Dans la Famille WILSON, on demande le JONATHAN !
DOUBLURE ET FUTURE STAR
Tournée US AND THEM, Juin 2018, concert de Villeneuve d’Ascq / Lille. Roger Waters présente ses musiciens, il se tourne vers le chanteur / guitariste qui a brillamment joué la doublure de son ennemi intime David Gilmour.
« Et maintenant, le hippie du groupe ! Il faut toujours avoir un hippie dans un groupe… Jonathan Wilson, chant et guitare ! » Sourires et applaudissements.
ROGER WATERS – Money Live (2018)
Effectivement, tout le monde a remarqué la superbe prestation du gars, assumant brillamment les parties vocales et guitaristiques (Pas toutes) du David. Certains et certaines surtout ont d’ailleurs noté son look très 70’s. Mais peu savent que le Jonathan a déjà sorti 3 albums en solo (4 en tout depuis.), dont l’un des grands disques de l’année 2018.
GOING TO CALIFORNIA
Né dans les années 70, en Caroline du Nord, le jeune Jonathan Wilson rejoint ensuite la Californie où il se fait vite repérer comme guitariste / multi-instrumentiste, producteur, mais aussi collectionneur de matériel Vintage, estampillé Golden Years (60 / 70…). Cette installation à Los Angeles, dans le mythique Laurel Canyon, s’avère fondamentale pour le développement de son univers musical.
Après un projet de groupe, Muscadine, dont le premier album sort en 1998, il se lance dans la production pour Roy Harper, Father John Misty, ou Bonnie Prince Billy...
Le gars commence à avoir un sacré carnet d’adresses, avec des potes qui vont régulièrement participer à ses projets en solo.
GENTLE SPIRIT (2011)
Ce premier volume a tout d’un voyage dans l’espace et le temps. Téléportation dans les années 70, du côté de LA ou San Francisco, en vaisseau psycho-folk. Les allusions musicales tombent comme des étoiles filantes, surtout du côté de la nébuleuse Crosby, Stills, Nash And Young et de la galaxie Pink Floyd.
JONATHAN WILSON – Natural Rhapsody
Superbes mélodies, arrangements classieux, interprétations au sommet, des parties de guitares acoustiques, électriques ou slide exemplaires, et une voix qui effectivement rappelle les douceurs feutrées d’un Gilmour ou d’un Harrison.
JONATHAN WILSON – Desert Raven
Cette passion de J. Wilson envers les années 70 va jusqu’à l’utilisation du matériel d’époque pour l’enregistrement et le mixage, magnétophones, bandes magnétiques et console à l’ancienne afin de retrouver le son analogique des grands disques qu’il vénère.
Visuellement, la pochette de Gentle Spirit évoque aussi les illustrations symboliques voire ésotériques des 33 tours de Musique Progressive, comme on disait au siècle dernier.
Peut-être peut-on objecter une durée un peu longue, et une atmosphère so cool trop cool, mais autant dire que ça dépend du trip de chacun…
Les compliments pleuvent pour ce premier essai, et Jonathan Wilson s’affirme déjà comme un des artistes ricains à suivre.
FANFARE (2013)
Le p’tit gars se fait bientôt adouber par ses idoles qui voient en lui sans doute un miroir de leur jeunesse et de leur création.
Ainsi en 2012, il sort un EP avec une magnifique reprise du Isn’t It A Pity de George Harrison, merveille mélancolique du monumental All Things Must Pass, avec aux chœurs un certain Graham Nash…
JONATHAN WILSON : Isn’t It A Pity (2012)
Le second album, Fanfare, paraît en 2013. Cette fois, Jonathan Wilson va plus loin encore en proposant un long périple kaléidoscopique d’une rare richesse. Arrangements complexes, surgissements d’influences et de styles parfois contradictoires entre les morceaux ou en leur sein même, instrumentations sans limites.
Pour Dear Friend par exemple, introduction en valse rétro, irruption soudaine d’un thème psyché avec guitares saturées, puis long break presque jazz-rock avec superbe solo de 6 cordes, et final avec reprise du thème psyché rock.
JONATHAN WILSON – Dear Friend
Le titre Love To Love évoque lui, plus simplement, un Bob Dylan poppy et charmeur.
JONATHAN WILSON – Love To love
Alors que la construction en 3 parties de Illumination a tout d’une pièce montée Prog, le premier cycle rappelant les groupes à guitares des 90’s, sous influence Neil Young bien sûr. Puis, séquence pinkfloydesque avec nappes d’orgue à la Rick Wright, voix trafiquée, et pour conclure riff sur rythme groovy.
JONATHAN WILSON – Illumination
Le gars sort aussi son fameux carnet d’adresse, histoire de jouer et jammer avec ses potes ou ses idoles. Apparaissent donc dans la Fanfare, David Crosby, Graham Nash, Jackson Brown, Patrick Sansone de Wilco ou Mike Campbell de Tom Petty & The Heartbreakers … Jaloux ? On vous comprend !
Quant à la pochette, elle reprend la main de Dieu de Michel Ange, en toute modestie… Marqué par la grâce le Jonathan ?
Ce deuxième double LP en vinyle rencontrera succès critique et accueil positif du public averti, ça donnera à Wilson l’occasion d’une tournée acoustique en Europe.
RARE BIRDS (2018)
Suit une période de productions et de participations, dont sa contribution à l’opus de Roger Waters, le pertinent Is This The Life We Really Want ? en 2016 / 2017, quand le Rog craque pour ses lignes de Fender tout en fuzz lui rappelant son frère ennemi Gilmour.
ROGER WATERS – Smell The Roses (2017)
Jonathan publie finalement en 2018 RARE BIRDS, son album le mieux construit, avec cette ouverture haute en couleurs…
JONATHAN WILSON – Trafalgar Square
Si les mélodies s’affichent encore travaillées, les arrangements complexes toujours présents, cèdent la place parfois à des développements moins éclatés.
On constate aussi un côté Années 80 dans certains extraits, complétant et élargissant encore l’imaginaire du gars.
JONATHAN WILSON – Over The Midnight
Et toujours de fantastiques parties de guitares comme le thème éponyme. Non, ce n’est pas votre enceinte qui sature…
JONATHAN WILSON – Rare Birds
Au générique cette fois de ce nouveau double, Lana Del Rey, Laraaji ou Father John Misty, et les deux chanteuses de Lucius, les choristes de rêve de Roger Waters.
JONATHAN WILSON – There’s A Light
La pochette, spectaculaire et gatefold en vinyle, complète idéalement ces 78 minutes par des chatoiements de bleus et d’argent.
La réception de ce disque aventureux s’avère enthousiaste, certains le citant comme le meilleur album de 2018.
A nouveau, Jonathan Wilson tournera par chez nous pour présenter ces derniers morceaux, soit avec son excellent groupe, soit en solitaire.
DIXIE BLUR (2020)
Enfin dernier tome, Dixie Blur, paru en 2020. Plus intimiste, beaucoup moins chamarré, il s’avance plus countrysant, à l’image du titre 69 Corvette.
JONATHAN WILSON – 69 Corvette
L’ensemble paraît trop sage par rapport au baroque de ses précédentes créations. Peut-être J.Wilson voulait-il se ressourcer avant de nouvelles aventures ? Cette démarche a quelque chose d’un hommage à son enfance, et aux musiques qu’il écoutait gamin.
Mais tout cela, joué et interprété de manière impeccable, semble trop convenu, même avec humour…
JONATHAN WILSON – In Heaven Making Love
Quelques pépites – marquées par le talent de songwriter du gars – illuminent quand même cette 4e collection, comme Korean Tea ou le très beau Pirate.
JONATHAN WILSON – Pirate
Soutenu néanmoins par la presse, l’album a déconcerté ses fans de la première heure. Et la pochette, au dessin équestre, se montre plus anecdotique.
Que nous prépare Jonathan Wilson ? Pas d’infos pour l’instant. Espérons une nouvelle expérience plutôt dans la lignée de Fanfare ou Rare Birds… En tout cas, il va participer à la tournée annoncée de Roger Waters, This Is Not A Drill 2022. Hippie un jour, hippie toujours, peut-être…
Bruno Polaroïd