Amedeo Modigliani ou l’art de la modernité
Modigliani (1884 – 1920), est un grand portraitiste du XXème siècle. Il est l’un des artistes les plus cotés sur le marché de l’art.
Au début, Amedeo Modigliani se passionne pour la sculpture, un art qu’il doit abandonner pour préserver sa santé.
Il fascine le public avec ses portraits de femmes surprenants et peu ressemblants aux modèles; visage oblong, les yeux en amandes, posture figée, qui rappellent les masques primitifs.
«Ce que je cherche n’est pas le réel et non l’irréel, mais plutôt l’inconscient, le mystère de l’instinct dans la race humaine.»
Les débuts de Modigliani
Un voyage de convalescence le conduit en Italie en 1901. Il y découvre les impressionnistes, les expressionnistes et les sécessionnistes, comme Gustav Klimt, J.M. Olbrich où M. Liebermann.
Il fait des copies dans les musées lors d’un séjour à Rome. L’année suivante il s’inscrit à l’Institut des Beaux-Arts de Florence où il étudie Carpaccio, Bellini…
Ses rencontres et ses influences
Son souhait d’aller à Paris se réalise en janvier 1906. Il y rencontre Pablo Picasso, André Derain, Guillaume Apollinaire, Diego Rivera dont il fera le portrait.
Diego Rivera 1914
Jusqu’en 1914 il se consacre à la sculpture tout en continuant la peinture. Sa rencontre avec le sculpteur Constantin Brancusi influence l’ensemble de son œuvre.
Modigliani confère une grande admiration à Paul Cézanne. Il lui emprunte la construction par masses chromatiques, une technique qui sait donner les volumes par la couleur. Le peintre se lie d’amitié avec les artistes du groupe de l’école de Paris où il croise Marc Chagall.
En 1916 sa rencontre avec le poète, marchant d’art et ami Léopold Zborowski et la poétesse Béatrice Hastings est décisive. Ils encouragent Modigliani à se remettre exclusivement à la peinture.
Léopold Zborowski
Béatrice Hastings
Le scandale des Nus
Modigliani commence une série de nus en 1917. Zborowski organise une exposition qui défraie la chronique. Le vernissage est interrompu par la police, les tableaux de nus sont considérés comme outrageux… les toiles sont décrochées. L’exposition continue, mais sans succès.
Modigliani le portraitiste
Modigliani est un dessinateur hors normes, son trait est dirigé par son idéal de beauté, et exprime sensualité et intensité. C’est aussi le peintre du paradoxe où tourment et sérénité s’opposent dans ses portraits.
Jeanne Hébuterne rencontre Amedeo Modigliani à Paris où elle prend des cours de peinture à l’école des Arts décoratifs.
La jeune fille de bonne famille est séduite par ce peintre à la vie de bohème où se mêlent drogue et alcool. C’est le coup de foudre entre les deux artistes. Jeanne s’installe avec Modigliani dans un atelier de Montparnasse. Elle devient son modèle favori, « sa muse. »
La muse de Modigliani
Jeanne Hébuterne se distingue par sa beauté, Modigliani aime peindre ce regard clair qui fascine et séduit.
Jeanne aux épaules nues 1919
Mais leur passion est tumultueuse et la santé du peintre atteint de pleurésie depuis son enfance se dégrade. C’est une méningite qui l’emporte le 24 janvier 1920 à l’âge de trente-six ans.
Jeanne Hébuterne est désespérée et se jette par la fenêtre deux jours plus tard.
Portrait de Lunia CZECHOWSKA (1917)
Une longue amitié s’installe entre le peintre et Lunia Czechowska qui devient un de ses modèles. Comme dans ses autres portraits nous retrouvons le même visage longiligne et le regard perdu ; le fond sombre et nuancé s’oppose au blanc de la blouse du modèle.
Portrait de Dedie Hayden
Les traits sont fins et précisément dessinés. Une grande délicatesse se dégage de cette toile.
Le fond vert du tableau fait rayonner le teint rose pourpre de la jeune femme.
La femme aux yeux bleus 1918
Un portrait élégant, empreint de tendresse; sans doute inspiré par les peintures de la Renaissance avec ses couleurs délicates de bleu et d’ocre.
Le fond du tableau, peint avec des petites touches de couleurs, rappelle la technique de Cézanne que Modigliani admirait tout particulièrement. Cette toile affirme son grand talent de portraitiste.
Autoportrait 1919
Seul autoportrait connu de l’artiste peint un an avant sa mort. Le visage rappelle les masques africains tant admirés par Modigliani.
Modigliani s’est imposé avec un style très personnel, où se croisent les tendances de l’art moderne et les arts primitifs. L’artiste se révèle comme étant un immense portraitiste aux formes singulières.
Sa pratique de la sculpture a fortement influencé le peintre dans sa manière de traiter les volumes.
Sa mère, qui tenait un journal, écrit en 1895 au sujet de son fils :
«Ses manières sont celles d’un enfant gâté qui ne manque pas d’intelligence. Nous verrons plus tard ce qu’il y a dans cette chrysalide, peut-être un artiste ?»
Une méningite tuberculeuse emporte Amedeo Modigliani le 24 janvier 1920.
Nic Blanchard-Thibault
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