LUNA : les trente ans de l’album PENTHOUSE

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Le meilleur groupe inconnu…

Luna dans les années 90
Luna dans les années 90

Il y a trente ans, en Août 1995, les New-Yorkais de Luna présentent leur 3e LP, Penthouse, considéré depuis comme l’un des grands disques des années 90.

Rassemblés depuis 1991 autour du chanteur / guitariste Dean Wareham, transfuge de la formation Galaxie 500, on retrouve alors Stanley Demeski, le batteur des déjà mythiques Feelies, ainsi que Justin Harwood  le bassiste des Néo-zélandais de The Chills. Sean Eden les rejoindra ensuite à la deuxième guitare.
Dès leurs débuts discographiques en 1992 – l’album Lunapark -, Luna – encore une référence spatiale – propose un univers sonore très guitaristique, marqué par le Velvet Underground des troisièmes et quatrièmes LP ou Television, et la voix vraiment singulière de Dean.

Luna – Slash Your Tires – Lunapark (1992)

Quoi de plus normal donc que le désormais quatuor ouvre les concerts de reformation du Velvet Underground en 1993. On peut supposer que les musiciens ont pu au moins se côtoyer, voire échanger car le trop sous-estimé soliste du Velvet, Sterling Morrison, participe comme invité de luxe au second opus de la bande, Bewitched, sur les titres Great Jones Street et le superbe mais très connoté Friendly Advice. Disparu deux ans plus tard, Morrison y offre l’une de ses plus belles prestations de six cordes en fuzz. Et oui, il y a même les Pa pa pa pa qu’aurait pu chantonnés un Doug Yule.

Luna – Friendly Advice – Bewitched (1994)

Alors que Nirvana et ses disciples hurlent et font trembler les murs à coups d’accords rageurs distordus, Dean Wareham et son équipe choisissent une ligne claire et des tempos plus légers, à contre-courant donc. C’est tout à leur honneur. Mais ça ne facilite pas les relations avec les médias.

Dans la ville

Luna : Penthouse
Luna : Penthouse

Pourtant lorsque paraît le 8 Août 1995 leur troisième recueil, le bien nommé Penthouse, avec sa photo d’immeubles par Ted Croner, cette fois, les avis des esthètes s’avèrent dithyrambiques. Si Dean Wareham a autant soigné ses compos et ses textes que pour le précédent disque, ses duels de guitares avec Sean Eden apportent des merveilles, même s’il est difficile de les distinguer dans leurs entrelacs de six cordes…

Luna – Chinatown – Penthouse (1995)

L’instrumentarium s’affiche aussi plus diversifié, grâce au bassiste Justin Harwood, jouant du mellotron par-ci – Lost In Space -, ou du Thérémine par-là – Sideshow by the Seashore – et aux interventions du violoncelle de Jane Scarpantoni et d’une autre invitée. On en reparlera.

Luna – Sideshow By The Seashore – Penthouse (1995)

Quant à Dean Wareham, celui-ci réalise son deuxième fantasme en invitant cette fois le regretté Tom Verlaine, le leader de Television, à illuminer de sa Fender les titres Moon Palace, Freakin’ And Peakin’ et le très beau 23 Minutes in Brussels. Un régal !

« Tom était incroyable. Il obtient ce son unique qui sort directement de ses doigts, sans pédales ni gadgets, juste ses doigts et le contrôle du volume de la guitare. Naturellement, après que Tom ait joué sur notre disque, les critiques rock ont ​​commencé à dire qu’on sonnait comme Television. « 23 Minutes In Brussels » est aussi le titre d’un bootleg live de Suicide, qui relate un concert qu’ils ont donné en Belgique, en première partie d’Elvis Costello. Suicide a été hué et son micro a été volé par un fan furieux de Costello. On a joué ce morceau à chaque concert de Luna pendant dix ans, généralement à la fin du set. »
Dean Wareham

Luna – 23 Minutes In Brussels – Penthouse (1995)

Ces dix morceaux invitent à la déambulation dans la ville le soir au milieu des lumières scintillantes et des ombres, ou à la rêverie de cette promenade urbaine. Est-ce vraiment surprenant quand on sait que le groupe est fasciné par le titre Neon Lights des Teutons de l’Électron, Kraftwerk, au point de le reprendre plus tard ?
Et quel écrin ! Les hommes et femmes aux manettes – Dave Voigt, Lou Sciancalepore, Suzanne Dyer, Mario Salvati et Pat McCarthy – leur ont concocté un son soyeux, dynamique et chaud, à faire couler d’envie le rimmel d’un Robert Smith égaré dans sa dernière livraison.
En final, les quatre plus à nouveau le fringant Tom Verlaine terminent leur périple avec Freakin’ And Peakin’, une conclusion arborant fièrement une accélération typique des Feelies, le groupe originel du batteur Stanley Demeski

Luna – Freakin’ And Peakin’ – Penthouse (1995)

Notons enfin que dans le même lot de pépites, figure en morceau caché de la version CD, la plus commune en ce milieu des années 90, une reprise étonnante de Bonnie And Clyde de notre Gainsbourg, avec Laetitia Sadier, la chanteuse française de Stereolab en doublure de Bardot et également aux quatre cordes – obsédantes – de son violoncelle. D’ailleurs, les quatre de Luna, le long de leur carrière, se feront une joie de reprendre régulièrement les titres des camarades, et pas forcément les plus évidents tel le Sweet Child O’ Mine de Guns N’ Roses

Luna – Bonnie And Clyde (Clyde Barrow Version) – Penthouse (1995)

Satellite Of Love

Après les louanges unanimes pour Penthouse, Luna poursuivra son orbite autour de la chanson parfaite. Ils participent en 1996 à la bande-son du film I Shot Andy Warhol en couvrant l’iconique Season Of The Witch de Donovan, et créent plusieurs albums remarquables, ce sans l’historique batteur Stan Demeski remplacé par Lee Wall, mais malheureusement de en plus en plus dans une certaine indifférence de courtoisie des médias et du public : le plus dur Pup Tent (1997) et le quasi parfait The Days Of Our Nights (1999), qui servira pourtant à leur maison de disques de prétexte pour les virer.

Luna – Season Of The Witch / Donovan Cover (1996)

C’est alors qu’à son tour, Justin Harwood quitte son poste de bassiste, laissant la place à l’efficace et charmante Britta Phillips. Laquelle ne laisse pas indifférent Dean Wareham, une love affair qui marquera définitivement les pérégrinations ultérieures de Luna, avec trois autres albums, le Live (2001), le circonstanciel Romantica (2002) et enfin Rendez-Vous (2004). Puis arrive un – inévitable ? – long endormissement pendant que Rolling Stone après les avoir présentés comme The Best Band You’ve Never Heard Of, classe Penthouse parmi les 100 meilleurs disques de la dernière décennie du XXe siècle. En 2014, le couple Dean et Britta reconstitue le gang pour des tournées et un recueil de reprises A Sentimental Education (2017). Recommandé comme les autres albums par la maison !

Luna – Lovedust – Romantica (2002)

 

Ps : A conseiller en priorité pour les novices, une compilation, Best Of Luna (2006), parfois accompagnée en cadeau de l’excellente collection de covers, Lunafield.

Bruno Polaroïd

Remerciements à FC pour la découverte un soir de 1994…

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