Riffs, polyrythmies et chants tribaux
Quand on recherche Bafang sur le net, on se retrouve immédiatement avec des moteurs pour bicyclette électrique, belle image pour un groupe aussi énergique !
Car Bafang c’est aussi un duo de frangins, Lancelot Harre, guitares / chant et Enguerran Harre percussions / chant. Les spécialistes du Rock d’ici, et plutôt Made In Normandie, connaissent bien ces gus. Ensemble ou séparément, ça fait une bonne douzaine d’années que les deux zigues originaires d’Évreux – « La première date française d’Hendrix » aime raconter Enguerran – écument les scènes avec leurs différents gangs : OXP, les Slaughterhouse Brothers, Ashes Warriors, ou dernièrement Fiervilla, que Serge Debono vous a déjà présenté avec enthousiasme (Fiervilla II : comme un parfum d’Americana). A chaque fois, leurs projets se distinguent par des prestations scéniques impeccables et des albums vraiment accrocheurs.
Slaughterhouse Brothers – Time And Yards – The Man Is Gone (2016)
AFROROCK SURÉNERGISÉ
Depuis 2016, les wonder frangins ont décidé de travailler enfin en duo, en combinaison resserrée chants / guitare / percus pour taquiner l’électricité tout en rendant hommage à leurs origines africaines, leurs grands-parents venant du Cameroun. Auditeurs maniaques aussi bien de Led Zeppelin et des Talking Heads – période Remain In Light bien sûr – que de Manu Dibango et de Fela Kuti, les gars dégagent donc un Afrorock surénergisé, où se mêlent riffs obsessionnels, polyrythmies et chants tribaux.
Bafang – Ibabemba Live – Kubb Sessions (2018)
De leur patronyme, choisi parce que c’est la ville camerounaise de leurs aïeux, jusqu’à l’utilisation de dialectes locaux comme le Bamiléké, le duo incarne ainsi une rencontre bienvenue entre les finalités et les origines.
Mounaye (2020)
SCENIK MAKOSSA
Leur premier album Elektrik Makossa sorti fin 2020 chez SoulBeats Music est un appel à la danse frénétique et positive, sans équivalent dans le Rock Français actuel. L’intitulé rend hommage au grand Manu Dibango et à son titre Soul Makossa. Dès le premier morceau du disque, les gars de Bafang vous tiennent et ne vous lâchent plus, on est emporté dans leur tourbillon fiévreux de rythmes, de cordes et de chœurs. A peine nous accordent-ils un morceau rêveur avec le bonus CD Essaouira, belle carte postale sonore des deux voyageurs.
Elektric Makossa Full Album (2020)
Enfin, leur incarnation prend tout son sens sur les planches, lors des concerts de la paire. Il faut voir Lancelot, penché sur sa guitare demi-caisse, balançant des suites de notes envoûtantes sur son usine à gaz, comme il dit en présentant ses boîtes d’effets et ses amplis, tandis qu’Enguerran amorce un nouveau battement sur sa caisse claire tout en chantant une ode à la transe. Scenik Makossa et Ambiancement garantis dans le public ! Les frérots de Bafang tournent beaucoup, allez donc les découvrir quand ils restent dans la lumière…
Bruno Polaroïd