René Magritte, la philosophie en image

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Le peintre des paradoxes qui bouscule les codes.

René Magritte

René Magritte met en scène des objets familiers qu’il place dans un espace irréel. L’œuvre  du peintre qui nous vient en premier à l’esprit “La trahison des images“. L’artiste y représente une pipe avec la légende “Ceci n’est pas une pipe”; Le but étant de souligner que le tableau est la représentation de l’objet et non l’objet lui-même. Magritte déclare au sujet de ce tableau :

“La fameuse pipe, me l’a-t-on assez reprochée ! Et pourtant, pouvez-vous la bourrer ma pipe ? Non, n’est-ce pas, elle n’est qu’une représentation. Donc si j’avais écrit sous mon tableau “Ceci est une pipe”, j’aurais menti !”

Magritte
La trahison des images

René Magritte s’inspire de la réalité pour nous conduire à l’imaginaire. Il invite le visiteur à la réflexion avec des images, qui pour lui remplacent les mots. Ses tableaux véhiculent  tous des messages.

René Magritte et la philosophie :

Le peintre “utilise la peinture pour rendre la pensée visible” ; initié par son ami poète Paul Nougé, il découvre les grandes œuvres philosophiques.

L’image transmet, exprime des idées et des sentiments, se substitue aux mots, rend la pensée visible, donc René Magritte veut faire de la peinture «l’égale de la poésie et de la philosophie»

Il n’hésite pas à se représenter en philosophe en 1936 avec “La lampe philosophique“.

La lampe philosophique
La lampe philosophique

Un autoportrait où Magritte plonge son long nez dans une pipe, telle une trompe d’éléphant, c’est aussi une référence à Pinocchio, le plus grand menteur… Son regard narquois semble nous défier “Je ne suis pas dupe de vos mensonges“. Proche de lui, une bougie représente “la lumière de la philosophie”.

Pour parfaire ses connaissances en philosophie, René Magritte s’entoure de conseiller comme le philosophe belge Alphonse de Waelhens, spécialiste de Martin Heidegger. Notons aussi sa rencontre avec le penseur Michel Foucault qui est scellée par la rédaction d’un livre en 1973 “Ceci n’est pas une pipe”.

«La pensée est invisible, comme le plaisir et la douleur. Mais la peinture comporte une difficulté : il y a une pensée qui voit et peut être décrite de manière visible.»  

La condition humaine” 1935, une plongée dans  le monde des faux-semblants.

Magritte, La condition humaine
La condition humaine

Comment ne pas se référer au mythe de la caverne de “La République de Platon” où l’on y voit des humains attachés au fond d’une caverne ; ils prennent pour réalité des ombres qui se profilent sur les parois de la grotte. Le philosophe traite de la connaissance et de l’opinion, il affirme que le lieu naturel des hommes est l’ignorance. Bercés par les sens et les préjugés, «la plupart des hommes vivent sous le joug de la “doxa”

Le chevalet posé à l’entrée s’efface et se superpose au paysage pour dénoncer le monde des apparences et des simulacres.

Avec “Le principe d’incertitude”, les ombres sont mensongères…

Magritte, Le principe d'incertitude
Le principe d’incertitude

Une silhouette de femme se projette en prenant la forme d’un oiseau. Pour l’artiste, les ombres sont un leurre, et peuvent être une tromperie comme dans un jeu.

Dans “La reproduction interdite” 1937, la peinture est un faux-miroir !

La reproduction interdite
La reproduction interdite

C’est le télescopage entre le vraisemblable avec le livre posé sur la tablette, et la transgression des règles du portrait ; le miroir reflète une image erronée en montrant un homme de dos et non son visage.

Une chose en cache une autre dans “Le fils de l’homme“, 1964

Magritte, Le fils de l'homme
Le Fils de l’homme

René Magritte déclare au sujet de ce tableau «chaque chose en cache une autre, nous désirons toujours voir ce qui est caché par ce que nous voyons. Cet intérêt peut prendre la forme d’un sentiment assez intense, une sorte de combat entre le visible caché et le visible apparent».

Les débuts d’un amoureux des images.

Le jeune René Magritte est lecteur assidu de bandes dessinées, amateur de cinéma et de photographie, sans aucun doute c’est un amoureux des images. Il réalise ses premières toiles pendant la Grande Guerre. A l’Académie royale des Beaux-arts à Bruxelles, il rencontre des artistes de l’Art nouveau, qui comme l’impressionnisme, ne lui procure aucune satisfaction.

Le bouleversement s’opère lorsqu’il découvre le tableau “Chant d’amour” du  peintre surréaliste italien Giorgio de Chirico. Un univers particulier  où des objets familiers sont disposés dans un espace étrange et irréel.

Giorgio de Chirico
Chant d’amour de Giorgio de Chirico

Cette rencontre influence toute l’œuvre de René Magritte. Dans ses toiles le peintre conjuguent la poésie et l’humour, il veut mettre en avant notre difficulté à différencier la réalité et l’image enregistrée par notre cerveau.

«Je veille, dans la mesure du possible, à ne faire que des peintures qui suscitent le mystère avec la précision et l’enchantement nécessaire à la vie des idées»

La saveur des larmes (1948)

La saveur des larmes
La saveur des larmes

Le motif de la feuille d’oiseau est déjà apparu dans une gouache réalisée en 1946. Le peintre conjugue ici le monde végétal et animal dans un décor marin ; image idyllique d’une île, mais aussi une scène plus inquiétante avec la chenille qui mange la feuille.

René Magritte et la publicité

La publicité ? Un art qu’il méprise. Pourtant, pour gagner sa vie, il réalise de nombreuses affiches. Il puise dans son répertoire pictural surréaliste pour accomplir ses compositions.

La première réalisation est pour les “bouillons Pot au feu Derbaix” (1918).

Magritte - affiche : bouillons Pot au feu Derbaix

Beaucoup d’autres suivront jusqu’en 1966 ; la dernière affiche est pour la Sabena, “L’oiseau de ciel”, inspirée du “Retour“, une œuvre de 1940.

Magritte

René Magritte, entre lumière et paradoxes

L’empire des Lumières“, un illogisme déroutant dans cette série de tableaux exécutés entre 1953 et 1954.

L'empire des lumières
L’empire des lumières

Au premier plan, une maison plongée dans le noir, éclairée par un lampadaire s’oppose au ciel bleu azur qui occupe le second plan.

Une association insolite qui nous transporte dans le domaine du rêve, où des personnes ou des objets s’associent alors qu’ils n’ont aucun rapport entre eux.

«Les images doivent être vues comme elles sont, j’aime les images dont le sens est inconnu parce que le sens de l’esprit lui-même est inconnu»

Les peintures de René Magritte sont des rébus, des fables qui poussent l’observateur à s’interroger sur la loi des apparences. Dans son monde onirique l’artiste navigue entre le visible et l’invisible.

«Tout dans mes œuvres est issu du sentiment de certitude que nous appartenons, en fait, à un univers énigmatique.»

Nic Blanchard-Thibault

A lire aussi : Dali surréaliste, de l’inconscient à la psychanalyse

 

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