Une plongée dans l’univers de Picasso, ses influences, ses émotions.
Dans ses œuvres, Pablo Picasso peint ce qu’il voit. Ses tableaux sont le fruit de recherches et d’expériences. Un découpage chronologique nous permet de visiter différentes étapes de son œuvre.
Pour le maître : « Ce qui compte, c’est la spontanéité, l’impulsion. Voilà la vérité vraie. Ce que je souhaite c’est que de mon tableau se dégage uniquement de l’émotion.»
“La période bleue”, Picasso exprime ses angoisses dans ses œuvres.
Dans son œuvre l’artiste peint la détresse humaine. L’utilisation du bleu monochrome, couleur froide, accentue la solitude des personnages. Le désenchantement émane de cette période.
Pour Picasso « Ce qui nous intéresse, c’est l’inquiétude de Cézanne, ce sont les tourments de Van Gogh, c’est-à-dire le drame de l’homme ».
Femme assise au fichu 1902
Une femme repliée sur elle-même, le regard perdu. Comment ne pas penser à l’univers d’Edward Hopper où la tristesse et la mélancolie dominent.
La période rose :
Le peintre s’installe à Paris ; il rencontre Fernande Olivier et devient l’ami de Guillaume Apollinaire. Son atmosphère s’éclaircit. L’artiste s’éloigne de ses influences espagnoles, les teintes chaudes ont pris le pas sur les bleus dans les œuvres de Picasso.
Cette période est caractérisée par la représentation de personnages théâtraux. Le peintre s’inspire des saltimbanques, des arlequins, des déracinés… Mais l’inquiétude est toujours présente.
Famille d’acrobates avec un singe 1905
Un tableau de tradition classique. Les tons pastel conduisent à l’apaisement. Le personnage masculin est en costume d’arlequin ; il pose un regard attentif sur la mère et l’enfant. De la tendresse se dégage de cette œuvre.
Les arts premiers influencent les œuvres de Picasso :
Picasso découvre l’art primitif en 1906 ; il observe longuement les masques Fang au musée du Trocadéro. C’est à cette période qu’il peint Les Demoiselles d’Avignon.
Les Demoiselles d’Avignon 1907
La toile représente cinq nus féminins, où il s’oppose au chromatisme élégant de l’impressionnisme, et à la couleur agressive du fauvisme. On retrouve l’influence des arts premiers, les visages rappellent les masques africains. Il faut noter la déformation et le morcellement des figures.
Un tableau très décrié tant par le public que par les amis du peintre qui restent dubitatifs devant cet art nouveau: la naissance du cubisme.
L’une des premières œuvres de Picasso qui marque le cubisme
En 1907, Apollinaire présente Braque à Picasso. Les deux hommes travaillent alors en duo. Leur recherche repose sur l’abstraction, la géométrisation des formes, l’invention des papiers collés. Ce qu’on appelera le cubisme analytique.
Ce mouvement est une révolution, l’un des plus influents du XXème siècle.
Nature morte à la chaise cannée 1912
Premier collage de l’histoire de l’art. Un morceau de toile cirée collée sur la toile imite le cannage. La peinture recouvre partiellement cette pièce collée.
L’innovation dans les œuvres de Picasso est d’une part l’introduction d’un élément extérieur étranger. Nous sommes entre le trompe-l’œil et la figuration picturale cubiste. Aragon décrit le tableau comme «un acte capital de la peinture moderne».
D’autre part remarquons les initiales JOU, qui révèlent la présence d’un journal.
Picasso a conservé ce tableau dans son atelier, par conséquent il fut longtemps méconnu ; le peintre l’expose pour la première fois à New-York en 1939, puis a Paris en 1955.
Une œuvre d’art engagée !
Guernica 1937
Un tableau incontournable, parmi les œuvres de Picasso. Il n’appartient pas au mouvement cubiste proprement dit, néanmoins on y retrouve une géométrisation des figures.
C’est une fresque qui dénonce la guerre civile et le bombardement de la petite ville de Guernica qui suscita à Picasso une vive émotion. Plus qu’un simple tableau, c’est un engagement par l’art.
Une toile en noir et blanc avec un cheval agonisant qui domine un belligérant blessé. A gauche le mythique taureau, qui symbolise la force. Les têtes sont béantes et tragiques.
Une œuvre figurative et empreinte d’une immense douleur.
Le Bonus : un tableau peu connu du maître :
Les paysans 1906
Ce tableau est conservé à la Fondation Barnes. C’est une composition monumentale. Parmi les œuvres de Picasso, il est le moins connu des grands tableaux.
Les jeunes gens ont une attitude dynamique ; les animaux sont dans l’action.
En arrière-plan les montagnes en ocre et les blés dorés offrent une palette de couleurs chaudes qui caressent le regard.
La corbeille de fleurs nous offre une belle variété chromatique.
On trouve ici les caractéristiques des œuvres de Greco, notamment en ce qui concerne les proportions des personnages, ainsi que par les drapés des vêtements.
Picasso a observé, et a été influencé par un grand nombre de maîtres anciens.
«C’est en se rendant familières les inventions des autres qu’on apprend, dans l’art, à s’inventer soi-même» disait Ingres.
Nic Blanchard-Thibault
(Picasso en cinq tableaux)