Open Vinyles – 1970, du rock en couleurs

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Open Vinyles – 1970, du rock en couleurs

Open Vinyles

Open vinyles, 1970 : outre des « têtes de gondole athlétiques », ce début de décennie livre du rock en couleurs non dénué d’un certain exotisme, qu’il soit urbain, psychédélique, halluciné à l’ergot de seigle, à la feuille de coca ou au latex de pavot, teinté funk ou samba, dopé à la pulpe de fruits ou parfumé à la fleur d’oranger. Les chemins de traverses saupoudrés de latérite se prolongent via des routes bitumées non balisées. Les tracés codifiés, les « genres », sont mis de côté au profit de fusions musicales parfumées. Des pigments exotiques s’additionnent au folk, au psychédélisme pop, aux guitares musclées et partitions orchestrées.

Si l’année 1970 fut riche en héros, elle n’en fut pas moins dépourvue d’héroïne. Cette dernière entraîna dans son sillage caramélisé des formations pourvues de consommateurs éclairés. Est-il pour autant raisonnable d’affirmer que sa marque façonna les courbes des albums en présence ? Pas grand monde pour en témoigner. Les acteurs, souvenirs cramés, ne savent plus qu’évoquer des fractals pixellisés aux contours floutés. Seul remède pour en disserter, astiquer les sonotones et entrer dans la transe, voyager over time and space.

DEEP PURPLE – Child in Time

SANTANA – Abraxas

Et Carlos créa Santana à son nom en extrayant un jus de biznagas à ses origines sud-américaines : Abraxas, disco do México ! « Oye como va » et /ou « Samba pa ti », des hymnes chaloupés mariant rock et samba, pastèque et congas, le noir et le blanc. Pas de grisaille dans ce mélange, des rythmes colorés, des mélodies viscérales barrées de solos hallucinés. L’auditeur se lève et enlace l’auditrice.

Cinquante-trois ans plus tard, tamales et enchiladas affûtent toujours l’appétence : « Écoute ma voix, écoute ma prière, écoute mon cœur qui bat, laisse-toi faire. Je t’en prie ne sois pas farouche, quand me vient l’eau à la bouche… ».

SANTANA – Black Magic Woman

TRAPEZE – Medusa

Le trio qui préside à Trapeze méduse les amateurs de Free tout en griffant ses morceaux d’un funk sous-jacent. « Les blancs ne savent pas groover », tu parles … Medusa contrarie l’hypothèse. Les codes sont brouillés, les références affirmées et les titres appellent à danser. La guitare est incisive, le duo basse/batterie s’accorde jusqu’à l’improbable, qui batteur chez Judas Priest (!) – Dave Holland, qui bassiste / chanteur chez Deep PurpleGlenn Hughes.

Ensembles, avec Mel Galley – futur guitariste chez Whitesnake, ils délivrent des ondulations jouissives, des jams sessions aux parfums citronnées.

Incandescente, la musique de Trapeze attise le barbecue où dorent poissons perroquets et demoiselles … entre deux piranhas.

TRAPEZE – Medusa

CROSBY, STILLS, NASH & YOUNG – Déjà Vu

Trois mousquetaires trouvent en Neil Young leur d’Artagnan au bénéfice d’un historique Déjà Vu. Chacun y va de son titre, propose en acoustique ce que les autres électrifient. Tapissé de velours côtelé, cet album est un écrin d’où jaillissent des perles moirées, brillances huitrières dont on fait les colliers. Accords biseautés et orchestrations, au-delà de la poudre aux yeux, magnifient des partitions savantes dont une simple guitare aurait déjà fait des « classiques ». C’est Byzance sur toutes les plages et surfer ce disque s’apparente à prendre le sillon d’un conquérant bâtissant son empire.

Après ça, au-delà du déjà-vu, on dira : « Déjà entendu ». Un album qui donne le La.

CSN & Young – Our House

PRETTY THINGS – Parachute

Concept album ou con cet album ? Parachute des Pretty Things fait tanguer les cœurs. Le timoré qui l’aborde ne peut en déceler toute la finesse. Pour l’aimer, il faut s’y plonger. Pochette sponsorisée par un fleuriste, amoureux de tulipes océaniques, la cire est addictive pour peu qu’on l’aborde sérieusement et non qu’on la juge transversalement. Les thèmes sont travaillés : des eaux fortes, des aquarelles, des huiles, des toiles aux couteaux, des sanguines, « … garde toi […] de juger des gens sur la mine… », pochettes et impressions ne font pas bon ménage.

Si tant est qu’on puisse l’affirmer : osons ! La pop music trouve ici sa définition.

PRETTY THINGS – Miss Fay Regrets

Pensée par des défricheurs, la musique nous parvient parfois des 70’s blessée par les cisailles de critiques acerbes. Pansées par les mélomanes, elle resurgit souvent contemporaine plutôt que datée.

Ces quatre albums témoignent d’une richesse qui fait défaut à bien des œuvres récentes. En les réécoutant, tel après l’amour ou l’absorption d’un alcool fort, pour les siècles à venir, beaucoup susurreront, dans un souffle, à pleines lèvres et étourdis : « Encore … ».

Thierry Dauge

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