BORN IN THE USA, et Springsteen devint le boss des 80’s

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Quand le gamin du New Jersey se transforme en icône…

Springsteen

Le fougueux et inoubliable Born in the USA fait suite au sublime et intimiste Nebraska (1982). Bruce Springsteen avait alors délaissé ses fidèles acolytes du E Street Band. Il les retrouve en 1984, pour l’élaboration d’un album référence.

En réalité, Nebraska, album épuré et acoustique, est constitué de démos puisées dans un réservoir de 80 chansons écrites par le Boss au cours de l’année 1982. Born in the USA provient du même filon. Le compositeur peine à choisir, et opte finalement pour les titres créant la meilleure émulsion avec le groupe.

Dans la veine des précédents, l’album est une collection d’histoires retraçant le quotidien des exclus et des oubliés de l’American Dream. Ceux que le temps et les changements de gouvernements regardent flétrir, le corps usé par le travail, les yeux délavés par l’espoir.

Bruce Springsteen – Working on the Highway

Cette fois, la teinte instrumentale met en exergue un rock glorieux, et emprunte aux airs entraînants des sixties, tout autant qu’aux sonorités New Wave. Springsteen publie un manifeste de rock américain, témoignant de la souffrance des siens sous le gouvernement Reagan durant les 80’s. Mais sa pochette, son titre éponyme, et l’énergie qui s’en dégage, vont générer une certaine incompréhension auprès du public.

Bruce Springsteen – Cover Me

Lorsque le Boss pose en tenue de chantier devant la bannière étoilée pour la photographe Annie Leibovitz, il n’imagine pas une seconde que les conservateurs du pays vont en faire leur étendard. En 1988, après avoir maintes fois expliqué que son titre n’avait rien de nationaliste, et était dédié aux classes populaires et aux sacrifiés de la guerre du Vietnam, il doit pourtant s’opposer à l’utilisation du titre Born in the USA par un George W. Bush en campagne. En réaction à l’intervention américaine en Afghanistan, il en fait un hymne de paix durant sa tournée de 2002.

Bruce Springsteen – Born in the USA

I’m on Fire, écrit en 1982, est le premier titre de Springsteen comprenant des sonorités synthétiques. Celle ballade tendre et sensuelle, est magnifiée par le sublime écho de sa voix, et un arpège de rockabilly adouci…

Bruce Springsteen – I’m on Fire

Peu de temps avant la publication de l’album, le manager Jon Landau tanne Springsteen pour inclure une dernière piste. Un titre taillé pour les ondes. Ses récentes compositions ne manquent pourtant pas de mélodies accrocheuses. Furieux, le Boss l’envoie paître. Seulement, une fois rentré dans sa maison de Los Angeles, inspiré par son coup de nerfs, il se met à écrire. La contrariété donne parfois naissance à des merveilles…

Dancing in the Dark est la dernière piste enregistrée par le compositeur, et le premier single extrait de l’album. Doté d’un riff de synthé très tendance, il brille par sa fusion entre rock’n’roll et new wave. La mélodie entêtante et le chant entraînant, ont alors raison des puristes les plus sceptiques. Le clip, matraqué quotidiennement par MTV, voit les débuts de l’actrice Courtney Cox.

Dancing in the Dark

Sept singles sont extraits de l’album publié le 4 juin 1984. Ils rencontrent tous un franc succès auprès du public. Siégeant désormais sur le trône des hits parade, aux côtés des stars de la pop, Michael Jackson, Madonna et David Bowie, Bruce Springsteen connaît alors un pic de popularité, que jamais il ne retrouvera.

Glory Days

C’est un choix délibéré. En effet, pas très à l’aise avec son nouveau statut d’icône, il faudra trois ans à Springsteen, avant de renouer avec le public et la scène. L’album Tunnel of Love sera suivi d’une nouvelle pause, plus longue encore. Les années 90, lui permettront d’accéder à une reconnaissance plus saine et mesurée, sans les affres du phénomène de mode.

Springsteen (Dancing in the Dark)

Car au-delà de son indéniable talent, c’est bien son naturel qui a conquis les cœurs. Qu’il soit pop star, rocker, ou folkeux, Bruce Springsteen séduit encore aujourd’hui un large public, par sa simplicité, son énergie et sa générosité. Un artiste né pour la scène, et dont les seules aspirations sont d’expier et de communier. Le Boss, l’image populaire et chaleureuse d’une spiritualité américaine avec une seule dévotion : la musique !

Serge Debono

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