Brian Setzer & The Stray Cats, le rockabilly surprend les 80’s

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En 1981, contre toute attente, The Stray Cats dynamitent les synthétiseurs et les Radios FM, en opérant un retour aux origines du rock.

Il semble que les dieux du rock, dans leur infinie miséricorde, aient eu des scrupules à nous enlever l’immense talent d’Eddie Cochran en 1960…

Afin de réparer cette infamie, vingt ans plus tard, ils décidèrent d’offrir au monde, Brian Setzer & The Stray Cats !

En 1979, le prodigieux guitariste originaire de Long Island (New York) traîne ses 20 ans, et sa Gretsch, dans un groupe new-wave nommé The Bloodless Pharaohs, avec lequel il se produit aux quatre coins de la ville. Fan de Eddie Cochran, Gene Vincent et Elvis Presley, il joue en parallèle avec son frère, au sein des Tomcats, un combo à trois, correspondant mieux à ses influences.

Brian Setzer

Pourtant cette seconde formation finit par se dissoudre, incitant Brian Setzer à chercher de nouveaux musiciens. C’est ainsi qu’il fait la connaissance du contrebassiste Leon Drucker (alias Lee Rocker).

Il enrôle également James McDonnell (alias Slim Jim Phantom). Un batteur de Brooklyn, au cursus jazz et au jeu minimaliste.

Le courant passe très vite entre les trois hommes. Un répertoire articulé autour de reprises rockabilly et quelques compositions, voit le jour. Les Stray Cats sont nés

The Stray Cats – Stray Cat Strut

Malgré les prouesses du jeune guitariste, le public américain ne semble pas emballé par ce vent de nostalgie soufflant sur leur musique. Leur look mi-punk, mi-greaser, n’arrange rien. C’est alors qu’ils apprennent qu’une vague de rock revival est en marche de l’autre côté de l’Atlantique. Les Teddy Boys sont de retour !

Intuitifs, les Stray Cats vendent leur matériel et se paient un aller simple pour l’Angleterre. Après quelques mois passés à Londres, leur coup de poker s’avère payant. La rumeur commence à enfler. La presse parle alors d’un groupe de jeunes américains revenant aux sources du rockabilly et affichant un look déroutant, mais plaisant aux filles… Dave Edmunds (Rockpile) leur propose d’enregistrer un premier 45T. D’emblée, les Stray Cats amènent le brin de sauvagerie qui fait défaut à la musique des années 80.

The Stray Cats – Runaway Boys

Sous des dehors ostensiblement vintage, Setzer et les Stray Cats dépoussièrent avec talent, quelques standards oubliés du rockabilly. En mêlant rythmes skiffle et ska, le guitariste rappelle aux profanes qu’à l’origine, le genre était plus diversifié qu’on ne veut bien l’admettre, et qu’il tolère le mélange d’influences. Tout autant que ses enfants pop et psyché.

The Stray Cats – Ubangi Stomp

Après la retombée du mouvement punk, la jeunesse anglaise vivant encore sous le joug du Thatchérisme sombre dans la Cold Wave. L’arrivée de ces trois jeunes bourrés de talent et d’énergie, fait alors figure de rayon de soleil dans la grisaille londonienne. Leur single s’envole dans les charts. Dave Edmunds fait logiquement entrer le groupe en studio, pour un LP qui fera date. Leur effort est soutenu par les Cramps aux Etats-Unis, et les Meteors au niveau local, tous deux instigateurs d’un courant nommé psychobilly.

The Stray Cats

En février 1981, leur premier album voit le jour. Porté par le titre Rock This Town, il atteint la première place en France, et se classe sixième en Angleterre.

The Stray Cats – Rock This Town

Les riffs accrocheurs de Storm the Embassy et Crawl up and Die semblent singer le Hard FM qui commence alors à déferler sur les ondes. Pourtant, même quand les Stray Cats se fourvoient sur le contexte géo-politique mettant aux prises les Etats-Unis et l’Iran, ils exaltent sans le moindre cynisme, l’essence même du rock’n’roll, celle qui libère les corps sans corrompre les esprits. Celle qui ramène l’art impie et populaire du 20ème siècle à ses fondamentaux. Sexe et énergie font la force de cette reprise signée par l’aîné des frères Burnette (Dorsey)…

The Stray Cats – My One Desire

Les “matous” sont célébrés en Europe et se voient conviés à revenir en Amérique. Sur les terres du nouveau monde, leur oeuvre sera pourtant consciencieusement massacrée, en fusionnant leurs deux premiers opus en un seul (Built for Speed). Mais qu’importe, en ce début de décennie, le rock’n’roll semble renaître sous la patte du génial Brian Setzer et de ses deux acolytes. L’illusion ne durera hélas, que trois petites années.

Si vous souhaitez saisir la dimension de ces trois jeunes gens en concert, je vous propose ce live intégral de 1981 au Palace, et extrait de l’émission Chorus. Avec en prime, une interview mémorable du groupe par Antoine de Caunes

Live Chorus (1981)

Au fil des ans, il est arrivé aux matous de rassembler la meute. A l’occasion, pour le plaisir de retrouver ce public qui ne les a jamais oubliés. Seulement Lee Rocker et Slim Jim Phantom ont mis le cap sur le swing, avec Danny B.Harvey et le groupe Swing Cats. Quant à Brian Setzer, il ne faiblit pas, et semble être le dernier ambassadeur d’un genre qu’il porte désormais à bout de bras. Il y a 40 ans, l’arrivée des Stray Cats fut le dernier élan du rock primal. Un sursaut inespéré laissant espérer une redite aux adeptes de rockabilly. Hélas, ils attendent toujours…

Serge Debono

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