«Je sais que la vie vaut vraiment la peine d’être vécue…»
Romain Gary, est notamment connu pour son ouvrage La promesse de l’aube, un récit qui nous happe entre un fils choyé et une mère excessive. L’auteur nous fait découvrir son insolence d’adolescent, ses amours, ses souffrances de militaire… mais c’est avant tout un hommage à sa mère qui n’a vécu qu’à travers lui.
«Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes… Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. Ensuite, on mange froid jusqu’à la fin de ses jours…Ce que je veux dire, ajoute Gary, c’est qu’elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n’ai jamais su où aller depuis.»
L’œuvre de Gary est l’antithèse du conformisme, et n’a pas son pareil dans la littérature française. Elle est hétéroclite, placé sous le signe de l’humanisme. L’ouvrage est vaste et se décline en romans, nouvelles, récits autobiographiques et de voyages, chroniques journalistiques…
Romain Gary ne cède jamais à la critique. Il pratique l’art de la dissimulation avec adresse en usant d’hétéronymes à maintes reprises.
De Roman Kucew à Romain Gary.
Roman Kucew est né le 21 mai 1914 à Vilno (l’actuelle Vilnius en Lituani) ; avant de vivre de sa plume il sera aviateur, résistant aux côtés du Général de Gaulle, et diplomate.
Fils d’une modiste, Mina Owczynska et d’un père, fourreur juif, Arieh-Leïb Kacew.
Après un séjour en Pologne, où il apprend le français, Roman et sa mère s’installent à Nice en 1928.
Mina nourrit de grandes ambitions et prédit à son fils un avenir de diplomate et d’écrivain «Son fils rejoindra la Pléiade, elle en est sûr !» Devant une telle détermination, Gary se donne pour objectif d’écrire « le chef-d’œuvre » pour sa mère.
L’improbable se produit car il reçoit deux fois le Prix Goncourt : en 1956, sous le nom de Romain Gary pour le roman Les racines du ciel et en 1975, pour La vie devant soi avec le pseudonyme Émile Ajar. Promesse tenue, il s’inscrit dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade depuis mai 2019.
La non-reconnaissance de Gary
De son vivant l’écrivain souffrait d’un syndrome de « non-reconnaissance » :
«Une seule chose compte, être ou ne pas être cité ; et j’appartiens moi, à la vrai race maudite qui est celle des écrivains que l’on ne cite jamais…»
Aujourd’hui Gary est reconnu. Jean-Marie Rouart s’exprime à ce sujet :
«Ce qui me semble important aujourd’hui, c’est qu’il ouvre tous les débats, lui qui a tant souffert de n’être jamais cité dans les joutes intellectuelles de son époque, il est, vingt ans après sa mort devenu plus présent que jamais. Cela seul me semble important. On rend enfin justice à l’un des écrivains qui a été le plus sensible à l’injustice .»
(Le cahier de l’Herne consacré à Romain Gary dirigé par Jean-François Hangouët et Paul Audi.)
Gary, un militaire engagé
Romain Gary obtient la nationalité française et entame son service militaire en 1938. Quelques temps plus tard il passe du statut de conscrit à celui d’engagé volontaire auprès de Charles de gaulle.
Son engagement dans la France Libre confirme son attachement au général pour le symbole qu’il représente. De Gaulle jouera un rôle important dans sa vie. Il en parle en ces termes dans «La nuit sera calme»:
«… ce qui m’attache à lui, c’est le sens de ce qui est immortel et de ce qui ne l’est pas, parce que le vieux croyait à la pérennité de certaines valeurs humanistes qui sont aujourd’hui déclarées mortes et que le monde redécouvrira tôt ou tard »
Les « Compagnons de combats » de Gary
Durant la guerre Gary se montre comme étant un « navigateur bombardier intrépide’’. Son groupe s’illustre au Moyen Orient et au Maghreb.
A Jacques Chancel, Romain Gary parle de ses « Compagnons de combats » morts pour la dignité :
«Je suis persuadé qu’on est fait pour une certaine saison de l’époque dans laquelle on peut donner le meilleur de soi-même. La mienne a été la France libre, la Résistance, l’aviation dans laquelle j’ai servi pendant huit ans, les combats en Afrique, en Angleterre, depuis la bataille d’Angleterre jusqu’à l’Abyssinie, et le retour au deuxième front. J’ai vu évidemment tomber des camarades morts qui, aujourd’hui, semble-t-il pour certains, sont morts pour rien. Mais je peux vous dire qu’ils ne sont morts ni pour vous, ni pour moi, ni pour cette société d’aujourd’hui bonne ou mauvaise. Ils sont morts pour une idée qu’ils se faisaient d’eux-mêmes.»
Il reçoit la « Croix de guerre » à la fin du conflit. Romain Gary devient « Compagnon de la Libération ». Il est décoré de la Légion d’Honneur par le général de Gaulle, qui veille tout particulièrement à ce que Gary obtienne un poste dans la diplomatie française.
Le diplomate
Après sept années passées dans l’armée de l’air, Romain Gary rentre au Ministère des Affaires Étrangère le 25 octobre 1945. Il sert dans la diplomatie durant quinze ans à six postes différents. Gary représente la République Française avec fierté, et rejoint la famille des écrivains diplomates, parmi lesquels Stendhal, Chateaubriand, Giraudoux… c’est ainsi qu’il conjugue avec brio la noble profession de diplomate et sa carrière littéraire.
La même année son ouvrage Éducation européenne est couronné par le Prix des Critiques.
Romain Gary écrit ce roman en 1943, à ses retours de missions. Il est pilote de la Royal Air Force et décolle régulièrement d’Angleterre pour larguer des bombes sur les positions nazies.
«Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres…»
Ce récit nous plonge dans la bataille de Stalingrad. Il retrace la survie des partisans au cœur de la forêt polonaise. L’écrivain fait part de ses doutes. Gary emporte le lecteur au plus profond de la guerre, là où certains pourtant gardent l’espoir d’un autre monde où les nations vivraient en paix.
«Je voudrais que mon livre soit un de ces refuges, qu’en l’ouvrant, après la guerre, quand tout sera fini, les hommes retrouvent leur bien intact, qu’ils sachent qu’on a pu nous forcer à vivre comme des bêtes, mais qu’on n’a pas pu nous forcer à désespérer.»
Un romancier multiculturel
Romain Gary souvent défini comme un magicien du rêve, nous plonge dans un univers d’histoire où l’écrivain et les personnages s’entremêlent.
«Je plonge toutes mes racines littéraires dans mon « métissage », je suis un bâtard et je tire ma substance nourricière de mon bâtardisme dans l’espoir de parvenir ainsi à quelque chose de nouveau, d’original. Ce n’est d’ailleurs pas un effort : cela m’est naturel, c’est ma nature de Bâtard qui est pour moi une véritable bénédiction sur le plan littéraire et culturel…»
Gary et l’humour
La culture juive est souvent présente dans l’œuvre garienne. Ses écrits, ponctués d’humour en référence aux Frères Marx ou Charlie Chaplin qui ont bercés son enfance. Le burlesque est un bon moyen d’échapper à la réalité.
«L’humour a été pour moi, tout au long du chemin, un fraternel compagnonnage : je lui dois mes seuls instants véritables de triomphe sur l’adversité. Personne n’est jamais parvenu à m’arracher cette arme, et je la retourne d’autant plus volontiers contre moi-même, qu’à travers le “je » et le “moi”, c’est à notre condition profonde que j’en ai. L’humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l’homme sur ce qui lui arrive. »
Les valeurs de Gary font de lui un humaniste qui frôle l’utopie.
«Je vais vous avouer qu’il m’arrive souvent de donner une préférence au rêve, ne laissant jamais à sa rivale la Réalité plus de cinquante pour cent des bénéfices, ce qui explique peut-être ma longévité, dont tant de gens s’étonnent, car ne vivant vraiment qu’à moitié, il est normal que ma ration de vie s’en trouve doublée… »
souligne l’écrivain dans « Les enchanteurs ».
Les critiques ignorent « Les enchanteurs ». Gary est blessé et décide de riposter avec l’hétéronyme « Emile Ajar ».
Romain Gary, l’écrivain aux mille vies
Pendant la seconde guerre mondiale, Kacew devient Gary et s’offre « une nouvelle naissance ». L’engagement auprès du Général de Gaulle, et la plume de l’écrivain s’associent pour mieux renaître.
Le roman est une quête de fraternité:
«On se met dans la peau des autres. Lorsque j’entreprends un roman, expliquait Gary, c’est pour courir là où je ne suis pas, pour aller voir ce qui se passe chez les autres, pour me quitter, pour me réincarner.»
Des hétéronymes, une question de survie !
Romain Gary publie des romans sous diverses noms d’emprunt. Le plus fameux est Emile Ajar qui lui rapporte le Prix Goncourt en 1975 avec « La vie devant soi« . C’est une véritable farce littéraire !
Romain Gary veut effacer la mauvaise image donnée par une critique virulente, injustifiée. Le journaliste Kleber Haedens, entre autres, déclenche une véritable polémique qui nuit gravement à l’écrivain. Une offensive qui a pour but d’inventorier les « fautes » dans le roman « Les racines du ciel », au nom de la défense de la langue française.
Se dissimuler derrière un hétéronyme était donc inéluctable !
Dans Vie et mort d’Émile Ajar Romain Gary nous explique: «Recommencer, revivre, être un autre fut la grande tentation de mon existence… Toutes mes vies officielles, en quelque sorte répertoriées, étaient doublées, triplées par bien d’autres, plus secrètes, mais le vieux coureur d’aventure que je suis n’a jamais trouvé d’assouvissement dans aucune…»
Devant Émile Ajar, cette même presse qui dénigrait Gary encense ce nouvel écrivain, admirative de ce génie de l’écriture.
Romain Gary se plaisait à commenter :
«Et les échos me parvenaient des dîners dans le monde où l’on plaignait ce pauvre Romain Gary qui devait se sentir un peu triste, un peu jaloux de la montée de son cousin Emile Ajar au firmament littéraire, alors que lui-même avait avoué son déclin dans « Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable ».»
Moins connu du grand public, nous pouvons noter nombre d’autres identités tel que René Deville, Jack Ribbons, John Markham Beach…où Fosco Sinibaldi en 1958 pour « L’homme à la colombe », Shatan Bogat en 1974 pour « La tête de Stéphanie »
En réponse à Jacques Chancel qui l’interroge sur ses identités multiples, Romain Gary répond :
« Je n’ai aucun problème de ce genre. Je suis né en Russie. J’y ai vécu jusqu’à l’âge de sept ans. Puis j’ai vécu encore sept ans en Pologne. Je parle et j’écris couramment le polonais, et le russe. Ensuite, j’ai vécu en France. Puis je suis devenu un diplomate français dans sept pays différents. J’ai vécu dans les ambassades, avant d’être consul général en Californie…Mais je n’ai aucun problème d’identité, je me sens insolemment français. »
A travers divers interviews, Romain Gary nous parle de ses livres et de sa vie :
https://www.youtube.com/watch?v=b6unxurbHEI&list=PLfDSbx5lr8nd0MonEKaq7qwFKXlIXgyW2&index=2
Pour Gary, la défense de toutes minorités est importante !
Le narcissisme, l’autodérision, une certaine anticipation animent souvent les textes de l’écrivain. Cependant une quête perpétuelle d’humanisme se profile.
« Tulipe » 1946. Une satire sur l’idéalisme où Gary utilise un humour acide pour faire passer un message « Bâtir une société avec plus de justice et de respect, ne pas rester sur ses acquis…»
C’est l’histoire d’un ancien déporté qui vit à Harlem et qui devient un meneur de foules. Léni Tulipe, Blanc failli, en voulant se soustraire à ce qui est sacré pour lui qui s’enfonce dans le cynisme.
Voici ce qu’en pensait le général De Gaulle :
« Dans Tulipe vous peignez – admirablement – ce trait principal de notre époque que tout y confine à tout : l’idéalisme et le cynisme, l’apostolat et la fumisterie, la douleur et le ricanement. Je suis heureux de votre talent et toujours sensible à votre pensée. Soyez assuré, mon cher Romain Gary, de mes sentiments de fidèle amitié ». (Lettre à Gary du 19 mai 1970 communiquée par Jacques Layani)
Dans « Les Racines du Ciel » Prix Goncourt 1956, il nous sensibilise et nous encourage à nous interroger sur le massacre des éléphants.
«Je sais que la vie vaut la peine d’être vécue, que le bonheur est accessible, qu’il suffit simplement de trouver sa vocation profonde, et de se donner à ce qu’on aime avec un abandon total de soi. »
Un roman « écologique » qui navigue entre documentaire sur la protection des espèces sauvages et les exterminations collectives. L’action de Morel, le héros du récit, révèle les failles de la colonisation et des futures dictatures.
Lors d’un entretien avec l’écrivain et journaliste français, Jean Daniel, le 4 janvier 1957, Romain Gary parle ainsi de son roman :
« La donnée fondamentale de mon livre est ce que j’appelle « la marge humaine…Je m’explique. Je suis a priori contre tous ceux qui croient avoir absolument raison. La phrase est d’Albert Camus. Je suis contre tous les systèmes politiques qui croient détenir le monopole de la vérité. Je suis contre tous les monopoles idéologiques…Tous les systèmes doivent prendre leurs assurances contre l’erreur et, quel que soit leur contenu de vérité, ils ont tous tort dans l’absolu.
Dans le cadre de mon livre, j’ai choisi les éléphants, parce que ces bêtes gigantesques donnaient bien l’image de ces valeurs maladroites et difficiles à protéger au cœur de la mêlée idéologique moderne : liberté de la pensée, les droits de l’homme, tolérance, respect de la personne humaine, et une certaine inviolabilité de l’humain…»
« La vie devant soi » 1975, Prix Goncourt sous le nom d’Émile Ajar.
Ce roman est une apologie sur la cohabitation de communautés que tout oppose. La rencontre, et l’amour qui unit un enfant arabe, Momo, et Madame Rosa, rescapée de la Shoah, qui lutte contre la maladie.
Pour l’adaptation cinématographique réalisée par Moshe Mizzrahi en 1977, Simone Signoret tient le rôle de Madame Rosa.
Romain Gary donne à ses romans l’empreinte de son métissage.
Ecrivain inclassable, Romain Gary est un aventurier de la vie qui brouille les piste, absorbé par la création au détriment de la vie privée.
«Le meilleur de moi-même que je puisse donner aux autres, ce sont mes romans. Je suis fait pour des œuvres d’imagination. Tout homme est fait pour quelque chose de particulier qu’il doit à la société. Il lui doit ce qu’il a de meilleur. A mes propres yeux, je suis d’abord romancier, donc avant tout engagement philosophique, avant tout engagement politique, je donne mes romans.»
La vie de Gary est elle-même un roman, galvanisée par la sensibilité :
Dans « L’affaire homme », Romain Gary répond à la question du journaliste Jérôme le Thor : « Quelles sont les valeurs de votre univers romanesques ? »
« Je n’ai qu’un souci : saisir. Saisir le monde, saisir mes personnages, saisir le lecteur et l’entraîner avec moi, faire vivre fortement… Et défendre ce qui me semble sacré dans la vie et dans l’homme.» [1]
Séditieux dans l’âme, Romain Gary aime la transgression, ses écrits sont le reflet de sa marginalité. C’est une œuvre à l’antithèse du manichéisme et la résistance y est un combat de tous les jours.
Durant toute sa vie, Gary se gausse de l’hypocrisie du beau monde et de la sottise des élites….
La bêtise humaine est souvent évoquée dans son œuvre :
«Je suis en train de me dire que le problème aux États-Unis pose une question qui le rend pratiquement insoluble : celui de la Bêtise. Il a des racines dans la profondeur de la plus grande puissance spirituelle de tous les temps, qui est la Connerie.»
Dans Chien blanc l’auteur dénonce le racisme, une « bêtise universelle ». Il nous livre, sur fond de conflits raciaux, (Martin Luther King vient d’être assassiné) l’histoire d’un chien conditionné pour agresser les noirs. Gary provoque la réflexion sur le bien et le mal, l’humain et l’inhumain ; C’est un regard acide sur l’intolérance.
L’amour, le thème favori de Gary
«L’amour joue un rôle important dans la fiction de Gary, en accord avec le romantisme traditionnel. C’est un amour parfait, apportant chaleur, confort. Libre de toute mélancolie, problèmes qui assaillent les relations humaines dans la vie ordinaire.» (Jane MacKee, spécialiste et auteur de « The symbolic imagination of Romain Gary ».)
Romain Gary décline ce thème essentiel sous différentes formes dans ses ouvrages :
Notons, la passion, dans « Les cerfs-volants« :
«On dit que l’amour est aveugle mais avec toi, qui sait, la cécité est peut-être une façon de voir… Le vrai amour c’est quand il n’y a plus que l’autre»
L’amour au rythme du temps qui passe… dans « Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable »
«Reste ainsi. Ne bouge pas. Que ce soit pour toujours. Donne-moi ton souffle. De petites éternités égrènent leur infini sous mon poignet et pour une fois elles ne parlent pas du temps qui passe mais de celui qui s’est arrêté au bonheur.»
Gringoire et « L’orage » du 15 février 1935
Aujourd’hui les collectionneurs recherchent le numéro 328 du journal « Gringoire » du 15 février 1935. En effet, ce jour-là un homme nommé Romain Kacew y publie une nouvelle inédite « L’Orage ». A Nice tout le monde commente la publication. On offre un apéritif d’honneur à la mère de l’écrivain avec des discours à la clef. Romain Gary raconte :
«Ma mère mit le numéro de l’hebdomadaire dans son sac et ne s’en sépara plus jamais. À la moindre altercation, elle le sortait de là, le dépliait, fourrait la page ornée de mon nom sous le nez de l’adversaire, et disait : ‘’Rappelez-vous à qui vous avez l’honneur de parler ! Après quoi, la tête haute, elle quittait triomphalement le terrain, suivie par des regards éberlués’’.»
Un seul recueil, « L’orage » réunit toutes les nouvelles écrites entre 1935 et 1970. Nous y découvrons déjà le génie, mais aussi la solitude, les peurs et les obsessions qui hanteront l’écrivain toute sa vie….
« Il était un pluriel à lui tout seul », écrit Éric Neuhoff dans son avant-propos à « L’orage ».
Romain et Jean, une passion
Le nom de Jean « Dorothy » Seberg est à jamais associé à celui de Romain Gary. Le couple se rencontre lors d’un dîner à Los Angeles, c’est le coup de foudre. La fragilité et l’innocence de l’actrice touche Gary. Une femme enfant qu’il veut protéger… il ne cessera jamais d’être là pour elle, même après leur séparation. (Nous reviendrons sur leur histoire dans un prochain article)
Le 2 décembre 1980, Romain Gary déjeune avec son éditeur Claude Gallimard ; quelques heures plus tard l’écrivain met fin à ses jours.
Avant de mourir, il avait rédigé une note à l’intention de la presse :
«Pour la presse. Jour J. Aucun rapport avec Jean Seberg. Les fervents du cœur brisé sont priés de s’adresser ailleurs. On peut mettre cela évidemment sur le compte d’une dépression nerveuse. Mais alors il faut admettre que celle-ci dure depuis que j’ai l’âge d’homme et m’aura permis de mener à bien mon œuvre littéraire. Alors, pourquoi? Peut-être faut-il chercher la réponse dans le titre de mon ouvrage autobiographique, La nuit sera calme, et dans les derniers mots de mon dernier roman: « Car on ne saurait mieux dire ».
Je me suis enfin exprimé entièrement.»
Nic Blanchard-Thibault
[1] Entretien de 1977 avec le journaliste Jérôme le Thor. Des propos recueillis sous la direction de Jean-François Hangouët et de Paul Audi dans « Romain Gary L’affaire homme ».
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