LOVE AND ROCKETS : les avatars des musiciens de Bauhaus – 1re partie

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Les albums Seventh Dream Of Teenage Heaven et Express

Le trio Love And Rockets
Love And Rockets : David J, Daniel Ash, Kevin Haskins

En 1983, Bauhaus, le premier groupe dit gothique, se met en sommeil et se fragmente au grand désespoir de leurs fans en noir : d’un côté le ténébreux et magnétique chanteur Peter Murphy, de l’autre les trois musiciens, Daniel Ash, guitares hérissées et saxo épileptique, David J. basse fretless grondante, et son frère Kevin Haskins, batterie hypnotique tribale. Pour beaucoup, le trio seul, sans voix, a bien peu de perspectives.
C’est mal connaître les gars. Déjà, Daniel et David assuraient les chœurs, notamment dans les dernières œuvres du gang. Et ils avaient aussi pris le micro principal pour le titre Slice Of Life, lors de l’enregistrement cahotique – Murphy souffrant de pneumonie – de l’album Burning From The Inside.

Bauhaus – Slife Of Life – Burning From The Inside (1983)

De même, le guitariste et le batteur avaient déjà ferraillé au sein du projet Tones On Tail en compagnie du bassiste Glenn Campling.

 

UNE BD ET LES TEMPTATIONS

Très vite, les musicos de Bauhaus prennent la décision de rester à trois, Ash et David J. assumant ensemble ou à tour de rôle les chants. Quant à leur appellation, ils la choisissent en hommage à la BD du même nom des dessinateurs ricains Hernandez.
Comme premier titre officiel de Love And Rockets en 1985, les trois reprennent… Ball Of Confusion des Temptations, un choix audacieux indiquant ainsi qu’ils n’exploiteront pas forcément les territoires sonores du Bauhaus originel et qu’ils n’auront aucune barrière.
A la surprise générale dont celle du trio lui-même, cette version iconoclaste cartonne dans les clubs, et surtout au Canada. Le projet est lancé !

Love And Rockets – Ball Of Confusion (1985)

 

SEVENTH DREAM OF TEENAGE HEAVEN (1985)

Leur premier opus suit le principe de détachement par rapport à l’œuvre antérieure du Bauhaus en proposant des titres plus longs, sans l’urgence électrique et inquiétante du protogroupe batcave. Les orientations lorgnent parfois vers une Pop barrettienne colorée de spiritualité hédoniste à l’instar de l’introduction du LP. Oui, ils sourient même dans le clip…

If There’s A Heaven Above – Seventh Dream Of Teenage Heaven (1985)

Le trio invente aussi une sorte de Progressive Rock New Wave, tel ce titre générique où Ash en utilisant un effet E-Bow sur sa Telecaster rappelle les longues stridences en sustain de Robert Fripp. Avec son assise rythmique quasi mécanique, c’est un thème vraiment étonnant.

Seventh Dream Of Teenage Heaven

Autre particularité sonore de ce disque, le guitariste réputé pour son jeu électrique y utilise souvent sa Taylor acoustique 12 cordes. Évidemment, cela donne une tonalité plus apaisée et dénote aussi les influences de Marc Bolan version folk avec la première formation de Tyrannosaurus Rex.

Haunted When The Minutes Drag

Quant aux voix, en chœurs, à l’unisson, ou en dialogues, elles compensent sans problème l’absence d’un Murphy. Daniel Ash se distingue par une voix plus rauque et sensuelle tandis que David J. évoque les intonations réverbérées d’un John Lennon, carrément !

On remarquera aussi l’apport des claviers joués par le coproducteur John A. Rivers ou par les gars eux-mêmes.

Dog End Of A Day Gone By

En conclusion, les trois glissent un instrumental mélancolique à l’intitulé portugais de circonstances, Saudade. Encore une fois, une création bien loin des affres et angoisses de leur passé.
Enfin, la pochette au bleu très anglais comporte le fameux logo emblématique du trio qu’on vous laissera analyser. Le collage intérieur s’avérera sous emprise lysergique d’après les propos de David J.
Ce volume initial déconcertera quelque peu les hordes gothiques mais séduira aussi par son originalité et ses nouvelles pistes musicales.

 

EXPRESS (1986)

A peine une année après leur première livraison, le trio dégaine ce superbe disque. Cette fois, Ash ressort sa Telecaster et son saxo et ses deux acolytes reboostent le tempo. On prend l’express pour un voyage en huit étapes éclatées tout en fuzz, réverb, écho et ondulations néopsychédéliques. Les gars en rajoutent avec les citations mystiques et ça donne de petites merveilles Glam et Psyché comme Kundalini Express, deuxième gare visitée par le train de Love And Rockets

Love And Rockets – Kundalini Express – Express (1986)

Les deux versions de All In My Mind, l’une Poppy et solaire, l’autre acoustique et contemplative ponctuent chaque face. Ash multiplie les trouvailles sur sa Fender. Le gus, admirateur de Mick Ronson, n’a jamais voulu être un guitar hero, juste un musicien différent. Il s’éclate sur les riffs de Life In Larelay, épilogue de la première face ou multiplie les arpèges dissonants sur le vénéneux et sexy Love Me.

Love Me

Les trois réussissent même à citer pêle-mêle Rockabilly frénétique, chants Folk, délire Psyché et humour absurde dans le fameux Yin And Yang (The Flowerpot Man). On salue d’ailleurs la performance de la rythmique des frangins Haskins, excellente sur tous les morceaux comme toujours. A voir aussi dans la vidéo, l’apparition des Bubblemen, un vieux fantasme de Daniel Ash

Yin And Yang (The Flowerpot Man)

Enfin, alors que le gang commence à tourner aux States, ils se fendent d’une ultime pépite douce amère sur les espoirs et désillusions du Rêve Américain. Le titre à tiroirs dominé par la 12 cordes de Ash, présente une intro mélancolique, suivi d’une accélération inattendue et d’un final en majesté avec chœurs. Cette grande leçon d’écriture conclut le LP d’une manière magistrale.

An American Dream

Notons à nouveau la participation du producteur John A. Rivers aux claviers et la pochette avec variation du logo sur trame de roses noires, en poster dans la version vinyle originale.

Considéré par beaucoup comme le meilleur album de Love And Rockets, ce second disque, appuyé par des concerts décapants, apportera au trio une reconnaissance critique et publique, notamment au Canada et aux États-Unis, à en rendre jaloux une Diva comme Peter Murphy.
Enfin, Love And Rockets n’ayant jamais négligé ses Singles, l’on vous conseille de jeter une oreille ou deux sur leurs faces B, souvent en bonus CD : Inside The Outside, Holyday On the Moon ou cette belle cover du Pink Floyd période Syd Barrett

Love And Rockets – Lucifer Sam (Pink Floyd) – (1986)

A suivre…

Bruno Polaroïd

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