Il était une fois Jimi Hendrix, l’ascension d’un virtuose

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Evoquer la jeunesse de Jimi Hendrix sonne comme une évidence compte tenu de sa mort précoce, à l’âge de 27 ans. Néanmoins, je vais m’efforcer d’apporter un semblant de réponse à une question que tout le monde se pose…

Comment un jeune homme issu des minorités a pu atteindre, à une époque où les discriminations faisaient rage, un tel degré de créativité et de sophistication ?

Jimi Hendrix – All along the Watchtower

De John Allen à James Marshall…

La réponse se trouve peut être dans son lieu de naissance. En effet, Seattle et Jimi Hendrix constituent sans doute les plus belles preuves de ce que peut produire la mixité raciale.
Il naît John Allen Hendrix le 27 novembre 1942 à Seattle ( Washington Extr. N.O) d’un père métisse et natif du Canada, et d’une mère d’origine Cherokee . A l’époque, Seattle est célèbre pour ses usines Boeing et sa société cosmopolite. Aujourd’hui, pour avoir vu naître Bill Gates, ou le groupe Nirvana.

Al et Lucille

Al Hendrix, danseur de jazz et boxeur occasionnel, rencontre Lucille Jeter alors âgée de 16 ans sur une piste de danse, à l’occasion d’un concert de Fats Waller. Ils se marient très rapidement, devant l’urgence de deux échéances, Lucille est enceinte et Al doit être mobilisé en Alabama. Ce dernier ne voit pas grandir l’enfant durant ses trois premières années d’existence.

Photo Famille Hendrix
Al Hendrix et John Allen ( Jimi)

Mais Lucille est bien trop jeune et instable pour assurer le rôle de mère. A son retour, en 1945, Al constate que son épouse a sombré dans l’alcool et qu’elle s’est entichée d’un certain John Williams, qui la frappe régulièrement. Après une courte séparation, le couple finit par se réconcilier. C’est à ce moment là que Al décide de faire rebaptiser l’enfant « James » au lieu de « John ». Il prétend ne pas avoir été consulté à sa naissance. En réalité le prénom de « John » lui rappelle trop l’amant de sa femme…

La famille s’agrandit

C’est sans doute la période la plus heureuse de l’enfance de Jimi Hendrix. Avec la naissance du petit Leon, Al consent à cumuler plusieurs emplois et la petite famille peut ainsi acquérir un modeste logis. Jimi récolte des résultats plutôt médiocre à l’école, et tente de s’initier à la musique par le biais de l’harmonica, ou du piano, mais sans beaucoup de réussite. Malheureusement, Lucille retombe très vite dans ses travers, rentrant ivre de ses virées nocturnes, et souvent accompagnée… Al Hendrix décide de rompre définitivement. Elle ne tarde pas à être admise en hôpital psychiatrique comme c’est souvent le cas à cette époque pour les personnes victimes d’une addiction. Rancunier, Al interdit aux enfants d’aller lui rendre visite.

Photo famille Hendrix
Lucille Hendrix ( née Jeter) et le petit John Allen.

La Science-Fiction comme refuge

Au début des années 50, un de ses rares plaisirs est se rendre au cinéma le week-end avec son père, quand les moyens de ce dernier le lui permettent. Jimi assiste à des films de science fiction comme Flash Gordon ou Le Jour où la Terre s’arrêta. Il est également fasciné par les balbutiements de la conquête spatiale. Pour cet enfant qui vit la tête dans les étoiles, ce sont les prémices de ce qui deviendra une de ses principales sources d’inspiration. Comme dans 1983 (a merman I should turn to be), qui brille par sa modernité, et où Jimi se rêve nageant au fond des océans, entouré de créatures atlantes. Valleys of Neptune donne également un bel aperçu de son étonnante imagination…

Jimi Hendrix – Valleys of Neptune

Football et mixité raciale

Jimi Hendrix est décrit par ses professeurs et son entourage comme un enfant très introverti et taciturne. Il décide alors de se construire un monde parallèle où il peut fuir les colères de son père et les promesses non tenues de sa mère. Ce rêveur est fasciné par les avions, ce qui le poussera plus tard à s’engager comme parachutiste. A l’école, se montrant peu intéressé, il n’obtient de résultats qu’en sport. Jimi aime le football américain. Il en gardera d’ailleurs de beaux souvenirs :

“ Dans l’équipe, il y avait des Chinois, Japonais, Portoricains, Philippins, et pourtant on gagnait toujours.”

Une culture indienne

Sa scolarité est mise à mal par les fréquents déménagements dus aux changements de poste de son père. N’ayant pas les moyens d’assumer la charge de ses deux fils, Al Hendrix décide de placer le jeune Léon, tandis que Jimi est souvent confié à sa grand-mère, Nora, vivant près de Vancouver. Le soir, celle-ci lui raconte les légendes de son peuple Cherokee. Captivé par ces récits, Jimi va jusqu’à oser porter une tunique indienne pour se rendre à l’école. Un genre de poncho coloré, muni de franges et ne passant pas inaperçu. Lorsqu’il retourne à Seattle, malgré les moqueries de ses camarades, il refuse de s’en séparer. Il montrera le même attachement à ses premiers instruments…

Le décès de sa mère, et la naissance d’une muse

Le décès de sa mère est un événement marquant. Il va devenir le détonateur de sa vocation, ainsi qu’une grande source d’inspiration. Jimi n’a alors que 15 ans et se voit interdire par Al d’assister aux funérailles. Il aura bien du mal à pardonner à son père…
Par la suite, le fantôme de sa mère planera sur son oeuvre comme aucune autre femme. Souvent représentée dans ses textes comme un ange bienveillant et consolateur…

Jimi Hendrix – Little Wing

Du balais…

C’est à ce moment là que miné par le chagrin, il trouve un refuge salutaire dans la musique. Elle lui rappelle les soirées heureuses de son enfance, lorsqu’il regardait ses parents danser sur des airs de Duke Ellington et Count Basie. Séduit par le style d’Elvis Presley qu’il entend à la radio, Jimi se met à mimer le King avec le balais de son père. Quand Al Hendrix demande à son fils de nettoyer sa chambre, systématiquement, il retrouve Jimi affalé sur le lit, le sol toujours aussi poussiéreux, et couvert de petits bouts de paille, tombés sous les moulinets de l’apprenti guitariste…

Au ukulélé…

Cette manie tourne vite à l’obsession au point que Jimi se rend à l’école avec le balais en bandoulière… Ce qui ne manque pas d’éveiller l’attention d’une assistante sociale. Ayant connaissance des faibles moyens de la famille et du décès de Lucille, elle essaie même de convaincre le chef d’établissement de lui fournir une vraie guitare, mais en vain. Jimi décide de se confectionner une guitare de fortune avec une boîte à cigares, un bout de bois et un élastique. Devant son obstination, Al se débrouille pour lui ramener un ukulélé. Même s’il ne possède qu’une seule corde, Jimi se rue littéralement sur l’instrument. Le thème du film Peter Gunn n’aura bientôt plus de secret pour lui…

Henry Mancini – Peter Gunn

Elvis et le virus du rock’n’roll

En 1957, Jimi se rend dans un stade de Seattle pour assister à un concert d’Elvis Presley. A son retour, fasciné par le déhanché du rocker et les parties rythmiques, il supplie son père de lui donner 5 dollars afin d’acheter une guitare folk d’occasion. Pour le pauvre homme, cela représente une somme. Se sentant sans doute coupable pour l’enterrement, et comprenant que Jimi est vraiment accro, il cède. Il tente bien de le forcer à jouer comme un droitier, mais devant l’aisance que démontre son fils ainé, il le laisse inverser les cordes.

Jimi devient alors un boulimique de musique. Il fait la connaissance d’un vieux guitariste de country-blues jouant dans sa rue. Il passe de longues heures à l’observer afin de reproduire ses gestes. Peu à peu, il apprend à faire corps avec son instrument, et découvre du même coup un excellent moyen de communiquer avec les autres…

Sa première guitare électrique

Pendant ce temps le rock’n’roll s’électrifie avec des artistes comme Chuck Berry et Buddy Holly. Jimi se prend alors à rêver d’une électrique. Un jour il démonte le transistor de son père pour tenter de le relier à sa caisse de guitare. Etonnement les mauvaises relations qu’il entretient avec lui, laissent place à des discussions ouvertes lorsqu’il s’agit de musique. Al Hendrix se souvient avoir eu le même rêve avant-guerre.

Et si renoncer à sa carrière de danseur l’a sans doute rendu aigri, il semble partager la passion de son fils et croire en son talent. Il l’a bien observé, Jimi fait preuve d’une concentration étonnante et d’une grande ténacité lorsqu’il s’agit de travailler sur son instrument. Al Hendrix se décide à lui payer sa première guitare électrique, et s’offre du même coup un saxophone. C’est avec son père que Jimi jouera son premier boeuf.

Muddy Waters et le blues sexuel

Têtant la radio, Jimi reproduit d’oreille des titres de Chuck Berry, Ray Charles, Buddy Holly ou Bo Diddley. La musique occupe toutes ses pensées. Il commence à dormir avec sa guitare et se découvre une prédilection pour le blues. Passant et repassant des disques de Elmore James et T-Bone Walker, c’est en entendant Muddy Waters que Jimi a une véritable révélation…

Photo blues
Muddy Waters

“ La première fois que j’ai entendu Muddy, ça m’a fichu les jetons”.

Les sujets abordés et sa manière de faire couiner son instrument en tirant sur les cordes font de Muddy Waters un performer très apprécié de la gente féminine. Une forte intensité sexuelle se dégage de ses oeuvres. Un aspect que l’on retrouvera dans les oeuvres à venir du guitar-hero…

Jimi Hendrix – Mannish Boy

Fuite en avant

Il écume les clubs de Seattle ( comme le Spanish Castle) où il se produit avec son premier groupe les Rocking Kings. Ces derniers décrochent un prix et un manager, pourtant, le succès tarde à se manifester. Dans le même temps Jimi essaie de travailler aux côtés de son père dans le jardinage. Mais son génie créatif est déjà en route. Jimi finit par manquer d’assiduité. S’en suit une violente dispute avec son père, qui l’incite à s’enfuir et devancer son appel. Il a tout juste 18 ans lorsqu’il se fait enrôler dans un régiment de parachutistes à Fort Rod en Californie.

Photo d'armée Jimi
Jimi Hendrix au régiment de parachitistes de Fort Rod

Départ pour l’armée

Là-bas, il fait la connaissance de Billy Cox avec qui il fonde les King Casuals ( bassiste figurant sur ses derniers albums), mais aussi l’expérience d’une vie en communauté où sa sensibilité dans un cadre viril est mise à rude épreuve. Il encaisse les moqueries lui reprochant de dormir blotti contre sa guitare, et une salle de musique étant mise à la disposition des soldats, en profite pour parfaire son apprentissage. Au bout de quelques mois, il se brise la cheville lors d’un nouveau saut en parachute…. Accident ou acte manqué, toujours est-il que Jimi en rajoute en simulant un mal de dos persistant. En mai 1962, il est finalement réformé.

Jimi Hendrix – Machine Gun

Nashville et l’apprentissage du sud

Il envisage d’abord d’aller retrouver sa compagne Betty Jean à Seattle, mais désireux de fêter la quille, dépense la quasi totalité de son solde en une soirée. Jimi décide finalement d’attendre son ami Billy Cox afin de reformer les King Casuals. A la sortie de ce dernier, il enrôle un saxophoniste et fonce à Nashville (Tennessee). A l’aube des sixties, la vie dans le sud pouvait s’avérer dangereuse pour un homme de couleur. Mais là encore, Jimi se nourrit de ce qu’il entend. Dans cette ville qui compte plus de guitares que de voitures, tout le monde est musicien. Jimi s’inspire des artifices locaux pour agrémenter son jeu de scène : guitare derrière la nuque, jeu avec les dents (Johnny Jenkins & Pinetoppers).

guitar licking
un des artifices d’Hendrix sur scène

L’ avangardiste incompris côtoie les plus grands

Celui qui se fait alors appelé Jimmy James, rencontre quelques difficultés à trouver un mentor qui le propulserait sur le devant de la scène. Sans doute parce que Jimi se soucie plus de pouvoir jouer sa musique, « faire son truc » comme il dit, que de réussir vraiment. Mais aussi, parce que son inventivité, son esprit d’avant-garde et sa technique exceptionnelle dérangent. Il est rejeté par des artistes prestigieux. Sam & Dave, Ike Turner, tous se plaignent de ses improvisations. Little Richard, lui, confesse avoir craint d’être éclipsé par son talent.

TV Jimi Hendrix ( Buddy & Stacy) Little Richard’s Royal Company

https://www.youtube.com/watch?v=wpl29xapwFU

Curtis Mayfield, une rencontre déterminante

D’abord très influencé par l’écoute des pionniers Robert Johnson et Elmore James, autodidacte, Jimi s’inspire ensuite beaucoup des bluesmen de Chicago, Howlin’ Wolf et Muddy Waters. Il finit de parfaire sa formation dans les clubs du sud des Etats-Unis, au contact de Jackie Wilson, Carla Thomas ou Wilson Pickett, ou encore au sein des Isley Brothers, ou des Impressions de Curtis Mayfield. Ce dernier influence considérablement son jeu de guitare, c’est de lui que Jimi tient son toucher groovy. Durant cette période, il engrange une foule d’informations qu’il mettra ensuite à profit sur ses premiers albums…

The Jimi Hendrix Experience – Have you ever been to ( Electric Ladyland)

New York et le Swinging London

Au début des années 60, la musique est encore très cloisonnée aux USA. Les Noirs écoutent du blues ou de la soul, les Blancs du folk et du rock’n’roll. Mais ayant grandi dans une ville à forte mixité raciale, et étant lui-même de sangs mêlés, Jimi n’a pas l’esprit communautariste. Il rêve d’inventer une musique universelle qui pousserait les gens à s’aimer les uns les autres. Dans une interview, il fait cette déclaration dont la candeur en dit long sur le personnage :

« Le jour où le pouvoir de l’amour vaincra l’amour du pouvoir, nous avancerons. »

Peinant à se faire une place dans le sud, il décide d’aller tenter sa chance dans la grosse pomme New-yorkaise. Malgré une progression vertigineuse, Jimi reste anonyme. C’est finalement l’Angleterre qui lui sourit. D’abord par le biais de Linda Keith, fiancé de Keith Richards. La jeune fille se rend chaque soir au Café Wha de Greenwich Village (New York) où Jimi se produit dans l’indifférence la plus totale. C’est elle qui le présente à Chas Chandler, ancien bassiste des Animals, en quête de talents. Effaré par son jeu de guitare, Chandler décide de l’emmener en Angleterre. Bien que réticent à quitter son pays, Jimi accepte à une seule condition : être présenté au Dieu de la guitare électrique Eric Clapton !

The Jimi Hendrix Experience – Killing Floor

The Jimi Hendrix Experience

Quand il débarque à l’aéroport en compagnie de son manager, Jimi porte avec lui tout ce qu’il possède. Un pantalon, deux chemises blanches, une brosse à dents, un pot de crème pour son acné, et sa Fender Stratocaster blanche. Le 1er Octobre 1966, il est enfin présenté à son idole Eric Clapton. En l’espace d’un morceau (Killing Floor de Howlin’ Wolf), Jimi terrasse l’éminent guitariste devant son public, au Regent Polytechnic de Londres. Les deux hommes seront amenés à nouveau à croiser le manche dans de meilleurs circonstances.

le divin gaucher et God
Jimi et Eric Clapton

Le nom de Jimi Hendrix est sur toutes les lèvres. Eric Clapton, John Lennon, Paul McCartney, Eric Burdon, Frank Zappa, tous louent son exceptionnel talent, comprenant que Jimi n’est pas seulement un grand musicien, mais un virtuose doublé d’un visionnaire repoussant constamment les limites de son instrument. Ses premières compositions ne feront que confirmer l’étendue de sa créativité…

The Jimi Hendrix Experience – Are You experienced ?

Chas Chandler fournit à Jimi ce qu’il demande, un bassiste et un batteur capables de le suivre. Noel Redding est un guitariste reconverti mais devant le phénomène il se dit prêt à tenter l’expérience (!). Quant à Mitch Mitchell, il est déjà considéré comme un des meilleurs percussionnistes de la scène anglaise.

Redding, Hendrix, Mitchell
The Jimi Hendrix Experience

Tournée en France et premier tube

C’est à ce moment qu’intervient notre Jojo national. En visite dans la capitale londonienne, Johnny Hallyday assiste à un concert du combo nouvellement nommé The Jimi Hendrix Experience. Très impressionné par le guitariste, il lui propose d’effectuer la première partie d’une tournée française. Chandler trouve l’idée plutôt bonne. Cela va permettre au trio de se roder avant leur tournée américaine. Pendant ce temps, sa reprise de Hey Joe (Billy Roberts) le propulse au sommet des Charts anglais…

The Jimi Hendrix Experience – Hey Joe

Révolution rock et célébrité

Ses premières compositions détonnent dans le paysage musical de l’époque. On considère souvent Purple Haze enregistré en 1966, comme le premier titre de hard-rock…

The Jimi Hendrix Experience – Purple Haze

En 1967, c’est dans son pays natal que Jimi fera sensation, d’abord avec la sortie de son premier album Are You experienced ?. Puis au Festival de Monterey (Californie), où il assoit définitivement sa renommée internationale. Une carrière qui prendra fin trois ans plus tard mais qui ne compte que des chefs d’oeuvres, Electric Ladyland, Axies Bold as Love, ou Band of Gypsys pour ne citer que ceux-là. Voilà pourquoi, il est souvent considéré comme un artiste majeur du 20ème siècle.

Un artiste unique

Jimi Hendrix était un adorateur de la guitare, à qui il fit littéralement bâtir un temple, les Studios Electric Ladyland, dans lesquels il explorait l’univers du son comme personne ne l’avait fait jusque là. Jimi était un sculpteur du son. Un des musiciens parmi les plus représentatifs du mélange de genre apparu durant les années 60. Par ses origines diverses, tout d’abord. Sa coupe afro, ses tenues hippies. Mais surtout par le biais de sa musique, où il fusionnait blues, funk, rock, mais aussi art et technologie. Il est sans doute le seul artiste pop à avoir exercé une telle influence sur le jazz (jazz fusion) Ainsi qu’un des rares ayant réussi l’exploit de séduire le milieu très fermé de la musique classique, son œuvre étant fréquemment reprise par des orchestres symphoniques.

« Crossroads dans l’ombre de Jimi Hendrix »

Extrait du roman Crossroads dans l’ombre de Jimi Hendrix paru aux éditions AO. Ou comment j’ai transposé sur un personnage ma fascination pour le divin gaucher, et tenté de le faire renaître au coeur d’une fiction.

crossoads jimi hendrix serge debono

« Quand j’ai découvert sa musique, j’avais 16 ans et ce fut une véritable révélation. J’ai bien failli mettre à la poubelle tous les disques et cassettes que je possédais, tant ils me semblaient dérisoires comparés à cet orfèvre flamboyant et inventif. Jimi le Vaudou m’avait envoûté pour mon plus grand plaisir. Son aisance, sa façon de jouer du feedback, son feeling incroyablement funky et ses solos dantesques. Cette voix mal assurée qui puisait à la fois dans les racines noires du blues originel et la souffrance amérindienne, se fondait dans une symphonie rock évoquant la liberté et les voyages vers d’autres dimensions. Hendrix c’était l’accès au rêve, une prise directe avec Dieu. »

Jimi Hendrix – Voodoo Child

Décès et rumeurs

Le 18 septembre 1970, le monde de la musique pleure la disparition de Jimi Hendrix retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel à Londres. Avis du légiste : étouffé par son vomi suite à une absorption importante de barbituriques et d’alcool. Un ancien assistant de Jimi accusait récemment le manager Mike Jeffery d’avoir forcé le guitar-hero à ingurgiter des cachets ce fameux soir… Pas si farfelu, si vous tenez compte du fait que les voies respiratoires de Jimi étaient tapissées de vin alors que les analyses de sang révélaient un taux d’alcool très minime. De plus, Jeffery était un escroc notoire ayant des appuis dans la Mafia, et au FBI. Enfin, le contrat qui le liait à son poulain aux mains d’or prenait fin en décembre, et Jimi n’avait aucune intention de le renouveler.

Malédiction du rock, justice divine, ou simplement le destin, Jeffery décède trois ans après Hendrix, dans une collision aérienne au dessus de Nantes…

Jimi Hendrix : Somewhere

« Je ne cherche pas à être le meilleur. La musique c’est ma religion. Mon plus grand souhait serait qu’elle soit écoutée aux quatre coins du monde. »

Voilà pourquoi je déplore que sa demi-soeur Janie Hendrix ait rendu ses oeuvres si confidentielles sur le web, même s’il faut lui reconnaître une chose, elle a remis de l’ordre dans les publications du divin, et redonner à son travail une certaine valeur.

Pour conclure, Jimi rêvait de voies lactées et d’autres galaxies, il faut lui souhaiter d’avoir trouvé un « ailleurs » à la mesure de son imaginaire, et de son talent. Quant à nous, il nous reste ses chefs d’oeuvres…

Serge Debono

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