Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Ça fait un bout de temps qu’on suit les aventures musicales du compositeur / claviériste lillois Kévin Depoorter. Au sein de différentes formations telles Goodbye Rosa ou Guik, passant de la Pop au Rock, de la Synthpop au Folk, le gars s’est déjà illustré par une virtuosité discrète, un sens mélodique accrocheur, et une envie d’expérimentation. Pourtant, il le déclare lui-même :
« C’est dans la musique électronique que je trouve ma véritable essence, ma voie artistique la plus sincère. »
Ainsi, en 2019, il fonde le projet Magnetic Rust en singleton. Rejekt est son 5e album. Il propose 9 morceaux, sans invités chanteurs cette fois mais aidé par l’ingénieur du son William D.
Dès l’ouverture, Television, on est happé par le séquenceur et la boucle harmonique. Des triturations de voix télévisuelles annoncent les percussions. Une belle entrée dans l’univers voltaïque de MR (Magnetic Rust).
Le single Violence, entièrement instrumental, évoque un Depeche Mode obscur passé par la case Kraftwerk. Impressionnant !
Magnetic Rust – Violence – Rejekt (2023)
La troisième plage, Intrusion, a kekchose de tubesque, de par son découpage rythmique qui balance. Le thème prend de l’ampleur et devient majestueux. Sur tout le LP, Kévin Depoorter maîtrise les codes d’écriture et d’arrangements de l’Electro.
« Mon album invite à un plongeon dans l’âme humaine et dans nos émotions les plus profondes. »
Killer Clown explore nos angoisses enfantines. Le musicien creuse dans les peurs primaires, comme l’exprime à merveille – à horreur serait plus approprié – l’écrivain Stephen King.
Killer Clown
La pièce Heritage est sans aucun doute l’une des plus ambitieuses du recueil. Courant sur plus de neuf minutes passionnantes, avec ses séquences obsédantes et ses nappes synthétiques, elle ne dépareillerait pas dans le répertoire du Tangerine Dream période Tangram, pour vous situer le niveau. Une orientation d’ailleurs que MR pourrait exploiter plus longuement dans une production ultérieure tant l’objectif s’annonce prometteur…
Heritage
Retour sur la piste de danse avec Animal. C’est irrésistible, on ne tient plus, on se lance ! Notons encore une fois l’aisance de Depoorter dans la recherche des sons qui cognent et imprègnent. Il précise d’ailleurs qu’il préfère bidouiller ses claviers qu’uniquement jouer de la souris d’ordinateur…
Une influence revendiquée, Vangelis, plane (Sic !) sur le très beau Space Territory. On navigue entre les tours monumentales d’un Blade Runner intérieur. Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques, écrivait le génial Philip K. Dick. Peut-être écoutent-ils Magnetic Rust dans un univers parallèle ? Franchement bluffant, encore un des pics d’intensité du LP.
Space Territory
Puis, l’implacable Disorder appelle à nouveau aux déhanchements mécaniques. Le genre de rengaines qui ne vous quittent plus les neurones et les pieds !
Enfin, l’album s’achève par la vignette Seasons, un épilogue somptueux pour cet album particulièrement réussi de Magnetic Rust. En conclusion, on contredira quand même l’appellation Rejekt : celui-là, on le gardera !
Magnetic Rust – Rejekt / Rouille Magnétique Records – autoproduction (Son site : Magnetic Rust)
Sortie numérique le 25 Septembre 2023 sur toutes les plates-formes, en CD prochainement.
Bruno Polaroïd
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