Black Oak Arkansas, la perle méconnue du rock sudiste

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En 1971, dans le sillage des Allman Brothers et Lynyrd Skynyrd, les groupes de rock sudiste font irruption dans le paysage musical américain.

Black Oak Arkansas (BOA) n’est pas le moins talentueux d’entre eux…

Black Oak Arkansas

Formé dans la ville de Black Oak (Arkansas) en 1965, une première mouture se produit sous le nom The Knowbody Else. Au départ, les membres du groupe sont surtout fans des Byrds et des Beatles. Ils se familiarisent avec la pratique du folklore américain dans l’Etat du Mississippi, avant de s’installer à Memphis (Tennessee) et d’enregistrer leurs premiers singles chez Stax Records.

Au cours des années 70, la qualité de leur boogie country-rock a peu d’équivalent. Leur intérêt pour les domaines spirituels et la philosophie orientale vient parfois donner d’étranges sonorités à leurs compositions. Et comme avec Steve Marriott au sein d’Humble Pie, la voix de Jim Mangrum apporte cette touche soul à des instrumentaux irréprochables.

Un premier album réussi

Black Oak Arkansas (pochette premier album)

Dès son premier exercice, B.O.A démontre un gros potentiel. Les compositions sont soignées et dégagent une énergie contagieuse. Le magnétisme du chanteur est évident, et son timbre de voix intrigue. Quant aux trois guitaristes Stanley « Goober » Knight, Rickie « Ricochet » Reynolds, et Harvey « Burley » Jett, ils croisent le fer pour des joutes mémorables. Soutenus par la section rythmique dirigée par Pat « Dirty » Daugherty (basse) et Wayne « Squeezebox » Evans (batterie), les riffs de métal pleuvent sur la musique de B.O.A. Ils sont parfois teintés de groove…

Black Oak Arkansas – I Could Love You

On sent bien que le rock psychédélique n’a pas encore totalement disparu, et on replonge avec plaisir dans des impros hallucinées. D’autant que celles-ci sont balisées par un grand professionnalisme.

Le phénomène Mangrum

B.O.A ne s’assied pas sur les harmonies comme certains de ses homologues du genre. Sans pour autant brider les improvisations instrumentales, le groupe propose des titres structurés et punchies, que son frontman se charge de rendre irrésistibles.

Jim « Dandy » Mangrum

L’indéboulonnable Jim “Dandy” Mangrum est une légende en terre américaine. Il est le seul membre d’origine encore présent aujourd’hui, épuisant 61 musiciens au cours de sa longue carrière.

« Je suis un causeur sorti d’une ville de 300 habitants. Je n’avais personne à qui parler. L’agriculture ne m’interessait pas, alors quand je suis venu dans le grand monde, j’ai commencé à parler. Et je ne me suis jamais arrêté. »

Personnage excentrique et solaire, Mangrum est doté d’une voix peu commune. Puissante et particulièrement expressive, son grain prononcé inspirera plus tard un certain Axl Rose. En témoigne l’un des rares tubes du groupe. Un titre entraînant, dans lequel les guitares serpentent derrière Mangrum et sa sensualité animale. Une œuvre diaboliquement rock !

Black Oak Arkansas – Hot and Nasty

Ce sont les concerts qui font la popularité du groupe. Leur triplette de guitaristes devient très prisée, mais c’est Jim « Dandy » Mangrum la véritable attraction. Le frontman reste connecté à son public en permanence. Il arpente la scène torse nu, vêtu d’un pantalon blanc, et souvent hilare. Ses shows auront un impact direct sur le jeu et les tenues de scène de David Lee Roth (Van Halen). Le Dandy sauvage prouve l’étendu de ses talents sur ce premier opus, aussi bien dans un registre rock, que sur des titres country teintés de mysticisme sudiste…

Black Oak Arkansas – Uncle Elijah

L’album se termine en apothéose. Un titre et une conclusion revendiquant leurs racines, aussi bien géographiques que spirituelles.

L’intro est une communion de voix oscillant entre rite vaudou et gospel rythmée par le washboard. Une transe dirigée par Jim Mangrum, soudain parcouru d’électrochocs, façon James Brown. Les “Everybody !” et “Good God !’ fusent et déclenchent clameurs et excitation. Avant que la triade de guitares, toujours prête à surgir, n’emporte le morceau sur le dos d’un riff frénétique. Nul ne doute que Phil Lynott (Thin Lizzy) et le tout jeune Gary Moore, devaient avoir une oreille dessus…

Black Oak Arkansas – When Electricity Came to Arkansas

Malgré une production assurée par Lee Dorman et Mike Pinera (Iron Butterfly), et une pochette signée Eve Babitz, ce premier album éponyme est globalement ignoré par la presse spécialisée lors de sa parution en mars 1971.

Des changements et du succès

Le marché du disque privilégie encore les gloires du rock psyché, tandis que le hard-rock devient contre toute attente un genre dominant. Le glam pointe le bout de son nez en Angleterre, mais peine à s’introduire sur la scène américaine, laissant une petite part du gâteau au rock sudiste.

Lynyrd Skynyrd et les Allman Brothers tiennent la corde. Mais à force de patience et de persévérance, des formations comme ZZ Top et Black Oak Arkansas vont finir par se faire une place au soleil. En 1974, ces derniers s’illustrent notamment lors du California Jam Festival (Ontario).

Black Oak Arkansas perd un peu de son identité en raison des fréquents changements de formation. Seul le deuxième album, Keep The Faith, du même acabit, est enregistré avec une mouture identique.

Pourtant, sous la houlette de leur chanteur emblématique, ils trouveront les ressources pour explorer de nouveaux horizons. Sans oublier pour autant, le banjo, la steel guitare, et la planche à laver.

Serge Debono

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