T.Rex : The Slider – Marc Bolan le mage glam

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«On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépends» Cette phrase de Mitterrand colle si bien à l’histoire de Marc Bolan. Histoire où, le plus souvent, le mythe côtoie la réalité.

Bolan n’a jamais été aussi adulé que quand il apparaissait dans son costume d’apollon glam, sa flamboyante beauté masquant sa véritable personnalité artistique. «Ride a white swan» est le titre qui le révéla au public, c’est aussi le signal de son déclin, le fardeau qui l’empêchera de monter vers les mêmes sommets que Dylan et Morrison.

T.Rex : The Slider

T-Rex Marc Bolan
T.Rex Marc Bolan

Si la «fausse biographie» In the east of our heads est aussi bonne, c’est parce qu’elle montre bien ce déchirement entre le besoin de reconnaissance et l’envie de construire une œuvre durable.

Je suis sérieux au sujet de la musique, mais je ne suis pas sérieux au sujet de la fantaisie. Ce n’est pas grave de passer à la télévision!” 

Voilà comment Bolan résumait cette schizophrénie commune à tout artiste, qui rejette la gloire alors qu’il vient de l’obtenir au terme d’années de combat.

C’est que le public eu vite fait de l’enfermer dans sa petite case de héros sulfureux, leader d’une génération de musiciens androgynes, et tisseur de mélodies légères. Les vieux, eux, reconnurent seulement dans ses riffs le lointain écho du rock le plus pur, celui de Cochran, qui fascine tant le jeune Bolan.

Rimbaud Rock

La musique, elle aussi, reflétait le personnage avec une fidélité touchante. La naïveté revigorante du blues y côtoyait le lyrisme grave inspiré par ses lectures des grands poètes anglais. Pygmalion autant que groupie, Tony Visconti n’a jamais caché son admiration pour ce jeune rêveur rock. Celui qui l’incita à quitter Bowie pour se consacrer entièrement à son nouveau protégé.

T.Rex

On le retrouvera aux manettes d’Electric Warrior(1971), sommet rock classieux, où celui qui n’était qu’un barde mystique donne ses lettres de noblesse à l’électricité. On regrettera encore que le public, acquis à un rock de plus en plus basique, retienne avant tout les riffs viscéraux de Jeepster et autres Get it on , plutôt que la poésie musicale de Mambo Sun et Life’s a Gaz.

T.Rex – Life’s a Gas

Plus encore que ce disque flamboyant, The Slider (1972) restera le plus grand chef d’œuvre de celui qui mixa fantastique et rock’n’roll avec bien plus d’énergie que les pompeux héros psychédéliques. L’électricité est ici célébrée avec force, les riffs marquant le rythme avec la précision d’un Chuck Berry glam.

Le Teddy Boy rêveur

Telegram Sam, Metal Guru, Rock On et autres Baby Boomerang représentent la face la plus primaire de Marc Bolan, c’est le défouloir du gamin qui a vu son avenir dans un riff Cochranien. Et puis le rocker ressort les violons, lançant ses histoires de Rabbit Fighter, Mystic Lady et autres récits fantasmagoriques sur une mélodie plus rêveuse, sa voix envoûtante soutenant cette poésie surréaliste.

On n’a pas encore trouvé meilleur résumé de sa musique que sur les vers envoûtants de Spaceball Ricochet:

«I’m just a man
I understand the wind
And all the things
That make the children cry
With my Les Paul
I know I’m small
But I enjoy living anyway
Book after book
I get hooked
Every time the writer
Talks me like a friend»

Voilà ce qu’est la prose de Marc Bolan. L’expression d’une certaine insouciance infantile, à l’époque où celle-ci n’était pas dénaturée par une culture moderne juste bonne à transformer l’homme en gamin capricieux.

C’est la poésie musicale de tout ceux qui vont vers l’âge adulte en freinant des quatre fers. Ceux qui cherchent une autre voie dans tout ce qui peut nourrir l’«east de leur tête». Cet imaginaire qu’il faut sans cesse défendre contre les assauts du réel.

Benjamin Bailleux

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