La Belgitude Rock : dEUS – 2e partie

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LES ALBUMS de Pocket Revolution à Following Sea !

Photo de dEUS
dEUS depuis 2005

CECI N’EST PAS UNE PAUSE (2000 – 2004)

Après le succès de The Ideal Crash, considéré par beaucoup comme le chef-d’œuvre des Flamands, et une longue tournée épique avec danseurs – de Alain Platel – et autres cracheurs de feu, Tom Barman et ses acolytes marquent une pause. Bon, comme on est chez dEUS, certains délaissent vite le farniente. A l’occasion d’une première compilation, No More Loud Music (2001), les gars se retrouvent pour la création d’un titre inédit, le mélancolique Nothing Really Ends, un thème prémonitoire…

dEUS : NOTHING REALLY ENDS (2001)

Ensuite, Tom Barman réalise son premier film, Any Way The Wind Blows (2003), un long métrage tourné à Anvers qui prolonge l’univers sensible et attachant du chanteur. Bande son bien sûr importante, dont le morceau Summer’s Here, une composition du duo Magnus, en fait un avatar Electro Dance de Tom et du DJ C.J Bolland.

Quant au bassiste Danny Mommens, associé à la charmante Els Pynoo, il lance le projet Synth Pop décalé Vive La Fête, très vite apprécié sur les dance floors.

 

POCKET REVOLUTION (2005)

S’il y a bien une révolution de poche, elle ne sera pas de velours pour dEUS. En effet, premier accroc, Jules De Borgher, batteur historique, quitte son poste pour des raisons incertaines. Arrive donc aux baguettes l’excellent et inépuisable Stefan Misseghers, batteur – et bon choriste – déjà connu dans Soulwax. Les gars enregistrent comme prémice du nouvel LP, le single décapant If You Don’t Get What You Want (2004).

dEUS : IF YOU DON’T GET WHAT YOU WANT LIVE (2004)

Les sessions pour ce nouvel album continuent. Le gang joue quelques dates particulièrement fortes, mais également tendues au sein même du quintet. Résultat de ces dissensions internes, Craig Ward, le guitariste puis Danny Mommens le bassiste abandonnent l’aventure, en plein enregistrement.

Quelles que soient les raisons de ces départs, Barman se retrouve sans bassiste, et surtout en l’absence de Ward, sans guitariste soliste, second chanteur et complice d’écriture. Il racontera plus tard sa tentation de tout laisser tomber. Mais le bonhomme, c’est visible sur scène, dégage une sacrée énergie positive, et il reste quand même Klaas au violon / claviers plus le petit nouveau Stefan.

Finalement les rejoignent le bassiste émérite – et aussi choriste – Alan Gevaert, ex musicien d’Arno, excusez du peu, et le guitariste-chanteur Mauro Pawlowski, transfuge du groupe Evil Superstars. Cette fine équipe, aidée de vrais amis – Stef Kamil Carlens – termine enfin ce 4e album.

Pochette de Pocket Revolution
Pocket Revolution

Tout cela et plus encore, Pocket Revolution le raconte et le révèle. Et qu’on se le dise : c’est un GRAND album, mais malade, comme certains films culte ou le double blanc des Beatles.

Déjà, il s’affirme comme l’opus le plus rock des Anversois, avec un déferlement de guitares et de violon électriques. Evidemment, chez dEUS, la notion de rock y est concassée dans des arrangements audacieux, en strates et arpèges de guitares saturées. Ainsi l’ouverture Bad Timing, et sa ligne continue de Fender triturée par Mauro Pawlowski, avec effet E.bow, plus une boucle rythmique à la Roses (In A Bar, Under The Sea) et ce premier vers, étonnant pour ce titre comme pour l’atmosphère du LP :

“Everything Is Quiet”…

dEUS : BAD TIMING (2005)

L’ensemble du disque est traversé par ces éclairs, peut-être évocateurs et libérateurs des tensions, Stop-Start Nature, If You don’t Get What You Want, Nightshopping, Cold Sun Of Circumstance et le sommet Sun Ra, hommage au musicien cosmique, où Stef Kamil Carlens hurle à la Lune dès l’intro monstrueuse, près de 7 minutes suffocantes.

dEUS : SUN RA (2005)

Entre ces orages, les gars ont glissé des ballades, dont ils gardent le secret, toutes en chuchotements et douceurs amères : 7 Days, 7 Weeks, Include Me Out, The Real Sugar, ou à nouveau Nothing Really Ends. Ce qui bien sûr confirme l’éclatement des sons et des sentiments, comme le White Album de qui vous savez.

dEUS – 7 DAYS, 7 WEEKS (2005)

Et il y a enfin ces thèmes où les Anversois jouent avec nos nerfs et nos réminiscences, mélangeant citations et influences, comme le titre éponyme Pocket Revolution, et ses cassures rythmiques, ou ce What We Talk About (When We Talk About Love), sur une loop robotique, Tom Barman déclame tel un J.J Cale de dancing…

dEUS : WHAT WE TALK ABOUT (WHEN WE TALK ABOUT LOVE) (2005)

A l’écoute, cet effet de montagnes russes émotionnelles, en crescendos furieux ou colériques et en descentes faussement apaisantes, a de quoi déconcerter, surtout sur la durée – plus d’1 heure -. Mais, hors de question de répliquer The Ideal Crash et son déroulé parfait. Les circonstances ont fait de toute façon pour qu’il n’en soit pas autrement.

Enfin le visuel de ce volume. On renoue avec les dessins, une impressionnante scène de science-fiction de Don Lawrence, et au verso, un cliché couleurs d’une probable brocante, où l’on remarque parmi les tableaux accrochés en pagaille une photographie du dEUS en renaissance…

Attendu depuis 6 ans, Pocket Revolution convaincra à nouveau les esthètes et les fans. Et Tom repartira avec son nouveau gang défendre cette belle œuvre.

 

VANTAGE POINT(2008)

Issue de la crise de Pocket Revolution, la nouvelle configuration de dEUS s’avère la plus stable et la plus harmonieuse. Tom Barman retrouve enfin un collectif volontaire et créatif, d’autant plus que les gars peuvent tous cette fois participer aux chants, et qu’ils débordent d’enthousiasme.

Pochette de Vantage Point
Vantage Point

Après une série de concerts mémorables en compagnie d’Arno et une floppée d’artistes belges contre la montée de l’extrême-droite en Belgique sort l’album Vantage Point (2008), du nom de leur nouveau studio personnel. Les compos s’affichent marquées par un travail sur les 5 voix, en échanges ou en chœurs.

Un bon LP, plus court et moins tortueux que Pocket Revolution, présentant son lot de pépites, le tonitruant The Architect, citation de Richard Buckminster Fuller, et son appel aux déhanchements…

dEUS : THE ARCHITECT (2008)

Ou le syncopé Slow, boucle d’accords, ligne de basse tellurique d’Alan, batterie éclatée et chœurs collectifs, avec notamment la participation de la chanteuse du duo électro The Knife, Karin Dreijer Andersson.

dEUS : SLOW (2008)

Quant à la ballade Eternal Woman, chantonnée également par Lies Lorquet, la bassiste des collègues Minstkov, elle confirme une fois encore la maîtrise et la sensibilité du quintet.

dEUS : ETERNAL WOMAN (2008)

La pochette, à nouveau picturale, a été réalisée par le peintre flamand Michaël Borremans.

L’album cartonne un peu partout, comme en Belgique ou aux Pays-Bas, porté par le tubesque The Architect, même si cette fois, certains lui reprochent un son soi-disant trop conformiste, un comble pour dEUS, alors que d’autres le classent dans les meilleurs opus de 2008, on préférera la seconde option.

 

KEEP YOU CLOSE ET FOLLOWING SEA (2011 – 2012)

Enfin, les derniers albums, Keep You Close (2011) et Following Sea (2012), sortis coup sur coup, qui auraient pu constituer les 2 volumes d’un double LP. Enregistrés à l’ancienne, surtout dans le repère des Anversois, ils comportent toujours cette exigence d’expérimentation et d’ouverture d’esprit.

Preuve en est cette collaboration avec orchestre à cordes pour l’introduction Keep You Close, et ses cloches tubulaires…

dEUS : KEEP YOU CLOSE (2011)

Le faussement poppy et enjoué Ghost en surprendra plus d’un avec sa conclusion, de même que sa vidéo iconoclaste aussi glauque et trash qu’un court métrage de Tarentino

dEUS : GHOST (2011)

Pour le début de Following Sea, Tom Barman se met au Français dans le très beau Quatre Mains, et son indéniable côté polar gainsbourien, une expérience concluante dont on espère une suite.

dEUS : QUATRE MAINS (2012)

Plus loin, après Girls Keep Drinking, un délire narratif à la Prince, la vignette Nothings, renoue avec les frissons mélancoliques des premières heures de la bande.

dEUS : NOTHINGS (2012)

Le final One Thing About Waves – quel beau titre ! – et son riff d’accroche obsédant évoque par sa complexité et sa force les fresques sonores concluant The Ideal Crash.

dEUS : ONE THING ABOUT WAVES (2012)

Pour les pochettes, retour aux photos : deux entomologistes un peu rétro en goguette et en observation pour Keep You Close et une Marine pour Following Sea.

Cette fois, ces 2 volumes rencontreront avis élogieux et reconnaissance publique. Et puis, dEUS, c’est le plus grand groupe belge, non ?

ÉPILOGUE

En 2014, une compilation pour une fois impeccable, Selected Songs : 1994 – 2014, réunira en 2 parties, les étapes de cette sacrée histoire belge.

Fin 2016, le ténébreux guitariste Mauro Pawlowski quitte le club, remplacé par Bruno De Groote. Mais celui-ci tombant gravement malade, retour donc du Mauro en 2021…

Depuis 2019, dEUS fête les 20 ans du désormais incontournable The Ideal Crash par une série de concerts à la mesure de l’événement. Interrompues par la crise sanitaire, ces performances ont repris, et il faut avoir vu Barman et ses gars sur scène pour comprendre l’intensité de ce groupe unique, quand en plein morceau, le Tom commence à pousser littéralement ses potes à sortir du cadre…

dEUS – LIVE AU MAIN SQUARE FESTIVAL (2013)

 

 

 

Bruno Polaroïd

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