A pillow of winds…
On évitera tout de suite les jeux de mots scabreux sur les incidents de l’industrie automobile pour partir vers le Grand Nord, en Norvège exactement. Ébauché dès 1994 à Oslo, Airbag se stabilise aux alentours de 1999 / 2000 avec le trio fondateur Asle Tostrup chant / guitare, Bjørn Riis guitare / claviers / chant, Joachim Slikker à la batterie, ainsi que Anders Hovdan à la basse, et Jørgen Hagen aux claviers. Ils sortent une poignée de EP entre 2004 et 2008, les offrant gratuitement sur le net. Leurs qualités musicales et sans doute le succès public de leurs titres – plus de 250 000 téléchargements – leur permettent une signature chez le label norvégien de Prog Rock Karisma Records en 2008. Leur premier album, Identity, en 2009, reprend les EP dans des versions remixées.
Airbag – Steal My Soul – Identity (2009)
Dès les premières mesures, on comprend que les Norvégiens lorgnent effectivement du côté de la face cachée de La Lune, autrement dit Pink Floyd et surtout tendance Gilmour. Accords de claviers, batterie / basse en tempo moyen, et en fusée interplanétaire, le jeu somptueux de leur guitariste Bjørn Riis, qui a dû manger les mêmes médiators que le Dave pendant des années. Ne négligeons pas non plus la belle voix de Asle Tostrup.
Ce disque initial accroche immédiatement les fans de qui vous savez, entre autres en Pologne. De quoi satisfaire aussi le label qui leur permet ainsi un second recueil, All Rights Removed, en 2011. Cette fois, Henrik Bergan Fossum prend les baguettes qu’il ne quittera plus. Airbag affirme son style se rapprochant également de la démarche de groupes comme Archive ou Porcupine Tree. De plus, les gars n’hésitent plus à se lancer dans de longues pièces ambitieuses, aux multiples climats, où rayonnent les six cordes de Bjørn Riis, tel le superbe final Homesick.
Airbag – Homesick – All Rights Removed (2011)
Alors que le gang tourne en ouverture de la crème des groupes Prog – Marillion, Yes, Anathema … -, ils persistent et signent avec deux autres LP, The Greatest Show on Earth en 2013, et Disconnected trois ans plus tard. A noter la participation de Vegard Kleftås Sleipnes à la basse.
Si Airbag y aborde des préoccupations sociétales, il manque quand même à ces disques la puissance narrative et conceptuelle d’un Roger Waters pour faire la différence.
Airbag – Redemption – The Greatest Show on Earth (2013)
Un autre point à signaler : les membres d’Airbag qui se sont rencontrés à la Fac, n’ont jamais compté sur leur projet pour en vivre vraiment. Ils ont tous un métier et assument parfaitement à la fois leur passion et leur quotidien plus ordinaire. Pour eux, c’est une chance car ainsi ils se sentent libres de créer sans enjeux financiers.
En 2020, le groupe présente sa cinquième collection, A Day At the Beach, toujours soutenu par Karisma Records. Cette fois, à leurs obsessions stylistiques, le trio et ses invités ajoutent un hommage aux sonorités Eighties de leurs jeunes années, New Order, les premiers Tears For Fears, et penchent vers le Trip Hop de Massive Attack.
Airbag – Machines And Men – A Day At The Beach (2010)
Ce mélange de sons électroniques, d’attaques rock et d’obsessions floydiennes habituelles va convaincre autant la critique que le public, beaucoup considérant que Airbag propose là son meilleur album.
Enfin, quatre ans après, les Norvégiens en dévoilent une suite en 2024, The Century Of The Self, à la pochette géométrique en rouge et noir. Décrit par le trio lui-même comme une synthèse d’introspections méditatives et d’éclairs d’énergie, les cinq titres de ce sixième volume virevoltent autour de l’individualisme forcené de notre siècle, renforcé par nos joujoux technologiques. S’il ne surprend plus vraiment, ce disque d’Airbag contient toujours sa panoplie de perles, finalement plus passionnantes que le dernier pensum de leur Gilmour de modèle. Un beau paradoxe !
Airbag – Tear It Down – The Century Of The Self (2024)
Ps : Attention, à ne pas confondre avec le groupe de Hard Rock argentin qui porte le même patronyme : Airbag !
Bruno Polaroïd
Merci à Laurent Debeuf de Classic 21 pour cette trouvaille
