Music for the Masses, le sacre de Depeche Mode

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Un succès puisé dans les abîmes de Martin Gore

Music for the Masses

Music for the Masses n’a pas révélé le groupe Depeche Mode. Durant l’année 1986, le groupe de Basildon commence déjà à obtenir une certaine crédibilité auprès des critiques, après la publication de l’album Black Celebration. Affirmant avec plus de conviction leur penchant pour l’univers électronique et glacé de Kraftwerk, leur pop à tendance cold wave, illustre parfaitement le malaise urbain du milieu des 80’s.

Pendant que Simple Minds et Duran Duran s’orientent sur un registre pop rock, Depeche Mode fait le choix tranché d’obscurcir la totalité de ses compositions. Bien leur en a pris. En 1987, l’inspiration angoissée de Martin Gore marque leur style, devenu identifiable entre mille, au moment de la publication de leur sixième opus. Leur premier coup de maître, l’album Music for the Masses.

Depeche Mode – Nothing

Afin de se défaire de leur image de coiffeurs faiseurs de tubes, Depeche Mode engage le photographe et clippeur néérlandais Anton Corbijn, notamment pour son travail avec Joy Division. La griffe sobre et noir et blanc de ce dernier, les présente tel un groupe arty, presque austère, à la limite du gothique, façon Bauhaus. Au même titre que leur musique, leur image gagne en crédibilité.

Depeche Mode – Little 15

L’album Music for the Masses propose un mélange de titres proches du conceptuel, et de tubes mélodieux et efficaces aux instrumentaux affutés comme le hit Strange Love

Depeche Mode – Strange Love

“I’m taking a ride with my best friend”

Il semblerait que cette phrase introductive fasse référence à une amie de nature vaporeuse, à la fois apaisante et toxique, fidèle compagne de Martin Gore

L’excellent rock synthétique Never Let Me Down Again, procure en effet, une douce euphorie hypnotique. Avec un motif de batterie imposant puisé chez Led Zeppelin, un riff de guitare photonique signé Martin Gore, et un clin d’œil adressé au groupe Soft Cell sur le final, Depeche Mode délivre l’une de ses plus grandes compositions. Un titre impérissable, à la fois singulier et tout-terrain, avec lequel le groupe va bientôt clôturer ses concerts.

Never Let Me Down Again

La qualité mélodique de l’album est comme souvent incontestable. Mais le décor s’est densifié. Alan Wilder et Martin Gore sculptent des édifices métalliques sur des terres de désolation. Le second délivre deux ballades spatiales de toute beauté, sur le désir et la fragilité des relations amoureuses. L’anxiogène I Want You Know, et ce petit bijou de paranoïa sentimentale…

Depeche Mode – The Things You Said

Troisième single extrait de l’album, Behind the Wheel fixe le style ombrageux et hypnotique du groupe. Voix monocorde et instrumental lancinant, ce road-trip moderne entraîne l’auditeur dans les bas-fonds urbains et les forêts obscures. Bien loin des highway américaines ensoleillées…

Depeche Mode – Behind The Wheel

L’essence de Depeche Mode devient la faculté qu’a Martin Gore à écrire des messes noires pour la voix envoûtante de prédicateur de Dave Gahan. Ce moyen de locomotion leur permet de voyager plus loin, de multiplier les changements d’atmosphère. Tous deux fans des Cure, constituent un genre de Robert Smith à deux têtes.

Depeche Mode

Semblant s’efforcer de percer le voile qui nous sépare d’une conscience accrue, mais aussi d’autres mondes, Martin Gore se risque à s’aventurer dans le mystique et le spirituel. Le titre qui suit, porté par le chant céleste de Dave Gahan, est une véritable confession de foi.

Depeche Mode – Sacred

L’opus est produit par le groupe, avec l’aide de David Bascombe (Peter Gabriel, Tears for Fears). Comme sur l’album précédent (Black Celebration), Depeche Mode utilise généreusement l’échantillonnage. Mais leur faculté à créer des univers et des compositions riches a gagné en maturité. Rien à jeter sur Music for the Masses. Le groupe propose une matière plus dense et impose son style avec une force accrue. D’ailleurs son énorme succès résulte essentiellement des trois singles extraits. La teinte globale de l’album est plus proche de la musique expérimentale que de la new wave. D’ailleurs, le titre de l’album (“Musique pour les masses”) est en fait ironique, et répond au conseil qui leur avait été donné de se cantonner à la musique commerciale.

Agent Orange

Publié le 28 septembre 1987, Music for the Masses est une étoile dans l’obscurité. Une noirceur galactique dans laquelle on se surprend à se complaire, tout en sachant que la lumière de la lune n’est jamais bien loin. Un album envoûtant qui rivalise avec les plus grands de la décennie 80 (Melt, Hounds of Love).

depeche mode

Depeche Mode est alors propulsé dans une nouvelle dimension médiatique, et Martin Gore devient un genre de poète humanoïde, troublant et fascinant. Le Live 101, publié l’année suivante, sacralise leur statut de légende. En attendant l’album Violator

Serge Debono

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