demandant qui était ce type ? Nous étions plus qu’ébranlés par l’audace de son arrivée. Bien sûr, il s’agissait de Val Kilmer et à partir de ce moment-là, plus personne n’avait la moindre chance. »
Dans la peau du lézard
Pour se préparer au rôle du Roi Lézard, Kilmer écoute inlassablement la musique des Doors. Il lit assidûment la poésie de Jim Morrison également et écrit de sa main les poèmes de ce dernier pour pleinement s’approprier sa façon de penser. Val Kilmer n’a pas étudié à l’Actors Studio, mais ses méthodes sont similaires. Quand il entre en communion avec un personnage, il ne fait pas les choses à moitié.
À l’époque, plusieurs acteurs ont été envisagés pour le rôle de Jim. Johnny Depp, Tom Cruise, John Travolta, Richard Gere et même Bono de U2 et Michael Hutchence, qui, il est vrai, a toujours entretenu la ressemblance. Oliver Stone, le réalisateur en charge du projet, veut quant à lui tourner avec Ian Astbury, le leader du groupe The Cult.
Sur le principe, Astbury est d’accord mais il finit par tourner le dos au film après avoir lu le scénario, peu convaincu par la façon dont Morrison y est représenté. Fait amusant : Astbury se retrouvera des années plus tard au micro, au sein du projet emmené par Robby Krieger et Ray Manzarek, The Doors of the 2st Century.
À la recherche du nouveau Jim
Devant le refus d’Astbury, Oliver Stone repense à Val Kilmer, qu’il avait aussi en tête après l’avoir vu briller de mille feux dans Willow. Avant son audition, Kilmer fait parvenir à Stone une vidéo dans laquelle il chante lui-même des chansons des Doors. On raconte que même les membres survivants du groupe, tous associés au film, ont alors eu du mal à faire la différence entre la voix de Kilmer et celle de leur regretté front man.
À l’écran, comme prévu, Val Kilmer fait des merveilles. Il chante comme Morrison, bouge comme lui et lui ressemble de manière frappante. Sa performance, puissante et pertinente, est surtout extrêmement troublante. Y compris pour celles et ceux qui ont connu Jim Morrison.
Un biopic contesté
À sa sortie, de nombreuses voix s’élèvent pour louer le jeu de Val Kilmer. Certains le voient déjà remporter l’Oscar du meilleur acteur. Une récompense à laquelle il ne sera même pas nominé. Nicolas Cage, qui a pris la parole pour rendre hommage à son ami, n’a pas hésité encore aujourd’hui à rappeler à quel point ce manque de reconnaissance fut injuste.
Le film en revanche, est critiqué. Notamment en raison des libertés prises par Oliver Stone. Néanmoins, tout le monde s’accorde à dire que Kilmer fait un parfait Jim Morrison. Totalement habité par le rôle, le comédien y fera d’ailleurs par la suite plusieurs fois référence, de manière indirecte. Car comme le King, mais avec encore plus de force, Morisson a bel et bien hanté la filmographie de Val Kilmer.
Val et le Zim
Val Kilmer croise la route de Bob Dylan sur un plateau de cinéma en 2003, sous la direction de Larry Charles, dans Masked and Anonymous. C’est le Zim lui-même qui a demandé à Kilmer de jouer dans ce film. Un film dans lequel il ressort en quelque sorte son costume du Roi Lézard au détour de quelques scènes forcement marquantes.
Si le rapport entre Morrison et son personnage, un certain Animal Wrangler, n’est jamais développé dans le film, la ressemblance est évidente. À tel point que pour ses admirateurs, Kilmer, sans aller jusqu’à voler la vedette à Dylan, ne se gène pas pour faire de l’ombre à toutes les autres stars du casting, parmi lesquelles Jeff Bridges, John Goodman, Jessica Lange, Angela Bassett ou encore Ed Harris et Bruce Dern.
Il n’est pas non plus déraisonnable de penser à son interprétation dans le film The Doors, à la vue de son long-métrage suivant, le scandaleux Wonderland, dans lequel Kilmer joue la star du porno au destin tragique John C. Holmes. Holmes ayant aussi inspiré Paul Thomas Anderson pour le personnage principal de Boogie Nights, interprété par Mark Wahlberg.
Ultime hommage
Enfin, en 2017, Val Kilmer, alors quelque peu habitué aux DTV sans trop de saveurs, est appelé sur le plateau de Song to Song du prodige Terrence Malick afin de prêter ses traits à une autre star de la musique, fictive cette fois-ci, qui évoque elle aussi Jim Morrison par son comportement extravagant et outrancier.
Le dernier clin d’œil (volontaire ou non) fait à l’acteur. Song to Song est d’ailleurs le dernier film dans lequel il apparaît en forme. Les suivants, peu nombreux, ayant été tournés après ou pendant son combat contre la maladie, qui l’a privé de sa voix si caractéristique…
Music Man
Val Kilmer a donc joué Elvis et Jim Morrison dans des films qui restent parmi les meilleurs de sa riche filmographie. La musique, plus généralement, a toujours fait partie de sa vie. À l’écran comme en dehors. Plusieurs rôles l’ont rapproché de cette passion. On peut notamment citer Salton Sea, dans lequel il campe un joueur de trompette et bien sûr ses apparitions dans deux clips du groupe Tenacious D, pour les chansons To Be The Best et Roadie.
Parfois, même quand la musique, n’était pas au second plan, Kilmer s’arrangeait pour jouer comme une rock star. Comme dans Tombstone par exemple, où son Doc Holliday, bien que diminué par la tuberculose, possède indéniablement le charisme d’une authentique star de la scène…
Terminons cet hommage en rappelant que Val Kilmer a aussi sorti un album en collaboration avec Mick Rossi, lui aussi acteur. Intitulé Sessions with Mick, le disque en question est sorti en 2007. Fort de sept chansons co-écrites par Kilmer, il exprime sans détour la passion pour celui qui, toute sa vie, s’est laissé consumer par ses amours… et ses démons. Comme Jim Morrison dont l’épitaphe, inscrite en grec sur sa tombe parisienne, résume de manière concise et puissamment pertinente son existence : « Fidèle à son propre démon ».
Ce soir du 10 Octobre 1978, il y a environ 3000 gusses et quelques nanas rassemblés dans le hangar de la Foire Internationale de Lille. On est là pour l’un des plus grands guitaristes du Rock, c’est sûr : Rory Gallagher !
Rory Gallagher à Lille le 10 Octobre 1978 (Photos de la page Facebook Rory Gallagher)
Le gars à la Stratocaster usée, on l’a découvert tardivement dans l’émission Follies du regretté Gilles Verlant sur la télé belge. Son aisance en électrique comme en acoustique nous a subjugués, au point de nous faire croire que c’était facile… Et cette voix, chaude, qui chante si bien le Blues !
RORY GALLAGHER Irish Blues par Neville Rowley (Le mot et le reste)
En ouverture (sic), le Rory a choisi… Penetration, un nouveau groupe punk avec une chanteuse, Pauline Murray. Son chant et son attitude s’avèrent très marquées par Patti Smith. Mais ses incantations ne remportent pas un franc succès dans la foule. Après des huées, exit Penetration ! Dommage ?
Penetration – Future Daze Live (1979)
Puis notre bonhomme arrive, veste en jean crème, bien sûr chemise à carreaux… Plus la fameuse Stratocaster ! Cette fois, Ted McKenna assure la batterie et l’incontournable Gerry McAvoy la basse. Très vite, le trio dégaine des titres des derniers albums Calling Card (1976) et Photo Finish le tout nouveau. Le son est très bon. Rory Gallagher rayonne. L’Irlandais impressionne par son jeu mélodique, énergique et virtuose.
Rory Gallagher – Do You Read Me Live (1979)
Après cette séquence très voltaïque, le chanteur / guitariste offre un set acoustique sur six cordes ou mandoline, entraînant les Lillois à taper des mains et guincher sur Goin To My Hometown, comme dans un pub géant du côté de Cork !
Rory Gallagher – Goin To My Hometown Live At Lille (10 Octobre 1978)
Avec la dernière partie, Gallagher et ses deux complices embarquent toute la salle dans leur cercle d’énergie, entre Blues et Hard Rock avant un ultime rappel, inattendu et généreux, alors que toute la salle a été rallumée pour la sortie ! Mémorable !
Rory Gallagher – Shadowplay Live At Montreux (1979)
Dans son livre, Neville Rowley propose une exploration de l’univers de Rory Gallagher en douze chansons, douze étapes tel le Blues pour dessiner le portrait de l’artiste et de l’homme. Cette démarche originale permet, grâce à l’analyse des textes, de cerner ses influences, ses talents – en tant que chanteur / guitariste mais aussi auteur / compositeur -, son humanité et pourtant aussi sa solitude. Car, depuis les débuts en Irlande puis la formation de Taste, et son parcours en solo, jusqu’à la fin trop précoce, derrière les concerts flamboyants et les disques attachants, il y a aussi les papillons noirs et l’alcoolisme qui lui seront fatals.
Rory Gallagher – Ghost Blues – Fresh Evidence (1990)
Neville Rowley évoque ainsi la descente aux enfers du Guitar Hero : le Blues n’est-il pas la musique du Diable ? Après les brillances de la décennie 70, pendant les années 80 s’accumulent les amours malheureuses, les dépendances, la dépression, les concerts annulés, reportés, les malaises sur scène, le désintérêt de la presse et du grand public. Le fringant Gallagher vieillit mal, délaisse les chemises à carreaux pour le Noir et lâche même sa Stratocaster. Il semble parfois déjà ailleurs tandis que les disques se font rares, seulement trois albums studios en une décennie. Sur scène, le meilleur côtoie le pire… Jusqu’aux journées tragiques de 1995 que l’auteur raconte avec pudeur et émotion. Encore une fois chez Le Mot et le reste, un ouvrage indispensable !
Rory Gallagher – A Million Miles Away / Irish Tour ’74 (1974)
Bruno Polaroïd / Illustration par POUP
Rory Gallagher – Irish Blues par Neville Rowley – Le mot et le reste – 160 pages – 17 Euros – Disponible depuis le 21 Mars 2025.