Daniel Filipacchi : créateur de Salut les copains

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Daniel Filipacchi : créateur de Salut les copains

Daniel Filipacchi
Daniel Filipacchi

Mais également patron de presse dynamique

Daniel Filipacchi : son influence a rayonné bien au-delà des années soixante. Tout commence en 1955 avec la naissance d’Europe n°1 et du poste à transistors.
Les jeunes de l’après-guerre commencent alors à avoir un peu d’argent de poche. Ils représentent un marché émergent. Mais ils n’ont pas encore d’environnement culturel bien à eux: pas de presse écrite. (Les illustrés comme Spirou et Tintin sont déjà dépassés, et Pilote, plus adulte, ne sera lancé qu’en 1959).

Ils ont tout le mal du monde à écouter du rock’n’roll, puisque les disques américains sont (presque) introuvables en France.
Bref, il leur faut une radio, une émission phare et un magazine bien à eux.

Dès sa naissance, Europe n°1 avait cerné son auditoire

La future grande station se tourne d’abord vers les plus jeunes avec Europe-Jeunesse, en partenariat avec l’hebdomadaire Spirou. L’émission vivote. La cible des annonceurs, finalement, ce sont les adolescents. Et qui saurait mieux leur parler de rock’n’roll qu’un jeune photographe baroudeur, imprégné de culture américaine et passionné de jazz ?

Déjà animateur, avec Frank Ténot, de Pour ceux qui aiment le jazz, Daniel Filipacchi, en 1959, reprend en mains Salut les copains jusqu’alors animé par Suzie, une jeune Américaine.
Sous son impulsion, SLC / Salut les copains passera d’une demi-heure à une heure et demie, puis deux heures au milieu des années soixante et sera diffusée six jours sur sept. L’émission est alors classée première dans le choix des auditeurs de toutes les radios confondues, devant deux autres émissions d’Europe n°1 (Les Auditeurs mènent l’enquête et Musicorama) et le Quitte ou double de Radio Luxembourg.

Daniel Filipacchi : le grand frère idéal

Sous la houlette de Daniel Filipacchi, les ados n’ont plus envie de «mal tourner». Une réaction salutaire en cette période où l’on parle fréquemment de «blousons noirs», jeunes délinquants dont l’image est souvent associée à tort au rock’n’roll.

 L’ami Daniel est loin d’être un excité

Son style apparemment décontracté convient parfaitement aux jeunes, stressés à l’heure de faire les devoirs du lendemain (l’émission est diffusée entre 17 et 19 heures).
Filipacchi détestait parler, et c’est peut-être justement là que réside son efficacité, à une époque où le public demande « plus de musique et moins de bla bla ». Ecoutez l’extrait d’une émission d’époque

1962-1967 : l’apogée de SLC

En 1962 c’est l’explosion du twist. Tout le monde s’y met, y compris les adultes. Désormais, la musique rythmée ne fait plus peur. Oubliés les « blousons noirs », remplacés par les « yéyés », un peu simplistes mais si sympathiques. Filipacchi, via son émission, « invente » les Idoles des jeunes que sont Hallyday, Anthony, Mitchell, Rivers, Vartan, Hardy, Clark… que l’on n’appelle que par leurs prénoms : Johnny, Richard, Eddy, Dick, Sylvie, Françoise, Petula… sans oublier les incontournables Clo-Clo et Sheila. C’est l’esprit « copains », celui des bandes et des groupes.

L’union avait fait la force

L’esprit « copains » qui prédominait chez les jeunes de 1962 disparut en même temps que les groupes qui dominaient la scène musicale (Chaussettes Noires, Chats Sauvages, Pirates, Champions, Vautours et Daltons). Pourquoi partager en quatre, cinq ou six parts les fruits d’une popularité qui repose sur le leader de la formation ? Chacun, de Eddy Mitchell à Dick Rivers, entame une carrière individuelle tandis que leurs accompagnateurs retournent à l’anonymat. Aucun espoir non plus de reconstitution, l’appel sous les drapeaux réduisant à néant toute perspective d’avenir pour une formation musicale.

Coup de grâce : la mini révolution de 1968 confirme la désaffection du public pour les « yéyés ».
Salut les copains quitte les ondes (mais pas les kiosques) en 1969 après dix ans d’un succès sans précédent dans l’histoire de la radio.
Une révolution dont on n’a pas fini de parler: aujourd’hui encore, lorsque deux quinquagénaires font connaissance, ils imposent immédiatement le tutoiement : «On est de la génération Salut les copains», expliquent-ils en souriant.

Daniel Filipacchi : un patron de presse dynamique

Il serait réducteur de résumer la carrière de FILIPACCHI à une émission de radio, aussi célèbre fût-elle…
Né en 1928, Daniel est le fils d’un éditeur réputé.
Rêve-t-il de devenir plus célèbre encore que son père ?
Pas sûr, car la guerre stoppe net sa scolarité. Il ne reprendra pas ses études, préférant devenir ouvrier typographe. Engagé, d’ailleurs, car il travaille sur des œuvres interdites par le gouvernement de Vichy, notamment des poèmes de Paul Eluard.
A la Libération, il se tourne vers le journalisme, devenant notamment photographe pour « Paris-Match ».

La passion du jazz

Passionné par ce rythme venu d’outre-Atlantique, il effectue des voyages aux Etats-Unis et, même si ce n’est qu’un passe-temps, acquiert bientôt une solide réputation de bon connaisseur de jazz. C’est donc en toute logique que la toute jeune station de radio Europe N°1 lui demande d’animer une émission spéciale le soir de la mort de Charlie Parker (1955). Ne se sentant pas encore assez mûr pour présenter l’émission seul, il fait appel à son ami Frank Ténot.

Un coup d’essai, un coup de maître

Le ton à la fois détendu et très professionnel des deux compères conduit Europe N°1 à leur confier une émission quotidienne, «Pour ceux qui aiment le jazz». Dans la foulée, Daniel rachète la revue «Jazz Magazine», première pièce de son futur empire de presse.
Contrairement à la plupart des fous de jazz, Daniel apprécie presque autant le rock’n’roll.

daniel filipacchi

Daniel Filipacchi – Juillet 1962

Parution du premier numéro du magazine « Salut les Copains »
Son co-directeur, Daniel Filipacchi, annonce au micro d’Europe n°1 qu’il envisage de publier tous les ans une sorte d’almanach destiné aux auditeurs les plus fidèles. Or les premiers exemplaires du premier numéro sont vendus en quelques jours et il convient de procéder rapidement à un retirage.

radio salut les copains

« Nous avions prévu de tirer de 100 à 150 000 exemplaires et c’est pour ça qu’on a tablé sur un prix assez cher, à 1,50 NF. C’est comme ça que nous sommes devenus riches. Si on avait pu prévoir le succès très rapide de SLC, on l’aurait mis à 50 centimes », raconte Frank Ténot (Jukebox magazine n°78).

salut les copains

Le succès dépasse toutes les prévisions

Rien de très étonnant, finalement: Johnny Hallyday était en couverture ! « S.L.C. » devient mensuel et son tirage grimpe à un million d’exemplaires. Europe n°1 ne profite pas financièrement de son succès. Ayant omis de déposer son titre lors du démarrage de l’émission en 1959, ce sont les producteurs (Filipacchi et Ténot) qui s’en sont chargés.

Mais Europe n°1 est une grande famille, et on règle souvent les problèmes au mieux des intérêts de tous les protagonistes. Ténot, grand prince, offre à la radio une confortable somme en dédommagement. En 1964, en échange de messages publicitaires à l’antenne en faveur du mensuel, Filipacchi, qui continue de construire son empire de presse, propose à son directeur de prendre des parts dans le magazine de charme qu’il va bientôt lancer (« Lui »).

Retour à ses premières amours

En 1976, Daniel rachète le magazine dans lequel il avait fait ses débuts, «Paris-Match», alors en difficulté financière. En 1981 il acquiert le groupe Hachette-Magazines : «Télé 7 Jours» marche très fort, et «Elle» également. Le magazine féminin est lancé en édition américaine. Un succès tel qu’il sort ensuite dans 25 pays ! Aujourd’hui, Daniel FILIPACCHI consacre le plus clair de son temps à sa collection d’art.

Pour en savoir plus… UN LIVRE !

Daniel Lesueur

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