Open Vinyles – 1985, AO-Hair Metal

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Open Vinyles – AO-Hair Metal

Open Vinyles

Après quelques voyages sous des climats agités – nous y reviendrons – quittons ces tornades chargées en testostérone pour des vents moins forts, de plus tendres alizés. Ne confondons pas pour autant l’acier doux et la sieste. D’imprévisibles nuées orageuses parcourues d’éclairs foudroyants zèbrent parfois la quiétude qu’on croyait acquise. « On a vu souvent rejaillir le feu de l’ancien volcan … »

Retournons en 1985 goûter au charme déroutant de ces « garçons coiffeurs », ces groupes aux permanentes décolorées qualifiés d’AOR – FM par chez nous – ou de Hair Metal. Sous un autre millénaire, passent-ils le filtre d’une nouvelle dégustation ?

DOKKEN – Under Lock And Key

Dokken débarque dans le paysage musical hollywoodien deux albums plus tôt. S’il est des groupes qui durcissent leur propos sur la durée, via Under Lock And Key, celui-ci recherche le consensus en ciselant son acier. Look travaillé : coiffure, vêture et maquillage pour jeunes filles en fleur, photo de pochette où les musiciens posent avantageusement – du Doisneau ? –, Elektra met le paquet pour promouvoir son poulain.

A l’intérieur, le sillon est fourré de mid-tempo à la batterie massive mais monolithique. Le chant est doublé puis ourlé de chœurs quasi bibliques alors que la guitare, toute en tirages de cordes, offre des glissandos et des séquences de tapping mémorables. L’assemblage frappe la lassitude à force de répétitions. Pourtant, il émane de ces dix titres un charme « charnel’envoûtant ». La musique à l’œuvre, agréable, et ses résonances métalliques point trop prononcées, permet-elle une large adoption ? Dans l’arène, l’Empereur trône, pouce levé : adopté !

DOKKEN – In My Dreams

RATT – Invasion Of Your Pirvacy

Autre combo d’artistes aux cheveux laqués : Ratt. Invasion Of Your Privacy est la deuxième régurgitation des muridés. La route qu’ils bitument trempe de binarité des chansons exagérément mélodieuses, comme s’il était question de piéger des souris. Qu’attendre d’autre d’un groupe baptisé ainsi ?

Les titres s’enchaînent sans originalité particulière mais, par l’insertion d’impromptus, la lumière surgit où l’on n’escomptait qu’une suite. Toute leur discographie est construite sur ce mode, une boucle qui tourne ponctuée d’éclats captivants. Condamné à errer dans l’antre des éternels postulants, ces fulgurances maintiennent le groupe et cet album au sommet des charts californiens. La pochette y participe un peu aussi. Nonobstant, faut-il en faire tout un fromage ? Précédemment positionné sur un haut plateau, ce qu’on a « gru-hier » reste de mise aujourd’hui.

RATT – Lay It Down

HEART – éponyme

En 1985, les sœurs Wilson sont toujours mignonnes à croquer. Huit ans plus tôt, avec leur combo, elles ont performé sur les ondes grâce au single, « Barracuda ». Gentiment hard rock, le titre aiguise tant l’appétit qu’à boire l’eau du Nil si on ne se retient pas. Depuis, un joli synthétiseur est venu enrober la musique, sirop d’érable pour partitions liquoreuses. Côté vestimentaire, la coupe des costumes invite au romantisme – elle n’est pas sans rappeler celles des tenues adoptées par Prince du temps de Purple Rain. Atours des toisons capillaires, on les imagine garnies de fruits confits et nappés de chantilly.

Si les ongles sont manucurés, les doigts et les mains griffent ou frappent leurs instruments avec suffisamment d’énergie pour maintenir l’éveil, susciter l’intérêt. Au parfum entêtant, sur cet album simplement titré Heart, un nouveau tube de gloss embrasse le public, provoquant son adhésion. « What About Love » ? Les mélodies de Nancy et la voix d’Ann : deux appels à la turgescence qui nous laissent raides envoutés.

HEART – What About Love

Y & T – Down For The Count

Sur les plages blondes de Californie, avec Down For The Count, Y & T fait figure de Beach Boys survitaminés. Les chansons propulsent des ultraviolets alentour, promeuvent l’allégresse par les bienfaits du fun. Elles enjoignent aux mouvements, fessiers et guibolles s’entrecroisant, endiablés.

Trop de pression sur l’accélérateur faisant chasser son train-arrière, conduire un véhicule à propulsion nécessite de mesurer ses propensions aux débordements. En cela, Y & T, adepte de l’épique, sait composer à bon escient des morceaux élitiques. Refreiner sa virtuosité pour mieux en user lorsqu’il s’avère nécessaire permet au groupe de transcender l’écoute, de l’aurifier. Sur ses albums antérieurs, « Forever » et « Midnight in tokyo » sacralisent le postulat. Sur Down For The Count, « Hands of time », brille de cet éclat. A l’indolence des géants, nous préférons l’excellence du prétendant.

Y & T – Summertime Girls

1985, AO-Hair Metal, un cocktail qui nous allait bien. An 2023, c’est toujours le cas.

Thierry Dauge

Il s’agit de ma 400ème publications sur Culturesco.com !!! Cheers les amies, cheers les amis !

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