Les Stranglers: toutes les qualités de leur nom de scène!
The Stranglers depuis leur débuts à Guildford en 1974 ont toujours cultivé une image de bad boys. Tout d’abord baptisés The Guildford Stranglers, ils inventèrent rapidement un style à part, mâtiné d’influences progressives sans pour autant jamais se perdre dans la mièvrerie. Les étrangleurs ont l’agressivité et la puissance du punk avec peut-être en plus la pénétration de mélodies fines et efficaces et de refrains accrocheurs. Ils ajoutent à cette particularité l’originalité d’un claviériste redoutable. Dave Greenfield est en effet une sorte de Ray Manzarek (Doors) version sauvage. Et n’oublions pas le son de basse référentiel de Jean Jacques Burnel, le charisme implacable du chanteur-guitariste Hugh Cornwell et l’assise rythmique de Jet Black.
Les Stranglers cultivent dès leur débuts cette veine de compositeurs talentueux. Pour mémoire Strange Little Girl, a été écrit par Hugh Cornwell dès 1974, alors que le groupe est encore méconnu…
Mauvaise réputation : sauvage, teigneux, agressifs, ils possèdent toutes les qualités de leur nom de scène. Les Stranglers sont vêtus de noir, « Etrangleurs » à l’humour noir, ils cultivent le goût des atmosphères malsaines. A la fin des années 70′, leurs concerts se terminent souvent en bagarre et la tension avec le public est palpable. Les nombreux coups d’éclats laissent d’ailleurs traîner derrière eux une aura de groupe provocateur et incontrôlable.
Concert de Nice du 20 juin 1980.
Un concert qui devait au départ se jouer à Cannes et qui sera déplacé dans la précipitation à l’amphithéâtre de la faculté Nice. Le groupe n’est pas autorisé à utiliser sa propre sono, et devra se produire sur celle de l’amphi… qui ne tiendra pas longtemps. Ils n’ont pas non plus accès aux toilettes et aux douches… Bref, ils ne sont pas les bienvenus. Hugh Cornwell prend la parole pour expliquer ces conditions au public. Jean Jacques Burnel traduit, en ajoutant à la fin :
« Il y a de belles vitres, ici. On pourrait peut-être… Si j’étais vous!!! »
Bagarres émeutes générales, loin de calmer la salle, les Stranglers attisent le feu… Ils repartiront menottes aux poignets, et après 24h passés en prison, ils seront contraints de rembourser les dégâts avec une interdiction de revenir à Nice.
Mauvaise réputation :
En 1980, fin de la tournée de The Raven, le véhicule qui ramène le chanteur Hugh Cornwell se fait arrêté à Londres, à la sortie de leur dernier concert. A l’intérieur, les policiers y retrouvent un attirail complet de petit chimiste et les drogues qui vont avec… La sentence est sans appel pour Cornwell qui va passer huit semaines à la prison de Pentonville, à Londres à partir de mars 1980.
Quelques mois auparavant, en juin 79′, le bassiste Jean Jacques Burnel, notre français d’origine (né à Londres, ses parents sont originaires de Caen) décide de mettre une petite correction à Philippe Manœuvre qui jusque-là, ne l’avait guère épargné dans la presse.
Jean Jacques Burnel :
«Il me faisait chier le petit à l’époque, il me harcelait, donc j’ai accepté de lui donner une interview, mais au premier étage de la tour Eiffel. Je l’ai emmené là avec quelques-uns des gars, on l’a déculotté, on lui a laissé sa chemise, on l’a ligoté à la tour Eiffel et on l’a laissé là. Il ne me l’a pas pardonné pendant 25 ans.»
Quelques années plus tard, Jean Jacques Burnel avec son humour second degré un brin décalé, répond aux questions de Thierry Ardisson dans Tout le monde en parle.
« Il n’a pas le sens de l’humour » répond-il en commentant l’anecdote. Jean Jacques Burnel en interview, c’est toujours un grand moment.
Jean Jacques Burnel interviewé dans Tout le monde en parle – Ardisson
Concert au Battersea Park à Londres le 16 septembre 1978 – Nice’n’Sleazy
Mauvais gars, mauvaise réputation, il y avait également et surtout une extraordinaire ironie. Un ton souvent misogyne et provocateur dans leurs chansons (Peaches…) mais également dans leurs prestations scéniques. Que dire du concert au Battersea Park à Londres le 16 septembre 1978. Le non moins sulfureux Nice’n’Sleazy y est illustré sur scène par cinq Strip-teaseuse et un Strip-teaser qui se dessapent en Live tout au long du morceau. Ces mecs n’en avaient rien à foutre, ils allaient jusqu’au bout de leurs idées, poussant l’ironie, l’humour noir ou la provoc’ jusqu’à son paroxysme…
Ironie, humour noir… excellent résumé de l’esprit Stranglers.
«On se marre énormément lorsque les gens prennent nos blagues ou notre ironie au premier degré. La pochette de Giants : bannie en Europe parce qu’on y pose pendus. Ils ont seulement laissé les quatre cordes…»
Jean Jacques Burnel
The Stranglers – Un groupe Punk ?
Burnel répond à la question dans une interview sur le Website Inside Rock
« Alors peut-être faut-il redéfinir le punk? Je me sentais punk, cette énergie m’influençait. Je me souviens de Joe Strummer qui jouait à l’époque dans un groupe de rythm’n’blues, les 101’ers, il me pleurait sur l’épaule: «Jay-Jay, je veux avoir un groupe comme toi… Une bande». On avait trop bu, c’était le soir où on a fait la première partie de Patti Smith… On a vécu tout ça, tu sais… Et aujourd’hui, on est toujours un peu underground malgré tout. Ce soir, on va jouer devant quoi? 500-600 personnes. Je suis assez fier de ça, mais je défie n’importe quel groupe de tenir aussi longtemps en expérimentant autant que nous. »
Cette très belle interview complète qui résume parfaitement l’esprit Stranglers, est consultable sur le site Inside-rock.fr
Auguste Marshal