Juju – Siouxsie and the Banshees – Le deuxième volet de la trilogie John McGeoch
Siouxsie and the Banshees, juste avant JUJU :
Le début des années 80 est une période de transition pour le groupe. Le guitariste des débuts John Mc Cay quitte le navire en pleine tournée. Robert Smith, le chanteur de Cure assure à cette époque avec son groupe la première partie de Siouxsie. C’est donc lui qui naturellement prendra l’intérim’ par amitié. Après une série de concert dans lesquels Robert se retrouve en première et en deuxième partie, Siouxsie recrute un nouveau guitariste, un certain John McGeoch, qui a fait ses preuves au sein du groupe Magazine. Le batteur Kenny Morris quitte également le groupe laissant la place à Budgie, auparavant batteur de The Slits.
C’est donc dans cette configuration mise à l’épreuve une première fois sur l’album Kaleidoscope que le groupe entre en studio pour une quatrième expérience en 1981. Un disque étrangement intitulé Juju. Son nom serait inspiré d’une musique nigérienne basée sur les percussions. Pour en attester, cette pochette mystérieuse sur laquelle un masque africain se fond dans un collage de notes de musique.
Siouxsie And The Banshees – Spellbound (Juju )
L’album JUJU
Ce disque marque également une approche différente dans la composition puisque le groupe teste les chansons sur scène avant d’enregistrer. Juju, selon le bassiste Steven Severin, est devenu involontairement un album conceptuel. Le magazine Sounds l’a d’ailleurs qualifié:
«d’ intriguant, intense, passionnant et puissamment atmosphérique».
L’album Juju atteindra le 7e rang dans les charts britanniques. Il est devenu l’un des plus gros succès discographiques de Siouxsie and the Banshees. Au cours de la tournée qui l’accompagne, Siouxsie et son batteur Budgie se lient secrètement. Il faut dire que les affinités étaient manifestement présentes dès leur rencontre. Les moments de pause pendant l’enregistrement de Juju allaient notamment leur permettre de donner naissance à un nouveau projet parallèle en duo…
Siouxsie et Budgie publieront leur premier EP Wild Things sous le nom de The Creatures en septembre 1981.
Même si le changement de Line Up date du précédent disque (Kaleidoscope 1980) on sent sur Juju une réelle maturité du groupe. Le guitariste John McGeoch et le batteur Budgie sont devenus deux forces créatrices des Banshees. Alors que le guitariste affine durablement la précision des lignes mélodiques grâce à un jeu somptueux et investi, détachant plus que jamais Siouxsie de ses origines musicales nées du punk, Budgie, le marteleur de futs, batteur percussionniste tribal, s’impose comme une force conceptuelle du son des Banshees. Le cadre est ainsi posé: entre froideur Cold Wave et vaudou incantatoire… puissant à vous glacer le sang.
A l’arrière, l’incomparable Steven Severin à la basse. Il maintient la force fondatrice. Au devant, Siouxsie! La grande prêtresse gothique, délirante, lyrique, égérie de son propre personnage est plus que jamais perchée sur les hauteurs enivrantes de son art…
Siouxsie : l’énergie ensorcelante à l’état pure.
Un son unique
Plus que jamais, Siouxsie and the Banshees s’affirment comme un groupe au son unique, reconnaissable instantanément. Les mélodies sont d’ailleurs de plus en plus précises et les compositions gagnent en richesse et efficacité. Neufs chansons éblouissantes présentées dans un album à la construction juteusement orchestrée. Les deux premiers singles SpellBound et Arabian Knights sont de purs joyaux à ranger au rayon des tubes incontestables.
Siouxsie and the Banshees : Arabian Knights ( Juju )
Le magazine Melody Maker considère Juju comme « un des disques britanniques les plus influents de tous les temps ». Un disque quasi intemporel qui a le mérite pour une musique Rock gothique aux accents expérimentaux, d’avoir magnifiquement bien vieilli.
Étonnante est l’évolution musicale de celle qui se confiait en 1999 dans Libération:
« J’aime bien les réactions qui viennent des tripes, inattendues. C’est comme ça que j’ai commencé, sans savoir que j’allais devenir chanteuse. J’étais dans ce club lesbien qui s’appelait Club Louise. J’avais introduit tout le monde du punk à la scène des clubs gay de Londres, car c’était, de façon surprenante, un milieu très hétéro. Malcolm McLaren était là, et il avait absolument besoin d’un groupe de plus pour arriver au chiffre fatidique des 100 groupes, composant une sorte de marathon du punk. J’ai dit banco, sans réfléchir. J’ai passé la nuit à demander aux gens: « Vous savez jouer? Parce que moi, je ne savais pas. C’était en 1976. On a dépassé la date de péremption, n’est-ce pas? ».
Le single Spellbound sort chez Polydor le 22 mai 1981. Il culmine à la 22ième place du classement des singles britanniques en 1981. (Etonnant pour un groupe aussi peu commercial…). Une version longue de la chanson apparaît en 2006 sur la version remasterisée de JUJU.
Siouxsie and the Banshees : French TV Show
Siouxsie était en 2007 l’invité de Nagui pour un Taratata mémorable. Quelques moments d’interviews où elle s’exprime dans un français admirablement maîtrisé. On y apprend de la bouche de l’intéressée comment prononcer véritablement son nom de scène. Ses origines indiennes à la source de l’inspiration, mixées avec son prénom de naissance : Suzie. Une femme aux origines Sioux et le prénom Suzie… Enfin nous savons prononcer le patronyme tant de fois admiré aux détours des pochettes de disques usées par la passion. (Prononcez donc : « siouzi »)
Anecdote :
Siouxsie évoque également la participation de Sid Vicious dans une mouture éphémère des Banshees… Sid batteur, oui, mais le temps d’un concert unique. L’aventure n’aura durée qu’un quart d’heure…
A découvrir, l’interview My Taratata spéciale Siouxsie
Et ce petit supplément backstage…
Auguste Marshal
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