The Pretenders – Learning to crawl : l’album des survivants

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Chrissie Hynde, l’âme des Pretenders

Learning to Crawl, le troisième album de The Pretenders sort le 21 janvier 1984,  sous de sombres auspices. En effet, le groupe historique de Chrissie Hynde n’a plus sorti d’album depuis trois ans déjà et le line-up d’origine est à moitié décimé. Tout d’abord par l’éviction du bassiste Pete Farndon, addict aux drogues dures, devenu ingérable selon Chrissie Hynde. Farndon, viré des Pretenders, quitte le groupe le 12 juin 1982. Sans aucun rapport, on retrouve quelques jours plus tard le guitariste James Honeyman-Scott sans vie à son domicile. Il succombe dans son lit d’un arrêt cardiaque probablement dû à un excès de consommation de cocaïne.

Mais, l’histoire n’est pas terminée. Moins d’un an plus tard, Pete Farndon ayant depuis bourlingué à travers diverses formations, décède à son tour le 14 avril 1983 des suites d’une overdose d’héroïne. On retrouve l’ex-bassiste des Pretenders sans vie dans sa baignoire.

Difficile de faire plus glauque et plus morbide. Bon nombre de groupes auraient eu bien du mal à se remettre d’une telle hécatombe. Doit-on cette force au caractère déterminé et pugnace de Chrissie Hynde ? Cela ne fait aucun doute…

“Voyez, je joue de la guitare depuis l’âge de 16 ans et mon ambition ultime a toujours été de jouer dans un groupe. Pas devant un groupe en tant que chanteur solo”, souligne-t-elle, “mais pour bosser avec des musiciens”

Chrissie Hynde

Pour envisager ce nouvel album, Chrissie Hynde et Martin Chambers embauchent une nouvelle équipe. Les premiers essais se font avec le bassiste de Big Country,Tony Butler, et le guitariste de Rockpile, Billy Bremner.
Les deux hommes enregistrent Back on the Chain Gang et My City Was Gone. Deux morceaux qui sortent tout d’abord en single en septembre et octobre 1982. La production raccrochera ensuite ces deux titres au nouvel album, mais la collaboration est de courte durée.

the pretenders learning to crawl
The Pretenders

Début 1983, Chrissie Hynde et Martin Chambers retournent en studio pour débuter les sessions d’enregistrements. Il sont cette fois-ci accompagnés du pianiste Paul Carrack de Roxy Music et d’Andrew Bodnar, bassiste du groupe de Graham Parker. La collaboration donne lieu à l’une des plus somptueuses et dramaturgiques ballades de The Pretenders. Une reprise des Persuaders, à renfort de puissants accords de piano, ponctués de breaks poignants, sur lesquels roulent couplets aux fins de phrases limites scandées par la voix chaude et sensuelle de Chrissie et refrains langoureux soutenus par le lyrisme emphatique des chœurs… Il n’y a qu’à se laisser porter par la vibration et l’émotion Soul…

Thin Line Between Love And Hate (Learnning to Crawl)

Dans le line up final crédité sur la pochette, on retrouve Chrissie, Martin Chambers batteur historique, le bassiste Malcolm Foster ainsi que le guitariste Robbie McIntosh. Comme sur l’album I et II, la production est à nouveau signée Chris Thomas.

Mais l’énergie brute des deux premiers disques semble avoir fait place à une production soignée et épurée, donnant lieu à quelques uns des succès les plus connus du groupe. Musicalement, on a affaire à du grand œuvre mais dans un registre globalement tourné vers un rock ouvert aux mélodies pop.

Un petit tour sur les 10 pistes de la version vinyle de 1984 nous permet de mieux comprendre ce qui rendit une telle efficacité à son écoute en continue. D’un bout à l’autre, l’énergie dégagée observe les courbes irrégulières d’un oscilloscope. Elle ondule indifféremment d’un Rock puissant et pêchu magnifié par les incontournables Time the avenger et Thumbellina, à des ballades fortes en tension (I Hurt YouThin Line Between Love And Hate). Puis la pression peut soudain faire place à la légèreté d’un pop rock d’esprit plus commercial, notamment sur Show Me ou 2000 Miles. C’est également sur cet album que Chrissie Hynde délivre l’un des classiques les plus attendus de son répertoire scénique : Middle of the road.

The Pretenders – Middle of the road

L’album dégage sa force de cette richesse acquise dans la qualité et la pluralité des compositions. Un disque capable de nous entraîner tour à tour de l’énergie rageuse du rock acéré à la pureté émotionnelle de la complainte élégiaque. Pas question de s’ennuyer à l’écoute de Learning to Crawl. Les effets de ce disque construit sur la durée sont vraisemblablement trahis par son hétérogénéité manifeste. Et c’est peut-être ce qui fait de Learning to Crawl l’un des disques les plus attachant du groupe. Un essentiel  pour tous les fans. Mais principalement un disque qui, un peu comme un grand cru, possède l’extrême avantage de se bonifier avec le temps. Une qualité qui n’est pas donnée à tous… certains en conviendront.

Auguste Marshal

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