La bible des instruments méconnus
Le Rock est par essence une musique au caractère binaire. Guitare, parfois piano, accompagnés d’une rythmique basse / batterie sont les entités indiscutables de la sauvagerie primale. Pourtant, et malgré cette base rudimentaire assénée par les origines du genre, la musique, quelle que soit sa chapelle et son attachement culturel, demeure depuis la nuit des temps, l’alchimie de la recherche des associations sonores.
C’est sans doute en partant de ce constat que Julien Deléglise et Thierry Dauge ont décidé, pour leur premier ouvrage commun, de se pencher sur un sujet qui s’avère au final sans limite.
Pop Rock, les instruments de l’ombre aux éditions Camion Blanc
Instruments incongrus ou méconnus, traditionnels ou ethniques, cris d’animaux, bruits de nature, cloches de l’enfer, pipeau ou cor de chasse ???… Comment ces sonorités à priori inopportunes, s’invitent-elles avec grâce dans nos albums de rock et de pop rock? La question de la créativité artistique et de l’éternelle recherche de nouveauté perfectible est évidemment au cœur de cet état des lieux plutôt exhaustif.
Une odyssée au pays du Pop Rock
Bien loin d’un recensement encyclopédique, les auteurs nous offrent un voyage initiatique dans l’histoire de la musique. Au travers de cette thématique originale, ils associent découverte (ou re-découverte) d’instruments oubliés, à leur intégration dans des œuvres devenues aujourd’hui inoubliables.
Au fil des pages, on redécouvre le woodblock… de Keith Moon. Ou comment au travers du Magic Bus, le frénétique batteur des Who fait fi de son style de marteleur exubérant… pour deux bouts de bois légendaires.
The Who – Magic Bus (WoodBlock)
https://www.youtube.com/watch?v=bl9bvuAV-Ao
On aborde également le Claghorn de Jethro Tull, le clavecin pour les Beatles et Deep Purple. Les instruments africains, de Brian Jones à Ginger Baker. Le Mellotron, popularisé en 1967 par les Beatles sur Strawberry fields for ever… Un instrument largement utilisé par les apprentis sorciers du rock progressif (Yes, Genesis, Elp)»… mais également par l’équipage du King Crimson.
The court of the King Krimson
Sûr que nos auteurs s’en sont donnés à cœur joie pour procéder au recensement de ces instruments bien souvent anachroniques. Au de-là de l’exercice de style et de l’inventaire historique, le périple culturel reste en tout point généreux. Planche à laver, bruit de moto ou souffle du vent, téléphone, tiroir-caisse ou armes feu, tout semble prétexte à nous plonger dans cette histoire extraordinaire du Pop Rock, truffée de surprises et d’anecdotes…
Au final, le livre se parcourt avec allégresse. Imaginez cet ouvrage comme s’il s’agissait d’un voyage initiatique au sein de la culture musicale de ces 60 dernières années. La mise en lumière des instruments de l’ombre est ici partagée en dehors de toute chronologie. Le lire du début à la fin ou y piocher quelques perles instructives … ces deux manières de s’y plonger vous permettront d’aborder toute la richesse de ce nouvel éclairage.
Pop Rock – Les Instruments de l’ombre de Julien Deléglise et Thierry Dauge
Auguste Marshal