EIFFEL – “Stupor machine”, en live et en studio
Te revoir (1)
Un premier tour en Eiffellie, publié sur Cultures Co le 15 juin de cette année, se terminait pas ces mots :
« Seule solution pour en apprendre d’avantage : retourner vivre Eiffel en concert. Étrangement, le tropisme généré par les albums vaut également pour le live, certes sous une forme moins virulente, un désir souterrain. Dix-huit ans plus tard, il est temps de … ‘Te revoir’ ».
La première visite a eu lieu en décembre 2001, à l’Elysée Montmartre.
Comme, à l’occasion de la sortie de ton nouvel album : « Stupor machine » (2019), tu entreprends une tournée de l’hexagone, le temps semble venu de … te revoir.
“Stupor machine”
Ce nouvel opus ne modifie pas fondamentalement le paysage musical d’Eiffel. Sous cette coupe de douilles rappelant « Eraserhead » (D. Lynch), Romain Humeau est aux commandes et ça s’entend. Qui écoute Eiffel depuis « Abricotine » (2001), reconnait les « tics » de composition du multi-instrumentiste. Ces suites d’accords qui intègrent des demi-tons, des mélodies qui émettent des fragrances majeures puis mineures le long d’une courbe ascendante. Acoustique/électrique, à tour de rôle, susurré-saturé. Ce qui change, ce sont les textes. Toujours travaillés au couteau, métaphoriques, poétiques, mais incluant d’avantage de sexe et de colère. « Ce ne sont pas les hommes qui changent, ce sont les temps … ».
EIFFEL – Big Data
Un album d’Eiffel ne s’aborde pas de front, il s’approche, s’enroule autour de vous telle une liane. S’il se révèle, ça n’est qu’au travers l’écoute répétée : « les » écoutes. « Stupor machine » ne fait pas exception à la règle.
Hôtel borgne
Te revoir (2)
Vendredi 22 novembre 2019, La Cave – Argenteuil. Eiffel live, voilà, nous y revenons.
Répondre à ce besoin inavoué, comme un réflexe pavlovien, à défaut de baver, anticiper la certitude de s’y sentir bien. Dans la salle, devant le groupe, « avec » le groupe. Parce que la réserve objectivée en 2001 disparaît, explose (!) ce vendredi. Romain Humeau communique, communément, sans faire la nique à qui ou quoi que ce soit, à personne. Chacune et chacun reçoit les sourires et les quelques mots distillés. Il trône avec les siens : Estelle Humeau, Nicolas Courret, Nicolas Bonnière, anarchiste. Sa bombe est sa musique.
EIFFEL – Cho cho (live 2019)
Outre liver « Stupor machine » (2019), le dernier né, Eiffel pioche dans toute sa discographie les bolides ou balades qu’il interprète avec panache, en toute sincérité. La saturation passe de cours relais à l’acoustique, cette voix unique et sans rayures liant les climats. Du tiroir d’« Abricotine » (2001) sortent « Inverse-moi » et le Vian « Je voudrais pas crever », du « Quart d’heure des ahuri » (2002) sont extraits « Tu vois loin », « T’as tout, tu profites de rien », « Il pleut des cordes » ainsi qu’une version titanesque de « Sombre » qui paraphe le concert.
Sombre (live 2019)
« A tout moment la rue », « Sous ton aile » et d’autres sont joués « A tout moment » (2009). Derniers en date : « Big data », « Cascade », « Chasse spleen », « N’aie rien à craindre », « Oui », « Cho cho » … jusqu’à la lie d’une proposition avoisinant les 2h15. Divine bouteille vidée cul sec, Eiffel 2019 se boit tel un Grand Cru.
A revivre, expressément.
Thierry Dauge
NB : Qui est le cinquième Eiffel sur scène ?
(Crédit photo : Emmanuel Bacquet – photo de front)