Un décès, à 27 ans, est toujours suspect
Alors on invente !
Mort de Jimi Hendrix : Lorsqu’un personnage public extravagant meurt dans des circonstances mal définies, nul ne peut s’empêcher de chercher des causes, des explications, des indices…
Le 18 septembre 1970 mourait Jimi Hendrix. Un mythe naissait, et avec lui l’inévitable cortège de légendes plus ou moins exactes, plus ou moins vérifiées.
Tout comme pour Jim Morrison, mort en 1971 et dont les circonstances du décès ne seront connues avec précision que trente ans plus tard, celles entourant la mort d’Hendrix ne furent révélées que vingt ans plus tard.
Dès janvier, des indices…
Le dernier album publié du vivant de Jimi Hendrix, Band of Gypsys, dispose de trois pochettes différentes, selon le pays : Etats-Unis, France et Angleterre. L’édition anglaise a une histoire quelque peu macabre. Il s’agit de la fameuse pochette dite « aux 4 poupées » (VOIR NOTRE DOCUMENT) au verso de laquelle on reconnaît trois rock stars.
Jimi Hendrix, c’est logique… Bob Dylan, Brian Jones le guitariste des Rolling Stones et John Peel, célèbre animateur de radio britannique. Or il se trouve que (réalité ou intox ?), Bob Dylan avait failli mourir des suites d’un accident de moto en 1966, et Brian Jones était mort six mois plus tôt, retrouvé noyé dans sa piscine en juillet 1969.
Dylan, Jones et Hendrix – ce n’était un secret pour personne – consommaient énormément de drogue. A la mort d’Hendrix, la pochette portait désormais les images, certes sous forme de poupées, de deux défunts sur quatre.
Deux cadavres sur une pochette de disque !
Cela pouvait-il porter malheur à Bob Dylan ? ou à John Peel ? Voire aux deux. L’époque, en effet, baigne dans le mysticisme et les fans décortiquent les pochettes de disques : depuis qu’une rumeur avait couru sur le compte de Paul McCartney (mort dans un accident de la circulation, il aurait été remplacé par un sosie), on n’avait cesse de trouver sur les pochettes des Beatles des indices confirmant la rumeur. Du coup, la pochette de Band of Gypsys d’Hendrix est retirée de la vente.
Septembre 1970 : officiellement, Jimi est mort pendant son sommeil
Il a été étouffé par ses vomissures suite à une intoxication aux barbituriques mélangés à tout l’alcool ingurgité la veille au soir. L’autopsie, en effet, avait révélé que les organes de l’artiste étaient en excellente condition et qu’on n’avait pas relevé la moindre trace de piqûre sur son corps. Elle dévoile donc que son usage de drogue était une pure invention de son manager Mike Jeffery pour « soigner » l’image publique du guitariste fou. Il est dès lors impossible d’empêcher la rumeur de suggérer que Jimi a été victime d’une overdose d’héroïne.
Finalement, la rumeur n’avait qu’une tête d’avance. Ce n’est pas Jimi, mais Janis Joplin, quelques jours plus tard, qui tombera victime de l’héro, une héroïne trop pure, comme celle qui aura raison de Morrison.
Un dossier trop rapidement expédié
Le permis d’inhumer rédigé en 1970 s’achevait sur la formule « insufficient evidence of circumstances, open verdict ». Ce « flou artistique » qui entoure les causes véritables du décès d’Hendrix eut une conséquence fâcheuse et inattendue. Jimi avait souscrit une assurance vie au profit de son père… mais les compagnies qui auraient dû verser deux millions de dollars au père Hendrix prétextèrent que Jimi s’était suicidé par ingestion de tranquillisants.
Mort de Jimi Hendrix – Vingt ans plus tard…
A la suite des révélations de sa girlfriend Kathy Etchingham et de Dee Mitchell, ex-femme de son batteur Mitch Mitchell, une enquête fut ouverte bien tardivement : l’ambulance aurait apparemment pris trop de temps pour arriver, causant le décès du simple fait de son retard.
Nul ne sera jamais d’accord sur les véritables circonstances de la mort. Car une autre thèse circule. Certes l’intervention du service des urgences n’a pas été assez rapide, mais il est possible qu’il soit mort simplement dans les secondes, les minutes qui ont suivi l’appel lancé pour demander une ambulance : son entourage n’avait pas incliné sa tête de manière à empêcher l’étouffement. Dans ce cas, l’équipe d’urgentistes, même parvenue plus rapidement sur les lieux du drame, ne pouvait plus rien faire. Reste une question : pourquoi attendre vingt ans pour révéler des faits d’une telle ampleur ?
Aucun des disques posthumes de Jimi n’a atteint la grandeur des trois albums studio réalisés avec l’EXPERIENCE (Mitch Mitchell et Noel Redding). Alors depuis 45 ans, on ne peut que rêver à ce qu’il aurait pu continuer de faire s’il était resté dans la veine de ses « expériences », toutes réussies de fin 1966 à fin juin 1969, date de son dernier concert avec ses compères. Plusieurs hypothèses…
Au printemps 1969, une rumeur court. Quel est son bien fondé ? Brian JONES, fondateur des Rolling Stones, serait, paraît-il, sur le point de constituer un nouveau groupe avec ses amis John Lennon, qui en a ras le bol des Beatles, et Jimi Hendrix qui ne veut plus continuer de mener l’Experience avec Mitch Mitchell et Noel Redding.
Brian, John et Jimi : l’ultime supergroup. Un rêve.
Un rêve ou une chimère, un délire ? Les trois étaient tellement défoncés à l’époque que, même si l’intention était réelle, rien ne prouve qu’elle aurait pu se concrétiser
« J’ai pris pratiquement toutes les drogues possibles et imaginables, de l’herbe à la cocaïne ; mais je n’ai jamais utilisé d’héroïne, déclare Hendrix en décembre 1969. Et aujourd’hui j’ai tout arrêté »
Brian Jones avait joué du piano sur « All Along The Watchtower » mais Hendrix avait écarté cette version. Brian figure d’ailleurs sur la pochette originale de « Band of Gypsys » de Hendrix, nous l’avons vu plus haut..
Mort de Jimi hendrix – Dans le flou…
En orbite dans les hautes sphères du show business (il est ami avec Eric Clapton, Jeff Beck, Peter Townshend, les Rolling Stones… et les Beatles l’admirent), il se sent totalement déraciné. Sa terre natale, c’est l’Amérique, or c’est l’Europe qui l’a adopté… Il n’entretient pas de relations particulières avec les deux autres membres, anglais, de l’Experience, et le 29 juin 1969, il donne avec eux son dernier concert à Denver (concert que vous pouvez écouter en cliquant ICI).
On dit néanmoins que ce n’est pas Jimi qui a mis fin à l’Experience. On rapporte que c’est REDDING qui l’a décidé, rentrant à Londres immédiatement après le concert de Denver. Selon lui, Jimi avait décidé de recruter des nouveaux membres sans l’en avoir informé, ce qui l’avait fâché et conduit à prendre cette décision.
Désemparé…
Jimi va rameuter un vieux copain de régiment, noir et Américain, pour fonder le Band of Gypsys… Il a rompu avec Chas Chandler, le seul type qui aurait pu avoir sur lui une bonne influence.
Collaborations ?
Yazid Manou a retrouvé un document fabuleux attestant d’un projet de collaboration entre Jimi et Paul McCartney. On sait également que Miles Davis aurait dû enregistrer avec Jimi. Ce qui ne s’est pas fait pour des raisons strictement financières. (Davis avouait avoir rêvé de jouer Machine Gun avec Jimi). Jimi avait en effet suffisamment exploré la pop-rock et le blues, et semblait blasé, au moins du rock. En toute logique, ne restait plus que le jazz. Et il aurait eu fait le tour des principaux courants musicaux modernes des années soixante-dix proches de son tempérament.
Quels autres projets auraient pu aboutir… si Jimi n’était pas mort ?
Il aurait pu se joindre au trio E.L.P. (Emerson, Lake & Palmer) pour fonder un quatuor: l’addition de son initiale « H » aurait donné « H E L P ». Est-ce crédible ?
Daniel Lesueur