BAUHAUS : She’s In Parties

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Arrêt sur image

Le groupe Bauhaus
Bauhaus : David J, Peter Murphy, Kevin Haskins, Daniel Ash

Pour les quatre Anglais de Bauhaus, l’année 1983 s’annonce sous les meilleurs auspices. Leur troisième album The Sky’s Gone Out (Voir notre article) sorti en Octobre 1982, a remporté un réel succès et la reprise voltaïque du Ziggy Stardust de leur parrain Bowie, une version magistrale, les a propulsés vers la reconnaissance du grand public. Par contre, la critique, même britannique, reste souvent hermétique voire hostile au sombre projet de Peter Murphy, Daniel Ash et des frangins HaskinsDavid J et Kevin -. Quant aux fans français, ils désespèrent du peu d’informations dans les médias spécialisés (Best, Rock & Folk…) : quelques lignes, une rare photo, que l’on sacralise telles des reliques.
Le plus réconfortant et en même temps sidérant, c’est que le gang déborde d’une urgence activiste à en faire pâlir plus d’un rocker actuel. En effet, en Janvier paraît leur nouveau single : Lagartija Nick !

Bauhaus – Lagartija Nick (1983)

Magnétique

Caramba, quel morceau ! Dès l’intro, Ash, la main droite sur le chevalet de sa Telecaster, nous accroche par sa rythmique, alors que sur une autre piste, il dégage des ondulations serpentines avec son effet E.Bow. La section basse / batterie de David J et Kevin Haskins adopte une allure à la fois martiale et Glam Rock. Murphy narre les exploits d’un diablotin mi Mephistophélès mi Sacher-Masoch. Daniel Ash en rajoute avec des envols de saxophone et des torsions de cordes. La prestation du gang à Top Of The Pops fin Janvier secoue les écrans alors que Peter Murphy parade en veste de toréador.

Lagartija Nick at TOTP (1983)

Cet habit de dorures remarqué, l’insistance des médias focalisant leur intérêt sur le chanteur, de même que la participation de celui-ci à une campagne de pub Maxell, commencent à agacer les autres, surtout Ash. Faut-il rappeler quand même, Monsieur, Madame, Mademoiselle (Merci Arno ! ), la beauté magnétique du Peter ?

Maxell Tape (1983)

Quoiqu’il en soit, les séances du prochain album doivent débuter de même qu’une série de concerts. Mais coup fatal, Murphy tombe malade d’une pneumonie. Hospitalisé, il doit se mettre en retrait. La tournée européenne est reportée. Les sessions démarrent sans le chanteur. Le micro abandonné par le comte, certains s’en saisissent – Daniel Ash et David J -, au moins pour deux titres (Slice Of Life et Who Killed Mister Moonlight), annonçant ainsi la future configuration de Love And Rockets (Voir leur saga en 4 épisodes). Murphy apprenant ce crime de lèse-majesté, les tensions reviennent et s’accroissent à son retour. C’est dans ce contexte d’irritation que le quatuor réussit à sortir ce bijou en Avril 1983 : She’s In Parties.

Bauhaus – She’s In Parties (1983)

Leur passion pour le Dub

Après une montée de guitare – bande inversée -, un coup de caisse claire entame le thème. Ash alterne chorus mélancoliques tout en flanger, rythmique reggae et power chords sur les accélérations, l’une de ses meilleures lignes de guitare. D’autres notes à l’envers parsèment le morceau. L’idée géniale est apportée par les frérots Haskins qui décident d’honorer leur passion pour le Dub. D’où la basse tellurique de David sur sa Fender Precision fretless, à remuer un moribond et une démonstration de battements décomposés de Kevin. Là-dessus, Murphy brode de sa plus belle voix un canevas de citations cinématographiques, hommage, dira-t-il plus tard à Marilyn Monroe. Il assure également un solo inattendu de mélodica pendant les ponts. Les trois autres lui répondent par des chœurs fantomatiques. Notons aussi le somptueux travail des ingés sons : Derek Tomkins, Ted Sharp et un certain Gerry (?).

Bauhaus : She's In Parties
Bauhaus : She’s In Parties, pochette du maxi

Learning lines in the rain
Special effects by Loonatiks and Drinks
The graveyard scene
The golden years

She’s in parties,
It’s in the can
She’s in parties,
It’s in the can

Freeze frame screen kiss
Hot heads under silent wigs
Fall guys tumble on the cutting room floor
Look-a-likes fall on the cutting room door

She’s in parties…

Learning lines in the rain,
Special Effects by Loonatiks and Drinks.
Freeze frame screen kiss,
Hot heads, lights and powder,
it’s patently obvious

She’s in parties…

Hot lines under a rain of drums
Cigarette props in action,
Dialogue dub, now here’s the rub,
She’s acting her reaction

She’s in parties,
It’s in the can…

La vidéo réalisée par Howard Guard dans un superbe noir et blanc, avec certains plans en nuit américaine et quelques flashs de couleurs, accompagne la révélation de ce titre extraordinaire, même si par chez nous, peu la voient (On est encore loin de YouTube !). Pourtant, c’est encore un prétexte de dissension entre Murphy et son trio de musicos, ces derniers reprochant à nouveau la mise en avant du chanteur, d’où d’ailleurs leur danse enfantine lors d’un plan. Quant à la version longue de She’s In Parties en maxi, avec son extension instrumentale, elle emporte les jeunes gens modernes dans les clubs et participe ainsi à la légende du titre, largement au delà des fans en noir. Le quatuor a l’une de ses dernières clairvoyances en la proposant en ouverture de l’album Burning From The Inside en Juillet 1983. Elle illumine ce recueil où domine la dispersion des égos.

She’s In Parties (Long Version) – Burning From The Inside (1983)

Après quelques ultimes concerts mémorables, alors que She’s In Parties grimpe dans les charts et devient l’autre totem du groupe avec Bela Lugosi’s Dead, Bauhaus se sépare à la sortie de son 4e opus, un arrêt sur image jusqu’à la fin du XXe siècle…

She’s In Parties at TOTP (1983)

 

Bruno Polaroïd

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