SID VICIOUS : CHRONIQUE D’UNE STAR SUICIDEE
« A part potiche, il ne faisait rien dans le groupe » – Johnny Rotten
Sid Vicious… Comment ce gamin, plus de 40 ans après sa mort, peut-il continuer à incarner à lui tout seul l’imagerie du mouvement Punk. Mauvais musicien, mauvais chanteur, héroïnomane invétéré, bagarreur, alcoolique, même pas « vrai » Sex Pistols, c’est pourtant de lui dont on se souvient lorsqu’on parle du groupe. Dans l’imagerie populaire, il EST punk. C’est son icône …
Simon Richie, Alias Sid
Mai 1957, naissance de Simon Richie. Sa mère bosse dans la Royal Air Force et son père prend la tangente rapidement, incapable d’assumer. Elle part s’installer à Ibiza, mais revient rapidement à Londres. Mère isolée, elle bosse la nuit et s’occupe de son fils la journée. Le gamin, souffre douleur de ses camarades, est bientôt déscolarisé. Sa mère vivra ensuite une belle histoire avec un dénommé Chris Beverey. Personnage digne d’intérêt, il s’entend à merveille avec le petit Simon et souhaite même l’adopter. Mais le sort s’acharne : de santé fragile, il décède quelques mois plus tard. Les parents de son « presque » beau-père finissent par le prendre en charge. Il retourne à l’école, mais a du mal avec la discipline.
Simon quitte le lycée avec un certificat de littérature anglaise, devient apprenti tailleur, se fait virer, s’essaie à la photographie…
La rencontre avec Johnny Lydon va transformer son univers… Tous deux virés de chez leurs parents, ils vivent alors dans un squat. Simon devient Sid… du nom du rat de Lydon… Vicious, découle semble-t-il du caractère de Sid.
Johnny Rotten : «Il n’y avait pas, et je ne crois pas qu’il y ait de nos jours, moins vicieux, ni moins déjanté que Sid, d’où le nom»
Sid Vicious va faire alors l’expérience des drogues dures… Son premier shoot, il le réalise à l’aide d’une seringue offerte par sa mère, junkie elle aussi… A cette période, Sid et Johnny traînent régulièrement dans un magasin de fringues de King’s Road, le Sex, tenu par un certain Malcolm McLaren.
Malcolm McLaren, éphémère manager des New York Dolls, rêve de monter un groupe. Qu’à cela ne tienne, le magasin devient le lieu le repère de Paul Cook, Glen Matlock et Steve Jones.
C’est en voyant John Lydon entrer dans sa boutique en août 75, gamin aux cheveux verts, vêtu d’un tee-shirt « I hate Pink Floyd » que lui vient une idée lumineuse. John Lydon, ou plutôt Johnny Rotten chanteur d’un groupe : les Sex Pistols sont nés.
Qu’en est-il de Sid à cette époque ?
Il vivote et on le retrouve aux concerts des Ramones ou du Clash. Il tente également de monter un groupe, déclenche des bagarres. Son heure n’est pas encore venue…
En 1976, la popularité du groupe est à son apogée. On ne peut pas en dire de même quant à l’ambiance au sein des Sex Pistols. Deux clans s’opposent: Glen d’un côté, Sid, Pau et surtout Johnny de l’autre. Ils ne voient en lui qu’un petit bourgeois maniéré. Malcolm ira jusqu’à lui reprocher son goût pour les Beatles afin de justifier son éviction. Début 77, le divorce est consommé, Glen Matlock joue son dernier concert le 7 janvier, au Paradisio d’Amsterdam… Sid va être intronisé.
Malcolm McLaren :
«Oui, Matlock s’est fait virer parce qu’il nous cassait les pieds avec les Beatles. On avait eu notre dose avec EMI . Sid Vicious faisait déjà partie du groupe, mais maintenant on va l’entendre aussi. Il a comme référence d’avoir donné à Nick Kent ce qu’il méritait au Club 100.»
Rappelons pour mémoire que Sid avait cassé la gueule au critique musical lors d’un concert… Glen, pas rancunier, se proposera de donner des cours de basse à Sid… qui bien sûr déclina.
L’ épouvantable «audition» de Sid, le 11 février 1977, lui permet de rentrer de plein-pied dans le groupe.
D’un point de vue musical, ils perdent avec Glen un musicien accompli, le compositeur de la totalité des morceaux du groupe.
«Il ne savait pas jouer de la basse quand il a rejoint les Sex Pistols, mais il était complètement givré, et ça , ça allait bien avec l’esprit du groupe»
Intégrer le groupe fut pour Sid un aboutissement, il enviait la célébrité naissante de son pote Steve. Avec Sid, la vie « border line » du groupe s’accrût un peu plus, ponctuée de bagarre au sein et à l’extérieure du groupe, d’interviews bâclées, et de beuveries… C’est à cette époque qu’apparaît Nancy Spungen, arrivée dans les basques de Johnny Thunders avec son cortège de piquouses et de shoot. Son unique but: se faire un Sex Pistols, en l’occurrence Johnny. Mais…
«Au début, je trouvais vraiment que c’était une grosse salope, ce qui, bien sûr, lui a plu. Comme je la détestais, que je la vomissais et la méprisais, il a été attiré par elle. Et elle, qui n’avait aucune pudeur, elle a été attirée par lui »
Sid découvre « l’amour » avec Nancy.
Nancy Spungen :
«On a fait l’amour dans toutes pièces, de la chambre à la salle de bains. Pour notre première nuit, Sid sentait des pieds et il a pissé au lit .»
Romantisme quand tu nous tiens …
A l’époque, Chrissie Hynde, dont le visa arrive à terme, pense à un mariage blanc pour remédier au problème. Elle en parle à son copain Johnny, qui décline. Mais Sid est d’accord, contre de l’argent. Rotten les présente, mais là, c’est Chrissie qui décline, ne voulant pas de cette loque. Elle non plus ne supporte pas Nancy :
Chrissie Hynde:
«Il m’arrivait de me nettoyer les ongles avec la seringue de Nancy, dans l’espoir qu’il lui arrive quelque chose»
Tout le groupe la fuit comme la peste, l’isolant au maximum de Sid… Rien n’y fait, il est accro, dans tous les sens du terme.
Et c’est dans cette ambiance délétère qu’a lieu le départ pour une tournée aux USA, le 3 janvier 1978. Une passagère exaspérée déclarera qu’elle aurait préféré voyager avec des animaux…
La suite : Sid Vicious et les Sex Pistols – Epopée d’une figure Punk
Etienne Frelet
[…] Octobre 1978 : Sid et Nancy déambulant dans les rues de New York achètent un couteau de chasse pour se défendre […]