London Calling, The CLASH : plus de 4 décennies et pas une ride

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London Calling : A Revolution Rock !

London Calling, master piece du groupe The CLASH est sorti le 14 décembre 1979 en Angleterre. A l’époque, le Clash a atteint un statut de noblesse qui le porte au rang des meilleurs groupes punk britanniques. Mais l’énergie qui en découle est visiblement sclérosante pour un groupe de plus en plus inspiré par le métissage musical.

Malgré les réticences de CBS Records, l’album sort en double, mais au prix d’un simple. Pas sans concession cependant, puisque le groupe accepte de s’asseoir sur une partie des royalties afin que le projet aboutisse.

london calling the clash paul simonon
Paul Simonon – Photo Pennie Smith

Un coup de pied dans la fourmilière de l’enfermement des genres.

Sur cet appel londonien, l’urgence est toujours de rigueur, dans la rage et la force de l’interprétation. Les textes sont  licencieux et politisés… Joe ne mâche pas ces mots :

«On faisait tout ce qu’on pouvait pour s’accrocher alors qu’on glissait de plus en plus vers le précipice. Il n’y avait personne pour nous aider».

Et même si une certaine littérature journalistique a parfois tenté de les faire passer pour d’incultes musiciens, il faut bien reconnaître que le Clash est à ce moment en constante évolution technique et artistique. London Calling est à ce titre, le résultat flagrant et bouleversant de ce mouvement perpétuel.

Ce qui est certain, c’est que les temps changent. Il y a alors un véritable désir de s’émanciper de la mouvance punk. La tournée au Us début 79 leur donne à ce titre de nouvelles idées. Le groupe est à cette époque bien meilleur qu’à ses débuts et on ressent clairement cette maîtrise sur le double album. La production permet un son de qualité, un son venu souvent d’une seule prise afin de capter une intensité maximum.

Un groupe encore soudé !

Joe a d’ailleurs souvent dit que l’ambiance était bonne jusqu’à London Calling. Le groupe est encore soudé. Joe observe tous les groupes des années punk disparaître chacun leur tour. Mais il tient fermement à la survie du Clash. Les problèmes d’égo et de drogues viendront après. Le groupe ne cachait pas son intention de s’imposer aux States et cet album permet à chacun de s’y retrouver. L’album fut d’ailleurs bien accueilli là- bas. En Europe aussi, même si les fans de la première heure le trouvent un peu trop policé.

Un disque qui s’ouvre sur la gifle magistrale de London Calling, chanson écrite par Joe Strummer et Mick Jones. La connotation politique est intense avec une allusion évidente à la radio résistante pendant la guerre.  Les paroles sont mordantes. Elles fustigent le thatchérisme et envoient aux limbes les vestiges du passé. Le texte pointe du doigt la situation politique et l’usage inquiétant du nucléaire. L’accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island (28 mars 1979) et les menaces d’inondations de Londres conduisant à la construction du barrage Thames Barrier inspireront le texte de Joe. Résistance à cette société anglaise qu’ils critiquent ouvertement… Strummer et sa bande parachèvent la chanson par un S.O.S en morse.

London Calling

Musicalement, malgré une énergie plus rock que punk, la tonalité de la bassline est largement reggae sur ce titre. Les lignes de Paul Simonon semblent inspirées du jeu de Leroy Sibbles (The Heptones). Les guitares de Mick Jones au mordant rock et la rythmique martiale de Topper Headon s’accordent à servir le phrasé rageur de Strummer.

Premières notes, premiers glissements sur le sillon et l’intention est donnée. London Calling est aussi … une Revolution Rock!

The Clash – Revolution Rock

(The Clash on Parole, groupe Facebook spécialisé. Pour un plus grand partage d’informations et de passion autour du groupe The Clash).

the Clash 1979

« Certains passages ne ressemblent à rien de ce qu’ils ont fait et pourtant, c’est l’album le plus profondément clashien de Clash à ce jour… Clash a vu le jeu des autres et abattu ses cartes sur la table : comme dirait Springsteen, ils ont dégainé une main que même la police ne peut pas battre et ils méritent de gagner leur partie » 

Charles Shaar Murray, NME, 15 décembre 1979

Il est aujourd’hui évident que ce disque étonnamment prolixe a sans doute contrarié une partie des aficionados de la première heure. La palette mélodique est considérable. Fini la castration musicale, place à l’ouverture vers une insolente fusion des genres. Du rock à l’énergie punk, du rockabilly au reggae, ska, dub, pop, rhythm and blues… The Clash ne manque pas d’audace. Jimmy Jazz, sous l’influence du batteur Topper Headon, nous entraîne sur un versant jazzy cadencé au son d’une rythmique flirtant courageusement avec l’ombre du Ska. L’histoire est digne d’une série noire et la thématique dénonce évidemment les violences policières.

Jimmy Jazz

Il faut dire également qu’il s’agit d’une période de transition. Le groupe a le moral en berne et ses finances sont au plus bas depuis la séparation coûteuse avec leur manager historique Bernie Rhodes. Son remplaçant, a dû trouver un local précipitamment dans un garage de Pimlico. Le groupe compose et répète pour ce nouvel album. Mais l’endroit aux dire de Strummer est plutôt sinistre, favorisant une ambiance de travail studieuse. Si bien qu’à l’entrée en studios, l’album semble réglé aux petits oignons.

Joe Strummer :

« Économiquement, nous étions vraiment à sec à l’époque. Ce disque aurait dû être notre dernier coup, peu importe qu’on ait eu l’énergie ou pas… ce qu’on avait. Je ne sais pas pourquoi, mais les soucis ont semblé nous détendre. Ce sentiment que rien n’avait plus d’importance, que ça passait ou ça cassait. Le désespoir, je le recommande. »

C’est à ce moment qu’intervient Guy Stevens, un producteur excentrique, et bien entamé par l’alcool et les drogues. Idée du groupe, à la stupeur de CBS… Le gaillard est connu pour faire voler les chaises et donner des directives farfelues. Mais Stevens malgré son humeur bipolaire est également connu pour ses compétences techniques et ses capacités à canaliser ses artistes. Sa folie décongestionne le groupe, qui retrouve sa rage originelle. Résultat, le double album est mis en boîte en quelques semaines, et c’est une véritable bombe à succès.

Joe Strummer racontera :

« On a vécu trois mois dans un trou à rat de Pimlico. On était mal: on avait plus de manager! Mais on a passé nos journées à écrire. Et finalement, on a sorti un album tellement nickel qu’on l’a enregistré en quelque chose comme trois semaines et deux jours. »

Un album à risque pour le Clash

Malgré une gestion des tournées assez catastrophique, (ils ne gagnaient pas grand chose) les concerts se succèdent mais le son commence à changer. Ils jouent moins vite et l’esprit punk-rock se dilue peu à peu, amorçant la transition vers l’album Sandinista. Au cours de la tournée européenne en 1980, les punks allemands iront jusqu’à saboter leur concert en volant les micros et en les traitant de vendus (à CBS et aux States).

Ce disque par la multitude de ses influences, est une véritable prise de risque pour The Clash. Transgresser l’étiquette Punk, en assumant cette diversité d’influences pouvait largement les conduire à leur perte. Pourtant, quarante ans après, London Calling s’inscrit toujours pour les fans comme une pierre angulaire de la carrière du groupe.

London Calling : pochette mythique !

Difficile de faire l’impasse sur la mythique pochette de London Calling. Photo réalisée par Pennie Smith lors du concert du 21 septembre 1979, sur la scène du Palladium de New York. On raconte qu’il y avait une certaine pression ce soir là. Le Palladium voit roder fréquemment Bruce Springsteen, Robert De Niro ou encore Andy Warhol. Ce soir là, Paul Simonon furieux de sa prestation explose sa Fender precision sur scène… Pennie est aux aguets. Elle immortalise l’instant.

the clash pochette london calling

Le graphisme de la pochette est un clin d’œil manifeste au premier album d’Elvis Presley, sorti en mars 1956. Clin d’œil aux racines américaines du rock, probablement… Il est également intéressant d’observer la déconstruction de l’analogie. Alors que le King semble faire corps avec son instrument, le serrant sur sa poitrine, la pochette du Clash montre Simonon en train d’exploser sa basse sur scène. Destruction, reconstruction, violence créatrice ou esprit punk … les interprétations sont nombreuses. Il en reste une pochette magnifique qui semble servir à merveille notre imaginaire.

Un double magistral

L’album quant à lui conserve une place de choix dans l’inconscient collectif rock. C’est un disque solaire, malgré la gravité des sujets, et conçut dans l’idée de rester accessible au plus grand nombre. Aussi osé qu’inspiré, il révèle une cohérence et un état d’esprit avant-gardiste audacieux, à l’image des précurseurs de la World Music.

Auguste Marshal et Eric Julien

Eric Julien est entre autres créateur et administrateur de l’excellent groupe Facebook The Clash on Parole

Plus de littérature sur The Clash :

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