Soulages exposé au Musée du Louvre
Pierre Soulages, fête ses 100 ans le 24 décembre 2019. Considéré comme étant le plus grand artiste français vivant, il fait l’objet d’une exposition hommage sur plus de 70 ans de création. Un événement exceptionnel pour un peintre vivant. Le musée du Louvre se consacre généralement aux artistes du passé. Seuls Pablo Picasso et Marc Chagall ont eu les honneurs du musée de leur vivant.
Conques, la révélation
Une visite à l’abbatiale romane de Conques, lors d’un voyage de classe, provoque un choc. Il a 12 ans et décide de devenir peintre.
«j’ai décidé que l’art serait la chose la plus importante de ma vie.»
La carrière de Pierre Soulages commence réellement en 1946 avec des œuvres abstraites. Il conjugue d’épaisses lignes verticales, horizontales ou obliques.
Il peint avec du brou de noix sur papier ou sur des verres cassés avec du goudron.
Brou de noix sur papier
Goudron sur verre de Pierre Soulages
Le goudron opaque s’oppose au transparent du verre, la lumière valorise leur différence.
Le peintre puise son inspiration dans l’art pariétal. Il sélectionne des couleurs sourdes en partant de l’ocre jusqu’au noir. Les rouges et les bruns sont plus intenses.
Pierre Soulages pratique également la gravure, il réalise des lithographies et des sérigraphies avec des couleurs plus vives.
Dans les années 1950-1970 le peintre joue avec des formes noires qui contrastent avec des fonds colorés.
La naissance de l’outrenoir de Pierre Soulages
Le peintre commence à mettre du noir sur ses toiles en 1979, c’est l’outrenoir, “un autre champ mental que le noir”.
Pierre Soulages nous explique que l’outrenoir est né alors qu’il était en train de «rater une toile. Un grand barbouillis noir». Malheureux, il est allé dormir. «Au réveil je suis allé voir la toile, racontait-il. J’ai vu que ce n’était plus le noir qui faisait vivre la toile mais le reflet de la lumière sur les surfaces noires. Sur les zones striées, la lumière vibrait, et sur les zones plates tout était calme.»
Définition de l’outrenoir par Soulages :
«Ce sont des différences de textures, lisses, fibreuses, calmes, tendues ou agitées qui, captant ou refusant la lumière, font naître les noirs gris ou les noirs profonds. Le reflet est pris en compte et devient partie intégrante de l’œuvre.»
Il travaille la matière avec une lame de cuir pour lisser. Ensuite il utilise des brosses ou un bâton pour creuser et faire surgir des reflets. Le noir devient brillant ou mate, la lumière anime le tableau.
Des sillons réalisés dans la matière génèrent des nuances sous l’action de la lumière.
Les vitraux de Conques
Les vitraux de l’abbatiale de Conques (1987-1994), l’une des œuvres les plus importantes de Pierre Soulages.
Il fait réaliser un verre sans couleur, il utilise la transparence pour varier l’intensité de la lumière selon l’heure de la journée. L’artiste joue sur le degré d’inclinaison des bandes parallèles et de mêmes largeurs. Cela donne des couleurs inattendues.
Soulages, le noir et la lumière.
L’exposition au Louvre
Outre la sélection soumise à l’artiste qui comprend une vingtaine de tableaux, Pierre Soulages a réalisé trois nouvelles œuvres, adaptées à l’espace du Louvre. Des tableaux de 3,90 m de haut qui évoquent les vitraux de l’abbatiale de Conques, réalisés par le peintre de 1984 à 1994.
«Ces peintures qu’on appelle noires ne sont pas noires, il y a des reflets sur le noir. Ce sont ces reflets qui constituent la peinture que je fais.»
expliquait l’artiste en 2014.
Les œuvres majeures de Pierre Soulages sont exposées au Musée du Louvre jusqu’au 9 mars 2020.
Nic Blanchard-Thibault