CANNED HEAT, le boogie band attachant qui prêchait le blues

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L’histoire de Bob Hite, Alan Wilson, et du blues revival…

Canned Heat

A l’origine, Canned Heat se forme au sein d’une communauté de collectionneurs de disques de blues. Ces derniers se réunissent dans la demeure du futur chanteur Bob Hite, dit The Bear. C’est ainsi qu’il rencontre Alan Wilson, qu’il surnomme The Owl (la chouette) à cause de sa mauvaise vue. Ce dernier, harmoniciste et jouant de la guitare slide, va devenir le principal créateur du groupe. Ils forment un jug band et sont rejoints par le guitariste Henry Vestine. Ce dernier s’est fait exclure des Mothers of Invention par Frank Zappa pour avoir fumé de la marijuana. Le groupe recrute Frank Cook, ancien batteur de Chet Baker, ainsi que le bassiste Larry Taylor.

Un groupe de hippies blues

Bien qu’étant très éloignés des stars californiennes de l’époque, et pratiquant un style blues-rock assez traditionnel, les membres de Canned Heat vont quand même réussir la prouesse de sortir deux tubes inoubliables. Des standards régulièrement utilisés pour illustrer cette période psychédélique dans des documentaires, ou au cinéma. Les incontournables On the Road Again et Going up the Country.

Le 17 juin, Canned Heat se produit sur la scène du Monterey Pop Festival. Ils interprètent Rollin and Tumblin’, une reprise de Muddy Waters. Très appréciés par le public, ils figurent également en bonne place dans le film de Donn Alan Pennebaker. Une arrestation à Denver pour possession de stupéfiants finira de les rendre populaires. Même si, pour payer leur caution, ils devront céder leurs droits au patron du label Liberty Records.

Canned Heat au festival de Monterey (1967)

Dans la foulée, au mois de juillet, ils enregistrent leur premier opus. Le nom “Canned Heat” est celui d’un combustible bon marché utilisé pour faire la cuisine. Produit hautement toxique, il était également consommé par des personnes nécessiteuses et atteintes d’alcoolisme durant les années 30. Canned Heat Blues est également un titre du bluesman Tommy Johnson. Le ton est donné, ce premier opus est une ode au blues, avec uniquement des standards revisités…

Canned Heat – Rollin’ and Tumblin’

Bullfrog Blues qui reste parfaitement dans le ton de l’album, est la seule et unique composition du groupe. Elle sera reprise plus tard par le guitar-héro irlandais, Rory Gallagher

Canned Heat – Bullfrog Blues

L’entame de ce disque de genre est jouée sur un tempo infernal. Des titres express s’enchaînent les uns après les autres, comme un train avalant les miles sans jamais faire de halte. Mais le bluesman finit lui aussi par aspirer au repos, une fois le diable envolé ( Evil is going on de Willie Dixon), dans un texaco du Mississippi, ou une auberge de Louisiane. C’est là que l’harmonica de Alan Wilson se met à miauler, et que le grain chaud de Bob Hite se fait suppliant…

Canned Heat – Going Down Slow

Après s’être offert une reprise de l’incontournable Catfish Blues (Robert Petway), Canned heat relance la locomotive avec une version vitaminée d’un titre co-écrit par les deux légendes, Robert Johnson et Elmore James.

Canned Heat – Dust my broom

Big Road Blues est un nouvel hommage à Tommy Johnson, « pactisé du crossroad », qui inspire le nom du groupe.

Henry Vestine

Sur le suivant, The Story of my Life, Henry Vestine est impressionnant d’aisance. Sa six cordes dégouline de blues…

Canned Heat – The Story of My Life

The Road Song et son tempo lancinant, sont inspirés de Smokestack Lightning de Howlin’ Wolf, elle même inspirée d’un titre de Floyd Jones, pionnier de la guitare électrique.

Canned Heat
Bob Hite

Une des pistes les plus débridées de ce premier album. Avec une interprétation particulièrement inspirée de Bob Hite

Canned Heat – The Road Song

L’album se conclut sur le titre Rich Woman, dans lequel Alan Wilson fait à nouveau étalage de ses immenses talents d’harmoniciste.

Canned Heat
Alan Wilson

Ces derniers lui vaudront les lauriers de Monsieur Muddy Waters en personne :

“Le meilleur harmoniciste de la planète !”

Rich Woman

Creusant ainsi dès 1967, le sillon du blues-rock, la carrière de Canned Heat est lancée. Elle va permettre à de nombreux groupes d’éclore, comme Taste, Creedence Clearwater Revival ou Ten Years After, et influencera les futurs albums des Doors (Morrison Hotel, L.A Woman).

Canned Heat

En janvier 1968, ils publient leur deuxième opus, Boogie with Canned Heat. Un album fait essentiellement de compositions, dans lequel on retrouve en figure de proue, l’impérissable On the Road again. Le single devient le titre de blues le plus vendu de tous les temps, et propulse le groupe dans une autre sphère…

On The Road Again

L’année suivante, l’album Living the Blues et son single Going the Country, les envoient directement à Woodstock. Ils débarquent pratiquement en vedette, devant 500 000 personnes en transe, pataugeant dans la boue au son du Boogie. Un titre immortalisé par D.A Pennebaker et Martin Scorsese dans le film du festival…

Going Up The Country

L’histoire aurait pu être belle pour Canned Heat, groupe humble, talentueux, dont le seul objectif était le trip blues. Malheureusement, Alan Wilson, compositeur et harmoniciste doué, à la voix identifiable entre mille, avait une drôle d’habitude… Ce militant écologiste, amoureux de la nature et des grands espaces, aimait s’endormir à la belle étoile après avoir pris du LSD…

Canned Heat

Le 3 septembre 1970, il est retrouvé sans vie, dans son sac de couchage, au milieu d’un champ de Topanga Canyon (Los Angeles). Comme Brian Jones un an auparavant, Janis Joplin , ainsi que Jimi Hendrix, qu’il précède de quelques semaines, Alan Wilson avait 27 ans.

Inconsolable, le chanteur Bob Hite emboîte le pas de son ami Jim Morrison, et écume les bars de Los Angeles. En juillet 1971, la disparition du roi Lézard ne fait qu’aggraver sa dépression. Il tente malgré tout de poursuivre l’aventure avec Canned Heat. Mais le 5 avril 1981, après un concert au Palomino de L.A, comme son pote Jim, il succombe à son premier fixe d’héroïne. Bob Hite avait 38 ans.

Serge Debono

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