Nicolas de Staël, une œuvre intense et mystérieuse

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Musée d’art moderne de Paris

Nicolas de Staël est au Musée d’art moderne de Paris pour une vaste rétrospective. C’est une visite au cœur de collections particulières ; 200 œuvres de ce peintre de génie sont mises à l’honneur.
Cet exilé russe au destin tragique suscite la fascination.
Les commissaires Charlotte Barat-Mabille et Pierre Wat nous apportent des précisions :

« La postérité fait de Nicolas de Staël, disparu à l’âge de 41 ans, une sorte de figure héroïque. Très tôt s’est imposée à nous l’idée qu’il était possible, et qu’il serait salutaire, de le rendre à la seule chose qui comptait à ses yeux : son travail lorsqu’il peignait, dessinait ou gravait.»

Cette exposition nous fait découvrir le grand dessinateur qu’était Nicolas de Staël ; un nombre important de dessins et d’esquisses ont été sélectionnés.

L’histoire de Nicolas de Staël

Portrait de Nicolas de Staël par Denise Colomb,

Nicolas de Staël est né à Saint-Pétersbourg le 5 janvier 1914. Il est contraint à l’exil par La Révolution Bolchévique. Devenu orphelin en 1919, il vit chez ses tuteurs à Bruxelles ; il y découvre la peinture abstraite à L’École des beaux-arts. Cependant il cultive une véritable passion pour les grands peintres tels Cézanne et aussi Braque. Nicolas de Staël voyage avant de s’installer à Paris avec sa compagne Jeannine Guillou ; c’est une période de travail effréné et créatif.

« Je peins le plus souvent sans concept, sans écriture conceptuelle. Je ne peux avancer que d’accident en accident. » déclare-t-il.

Après un court passage dans la Légion étrangère il s’installe à Nice jusqu’à l’Occupation ; là il rejoint Paris où la galeriste Jeanne Bucher l’expose.
Staël se distingue avec un style bien personnel, il joue avec les camaïeux.
Les critiques commencent à s’intéresser à ce peintre solitaire et ses œuvres se vendent régulièrement.

Rencontre avec Paul Rosenberg

En mars 1952, Nicolas de Staël prépare son exposition à New York à la Knoedler Gallery. Le succès est au rendez-vous au niveau critique et commercial. Il signe un contrat au mois de juin avec le galeriste Paul Rosenberg ; ce dernier lui demande de produire davantage de tableaux afin de satisfaire les collectionneurs américains.

Le marchand d’art Jacques Dubourg

L’exposition chez Paul Rosenberg en février 1954 est un grand succès. Le peintre prépare une nouvelle exposition à Paris, au mois de juin chez Jacques Dubourg qui est devenu un soutien indéfectible de Staël.
Le 16 mars 1955 Nicolas de Staël se jette du toit-terrasse de son atelier, il laisse de nombreux tableaux inachevés. Il a écrit dans une lettre à l’intention de Jacques Dubourg: « Je n’ai pas la force de parachever mes tableaux.»

Les œuvres de Nicolas de Staël

Composition grise 1949

Composition
Composition grise

Une réalisation qui peut faire penser à un vitrail ou une mosaïque, les tesselles forment un doux camaïeu.

Grande composition bleue 1950-51

Nicolas de Staël
Grande composition bleue

Le travail de Nicolas de Staël s’avère plus compact dans ce tableau, nous voyons apparaître des masses plus amples.
Les contours délimitent les touches de couleur. « Je manie le couteau et la brosse de plein fouet » précise le peintre.
Pour Nicolas de Staël, bien qu’abstraites ses toiles sont des « images de vie », ses masses colorées génèrent des vibrations.

Staël déclare en1951 : «L’individu que je suis est fait de toutes les impressions reçues du monde extérieur depuis et avant ma naissance… Les choses communiquent constamment avec l’artiste pendant qu’il peint, c’est tout ce que j’en sais.»

Fugue 1951-52

Fugue
Fugue

Nicolas de Staël fuit les formes condensées au profit des formes fragmentées, telle une mosaïque constituée de tesselles colorées. C’est un retour vers le figuratif. Les références du monde extérieur émergent plus précisément dans l’œuvre de Staël ; il écrit à René Char, son ami, « Tu m’as fait retrouver d’emblée la passion que j’avais, enfant, pour les grands ciels, les feuilles en automne et toute la nostalgie d’un langage direct.»

Paysage1952

Nicolas de Staël
Paysage

En 1952 Nicolas de Staël quitte son atelier, travaille en plein air, peint des paysages. Il réalise plus de deux cents tableaux dans diverses régions de France.
Il navigue entre la lumière fulgurante du sud et les nuances subtiles de la Normandie.

Le Parc des Princes 1952

Parc des princes
Parc des Princes

Le spectacle du monde fascine Nicolas de Staël ; pour le spectateur passionné de concert ou de match de football tout est prétexte pour jouer avec le mouvement et les couleurs.

«L’individu que je suis est fait de toutes les impressions reçues du monde extérieur depuis et avant ma naissance… Les choses communiquent constamment avec l’artiste pendant qu’il peint, c’est tout ce que j’en sais.» écrit Staël en 1951.

Arbre rouge 1953

Arbre rouge de Staël
Arbre rouge

Le sud et la lumière captive Nicolas de Staël ; la Provence est :

«Le paradis, tout simplement, avec des horizons sans limites »

Le peintre revient aux petits formats, il réalise ses paysages avec un nouveau regard inspiré par la lumière éblouissante du Sud. Sur ses tableaux nous voyons apparaitre des cyprès alignés, des champs ou la façade d’une maison. L’Arbre rouge est une explosion de couleur.

Femme assise 1953

Femme assisse
Femme assise

Le peintre s’installe près d’Avignon sur les conseils de René Char. « Tous les départs sont merveilleux pour le travail » écrit Nicolas de Staël en 1953. La lumière éclatante de la Provence subjugue le peintre ; Et puis c’est la rencontre avec Jeanne Polge. A René Char Staël écrit : « Quelle fille, la terre en tremble d’émoi, quelle cadence unique dans l’ordre souverain. Là-haut au cabanon chaque mouvement de pierre, chaque brin d’herbe vacillait […] à son pas. Quel lieu, quelle fille. » Une liaison passionnelle se tisse entre eux.

Agrigente 1954

Agrigente
Agrigente

Dans ce tableau les couleurs flamboyantes représentent les paysages de Sicile. Période où Nicolas de Staël peu connu en France rencontre un grand succès à New York.

Marseille 1954

Marseille de Nicolas de Staël
Marseille

Nicolas de Staël peint la Provence, c’est la nouvelle source d’inspiration pour l’artiste, de juillet 1953 à octobre 1954.

Sicile 1954

Sicile
Sicile

Nicolas de Staël fait un voyage en Italie durant l’été 1953 ; il réalise une série de tableaux dont « Sicile ». C’est un paysage ardent, les couleurs jaunes et orangés posées en aplat se rencontrent pour marquer le point de fuite. Le vert du ciel s’oppose au bleu profond de la mer et au jaune.

Marine la nuit 1954

Marine la nuit
Marine la nuit

En 1954, Nicolas de Staël s’installe à Antibes pour se rapprocher de Jeanne Polge ; cette dernière prend ses distances et le peintre se plonge avec acharnement dans son travail. «Les tableaux foncent, il faudra bien leur donner tout ce que j’ai, le reste m’est odieux à présent.» écrit Staël. Il cherche maintenant la fluidité dans ces réalisations, il étale la couleur avec des tampons de coton. Il alterne entre marines et natures mortes. L’amour impossible avec Jeanne Polge désespère l’homme. Il s’investit totalement dans la peinture où il témoigne de son émerveillement devant le monde.

Pour Fabrice Hergott, directeur du Musée d’art moderne de Paris
« Ce sont des œuvres joyeuses réalisées par une personnalité torturée. Une œuvre d’ampleur, personnelle et intense qui ne ressemble à aucune autre.»

Nic Blanchard-Thibault

Exposition au Musée d’art moderne de Paris jusqu’au 21 janvier 2024.

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