Tyrannosaurus Rex et Marc Bolan : in the beginning

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Du folk hippie venu d’Angleterre, au glam rock

C’est durant la fin des années 60, au sein d’un duo nommé Tyrannosaurus Rex (en toutes lettres), que Marc Bolan, gourou du Glam, fait ses premières armes en compagnie de Steve “Peregrin” Took.

Tyrannosaurus RexLaissez moi vous conter l’histoire d’un prince avec des étoiles dans les cheveux, et celle d’un alchimiste des percussions. Un garçon différent et en avance sur son temps, et l’autre en parfait accord avec son époque. Un compositeur avant gardiste, pionnier du look androgyne, et un artisan arrangeur et multi-instrumentiste.

Marc Bolan, né Marc Feld, voit le jour le 30 septembre 1947 à Londres, dans le quartier Stoke Newington. Quelques années plus tard, l’éclosion du rock’n’roll en fait un adepte précoce. Marc est alors fan de Gene Vincent et de Chuck Berry, et ne rêve que d’une chose, jouer de la guitare ! Il est exaucé à l’âge de 9 ans, et intègre dans la foulée un groupe de skiffle.

Tyrannosaurus Rex – One Inch Rock

Dès l’adolescence, il souhaite quitter l’école pour se consacrer à la musique. Ses parents sont d’accord s’il décroche un emploi. Ses traits fins et son physique gracieux lui permettent d’être engagé dans une agence de mannequins.

En 1966, Marc Feld zone régulièrement avec la crème branchée et underground de Londres. Mods et spécimens en tout genre peuplent son entourage. Dont un certain David Jones, qui prendra bientôt le pseudonyme de “Bowie”. Tous deux ont un véritable déclic quant à leur avenir, lorsqu’ils aperçoivent Pink Floyd sur scène. Le groupe n’en est qu’à ses balbutiements, mais son avant gardisme et ses shows psychés se déroulant dans une lumière colorée et tamisée produisent un effet saisissant sur Marc. Le charisme et la beauté elfique de Syd Barrett, plus encore.

Syd Barrett

Soucieux de se construire un personnage, Marc Feld devient “Marc Bolan”. Son pseudonyme est un clin d’oeil à son pote Bowie, et à son idole Bob Dylan.

En 1967, Marc Bolan se lance dans la composition. Au sein du groupe John’s Children, il écrit ce titre aux influences garages et psychédéliques. Desdemona ne connaît qu’un succès relatif…

John’s Children – Desdemona

Puis il s’en va former un groupe folk, Tyrannosaurus Rex. Une formation de rock psyché vite réduite à un duo acoustique avec Stephen Ross Porter (alias Steve “Peregrin” Took), recruté par le biais d’une annonce dans le journal.

Tyrannosaurus Rex

Ce dernier, natif de Eltham, est un hippie pur jus doublé d’un multi-instrumentiste de haut vol. Il pratique chant, batterie, percussions, guitare, basse et violoncelle, et quelques instruments exotiques (bongos) et insolites (pixiphone). Avec des sonorités très artisanales, il va fournir un décor chaleureux et dépaysant pour les textes et la voix de Bolan. Ainsi que sa science des arrangements.

Ces deux adeptes de Syd Barrett et Eddie Cochran, vont écrire à travers trois albums méconnus, les premières pages de l’histoire de T.Rex

Tyrannosaurus Rex – The Travelling Tragition

Si la simplicité est de mise, Marc Bolan et son acolyte n’ont pas choisi la facilité. Entre 1967 et 68, le folk disparaît progressivement aux Etats-Unis pour laisser place aux sonorités électriques du rock psyché. Seul l’Angleterre, qui revient à la source du blues, du folk et de la soul, offre une oreille attentive à Tyrannosaurus Rex.

Tyrannosaurus Rex – Trelawny Lawn

Il faut dire que le duo, en plus d’afficher un style troubadour novateur, propose une musique inventive et des compositions élégantes et très personnelles. L’étrange vibrato et la voix insolite de Bolan terminent de leur façonner un style reconnaissable.

Tyrannosaurus Rex – Iscariot

En puisant un peu d’onirisme et de culture celte dans l’univers de J.R.R Tolkien, et en déclinant l’œuvre barrée de Syd Barrett en mélodies aventureuses et accessibles, ils parviennent à séduire un public de fidèles aux abords de la capitale anglaise.

“Je crois que j’étais… dans une vie antérieure ou quelque chose du genre… la réincarnation d’une sorte de barde, parce que la plupart des choses sur lesquelles j’écris sont des descriptions d’endroits où je ne suis jamais allé.”

Marc Bolan

Loin de rivaliser avec les Beatles, ils commencent néanmoins à gagner en crédibilité et à se faire un nom, même si la complexité de ce dernier les dessert plus qu’elle ne les singularise. Car si le nom “Tyrannosaurus Rex” pose problème, quelle que soit la langue, que dire de leur titres d’albums…

Le premier : “My people were fair and had skies in their hair… but now they’re content to wear stars on their brows”, n’est rien de moins que la dernière phrase prononcée par Bolan sur le dernier titre de l’album. Le second, “Prophets, Seers & Sages, The Angels of the ages”, aussi joli soit-il, n’est pas plus aisé à retenir. Le troisième intitulé simplement “Unicorn”, monte comme par enchantement dans les charts anglais…

Tyrannosaurus Rex – The Misty Coast of Albany

Le groupe est soutenu par deux hommes de goût. Le premier est déjà célèbre en 1968. Il s’agit de John Peel, DJ et animateur de radio anglais. Il soutient le duo dans les chœurs, mais également en leur offrant de nombreuses diffusions sur les ondes.

Tyrannosaurus Rex
John Peel

Le second se nomme Tony Visconti, encore anonyme. Futur collaborateur de David Bowie, il apporte ses lumières en tant que producteur, arrangeur, et pianiste, sur les cinq premiers albums de T.Rex.

Tony Visconti & David Bowie

Pour les initiés, on retrouve d’ailleurs quelques similitudes avec l’album Space Oddity quant à la production des parties acoustiques…

Tyrannosaurus Rex – By The Light of a Magical Moon

Seulement le succès grandissant du duo attise les tensions. D’autant que chacun possède un mode vie bien à lui. Bolan mène une vie tranquille avec sa femme June Child, tandis que Took multiplie les experiences psychotropiques en compagnie de Syd Barrett, les membres des Pretty Things ou The Deviants.

Le chanteur tolère ses excès durant un temps, jusqu’à ce que Took, au moment du lancement d’une tournée aux USA, ne saborde un cocktail avec le magazine Rolling Stones en introduisant du LSD dans le punch. Marc Bolan décide alors de rompre son association avec Steve Peregrin Took, et fait appel à Mickey Finn, bassiste et percussionniste.

Son arrivée va inciter par la suite, le compositeur à renouer avec l’électricité de ses débuts. En attendant, le barde va chercher son inspiration dans les endroits les plus singuliers. Comme l’oreille d’un dragon…

Dragon Ear

En 1970, les disques de Tyrannosaurus Rex se vendent très bien au Royaume-Uni, mais faute de tube marquant, ils voient David Bowie prendre une longueur d’avance avec son titre Space Oddity. En voyant son compère décoller, Bolan réalise qu’il n’a pas mis tous les atouts de son côté. Cette obstination à vouloir rester dans une forme dépouillée et conceptuelle, l’empêche d’obtenir une plus grande reconnaissance.

Il se décide à transformer le Tyrannosaurus Rex en T.Rex, le groupe étant déjà surnommé ainsi par le public. Connecté aux nouvelles tendances, hard rock naissant, pop sucrée et rock sudiste, Bolan renoue également avec le blues et le rockabilly, et commence à ajouter boa et ornements à son look de frontman androgyne.

T. Rex – Jewel

Qu’il opte pour le folk, ou un son plus rock’n’roll, toute la grâce et la classe de Marc Bolan réside dans sa manière d’être un homme travesti. Ils portent robes, bijoux et maquillage avec un tel naturel que le public en arrive à le désexualiser, ou à le considérer comme un homme séduisant à travers sa part de féminité.

Tyrannosaurus Rex

A leurs yeux, il est une sorte d’extraterrestre. Un super-héros intergalactique du rock, un gourou du Glam. Excellent guitariste, Bolan joue de son charme angélique et de sa voix chevrotante. Il développe un show saisissant dont la provocation semble presque absente, tant il est dépourvu d’agressivité…

T. Rex – Root of Star

En 1971, les deux fers de lance du glam-rock que sont David Bowie et Marc Bolan, semblent enfin accéder à une reconnaissance médiatique. Leurs albums respectifs, The Man Who Sold the World et T.Rex publiés l’année précédente, ont recueilli quelques éloges, et leur public ne fait que croître.

Mais leur soif de reconnaissance n’est pas apaisée. En s’influençant mutuellement, les deux amis nourrissent leur musique de nouvelles références, music-hall anglais, rock garage et heavy metal. Résultat, David Bowie publie en décembre 1971, le chef d’oeuvre pop, Hunky Dory. Quant à Marc Bolan, trois mois plus tôt, il pose avec l’album Electric Warrior, rien de moins que les fondements du glam rock. Un album incontournable, qui va lui conférer durant un temps, le statut d’icône pop.

Mambo Sun

Hélas, Marc Bolan, 29 ans, voit sa carrière et son existence écourtée par un accident de voiture le 16 septembre 1977. Quant à Steve “Peregrin” Took, après son éviction du dinosaure carnivore, il s’en va fonder le groupe Pink Fairies avec Twink et Mick Farren, avant d’intégrer brièvement Shagrat. Il publie quelques albums solos, et rejoint le Gourou du Glam dans l’autre monde le 27 octobre 1980. Il avait 31 ans. Bien qu’il consommait de la morphine et des champignons hallucinogènes, il semblerait que sa mort soit due à un manque d’oxygène causé par une cerise marasquin.

Serge Debono

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