The Clash : énergie brute et canalisée, malgré une production cheap.
Février 1977, The Clash entre en studio pour y produire son premier opus percutant. Un disque persuasif et indispensable qui sortira deux mois plus tard le 8 avril 1977. Déjà largement électrifié par le punk américain, des Ramones aux Heartbreakers, la déferlante australienne avec Radio Birdman et les Saints, l’Angleterre accoutumée aux premiers singles des Sex Pistols, va recevoir en pleine face ce disque brûlant de fougue et de talent. L’effet est direct : aussi explosif qu’un bâton de dynamite.
Il est intéressant de réécouter la restitution de cette énergie brute. Les guitares sont incisives et tranchantes et la production est supérieure à pas mal de disques punk sortis cette année là. Et pourtant…
Les conditions d’enregistrement assez limites, ne laissaient guère présager un tel résultat. Peu de moyens, matos pas toujours en bon état, mais qu’importe, la détermination est solide. Même le batteur est provisoire, Terry Chimes sera bientôt remplacé par Topper Headon, quelques temps après la sortie de ce premier album.
A la fin de la courte session d’enregistrement, la production leur demande d’ajouter un titre à l’album. Ce sera une reprise. Et marque déjà bien ancrée de leur pluralisme culturel, The Clash optera pour un reggae interprété alors par le jamaïcain Junior Murvin: Police and Thieves. L’arrangement et la couleur punk rock est une réussite grandiose. Elle affirmera dès lors l’union entre le Punk et le Reggae, dans la force du militantisme contestataire. Une voie ouverte, que le Clash n’hésitera pas à explorer à l’avenir.
D’autres groupes talentueux, comme The Ruts à partir de 1979, enfonceront définitivement le clou… souvenez-vous de Jah War.
White Riot : révolution Blanche
Tout comme The Ruts, cette même injustice envers la communauté noire motivera The Clash à écrire leur 1er single (sortie le 18 mars 1977) White Riot. Cruauté arbitraire vécue en direct le 31 août 1976 lors des émeutes de Notting Hill par Paul Simonon et Joe Strummer. Ce carnaval qui était à l’origine une célébration de la culture caribéenne se transforme rapidement en carnage. A la suite de l’arrestation d’un pickpocket, une violente bagarre éclate entre la foule et les policiers blancs. Une centaine de policiers et une soixantaine de spectateurs sont hospitalisés.
« White Riot », un véritable hymne, visant à insuffler aux blancs la même énergie de révolte… Le morceau souvent mal compris, donnant lieu régulièrement à des bagarres dans la salle, conduira Mick Jones à refuser de le jouer sur scène.
Joe Strummer et Mick Jones ont pourtant joué ensemble White Riot une dernière fois le 15 novembre 2002 lors d’un concert de soutien aux pompiers de Londres. Mick alors dans la salle pour cette prestation de Joe avec The Mescaleros, monte alors sur scène en plein milieu de Bankrobber. Ils joueront également London’s Burning et White Riot.
Ironie de l’histoire, Joe Strummer décède un mois plus tard des suites d’une maladie cardiaque jamais diagnostiquée, le 22 décembre 2002.
White Riot … des explications encore et encore
Cette dimension sociale et ethnique du texte conduira d’ailleurs Joe Strummer à s’expliquer de nombreuses fois concernant la signification des paroles. Son texte n’appelait ni à la violence, ni au racisme, il invitait plutôt la jeunesse blanche à se rebeller pour une véritable cause.
Dans une interview au NME, Joe Strummer déclare:
« La seule chose que nous disons sur les noirs est qu’ils ont leurs problèmes et qu’ils sont prêts à y faire face. Mais les hommes blancs, ils ne sont tout simplement pas prêts à y faire face. Trop douillet. Ils ont des stéréos, des drogues, des hi-fis, des voitures. Les pauvres noirs et les pauvres blancs sont dans le même bateau »
The Clash : un premier album sous pression
Véritable chapelet de déflagration rock, ce disque explose de part en part, envoyant des décharges musicales à grands renforts de slogans anti establishment. Ce qui est particulièrement jouissif sur ce premier Clash, est la manière avec laquelle cette violence, cette pulsation brutale s’acoquine particulièrement aux voix de Joe Strummer et Mick Jones. Cette capacité de rallier la force de rage vers une véritable ligne mélodique. De vraies chansons, construites, des refrains accrocheurs, parfois même des hymnes (White Riot, London’s Burning). Et toujours cette arrogance punk qui ne se perd jamais dans le subversif. Classe, énergie et un talent de compositeurs et d’interprètes qui explose à la face de l’Angleterre.
Bonus pour les dix mille premiers acheteurs :
La possibilité de récupérer un sticker rouge sur la pochette du vinyle. Envoyé au NME avec un autre coupon disponible celui-ci dans le journal, les fans pouvaient alors recevoir un 45 tours gratuit. Celui-ci comprenait « Capitol Radio », un instru et une interview donnée à Tony Parsons du NME… document historique !
The Clash – White Riot
Pressage UK, Pressage US… les différences…
Ce premier disque de The Clash sortira d’abord en avril 77 en Angleterre. Une seconde version en 1979 sera destinée au marché US, pochette modifiée avec le titre cette fois-ci en haut. Quatre titres présents sur le pressage anglais (Cheat, Protex Blue, 48 Hours, Deny) seront remplacés par cinq chansons enregistrées entre 1978 et 1979. Différence signifiante sur la version américaine : Topper Headon actionne les fûts.
The Clash – Complete control
Parmi ces cinq morceaux, il n’y a que des pépites. Excepté I Fought The Law qui date de 1979, toutes ont été enregistrées en 1978. Complete Control, (White Man) In Hammersmith Palais, Clash City Rockers et Jail Guitar Doors. L’ordre des chansons est remanié. L’album US s’ouvre cette fois sur Clash City Rockers avec son intro fulgurante en lieu et place de Janie Jones sur la version British.
The Clash – I fought the law
Alors, même si on est tenté de préférer par essence la version originale de 1977, il faut bien avouer que le remaniement de 1979 a apporté des perles certifiées incontournables du répertoire de The Clash.
Choisir ? Mais pourquoi donc ? « Garçon, s’il vous plaît, un de chaque »!
Auguste Marshal
[…] que les fans du Clash soient déçus par son orientation folk, ce premier album semble ouvrir de nouveaux horizons au […]
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