KLAUS SCHULZE le rêve éveillé par Emmanuel Saint-Bonnet

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Après son exploration de Tangerine Dream, Emmanuel Saint-Bonnet poursuit sa quête de la Musique Électronique avec un autre grand pionnier : Klaus Schulze.

Emmanuel Saint-Bonnet : Klaus Schulze le rêve éveillé
Klaus Schuze le rêve éveillé par Emmanuel Saint-Bonnet (Le mot et le reste)

Né le 4 Août 1947 dans le Berlin en ruines Post Seconde Guerre Mondiale, le jeune Klaus Schulze pratique rapidement la guitare, puis étudie la philologie, la philosophie et la composition. Il écoute autant Wagner que les premiers Pink Floyd. Mais c’est comme batteur qu’il participe à ses premiers groupes dont surtout Tangerine Dream, le collectif du bouillonnant Edgar Froese, en 1968. Il enregistre avec eux leur premier album, le décapant Electronic Meditation courant 69, sans savoir qu’on les étiquettera bientôt d’École de Berlin. Mais dans son coin, raconte Emmanuel Saint-Bonnet, Schulze, touche à tout, bidouille aussi des boucles d’orgue avec des magnétophones à bandes…

Klaus Schulze au début des seventies
Schulze avec son orgue Teisco et sa guitare au début des seventies

En 1970, il quitte Tangerine Dream pour rejoindre, toujours avec sa batterie, le guitariste Manuel Göttsching plus le bassiste Harmut Henke et ainsi former Ash Ra Tempel. Leur opus initial et homonyme, acte fondateur de la Kosmische Musik, paraît en 71.

Ash Ra Tempel – Idem / Full Album (1971)

Cependant, Klaus Schulze a encore la bougeotte. En délaissant ce projet, il élabore des premières créations en solo avec ses bandes enregistrées – entre autres d’orchestres classiques – et un petit orgue électronique traficoté, des essais dévoilés lors de son premier véritable disque, Irrlicht en 1972. Mais c’est l’acquisition en 73 d’un synthétiseur – EMS VCS3 – qui lui permet enfin de réaliser ses idées soniques, le premier d’une longue série de machines alors mystérieuses : ARP Odyssey, ARP 2600, le fameux Big Moog IIIP, ou le séquenceur Synthenorma. Ces instruments, aux sons et réglages alors non mémorisables, très capricieux, permettent également des expériences sonores inouïes – au sens premier – et fascinantes.

Klaus Schulze – Floating – Moondawn (1976)

Comme ses collègues et amis de Tangerine Dream, Kraftwerk ou Cluster, Schulze développe l’utilisation tous azimuts des synthétiseurs, boîtes à rythmes et autres vocoders. Dans de longs morceaux, entre mélancolie wagnérienne et expérimentations abstraites, occupant souvent toute une face de vinyle, le Berlinois mêle parfois ses engins aux instruments classiques, à la guitare, aux autres claviers – dont le fameux mellotron -, à la batterie, et aux voix.

Klaus Schulze en concert
Klaus Schulze en concert dans les années 70 – Photo par Guido Arari

Surtout précise Emmanuel Saint-Bonnet, par sa pratique quasi rituelle du séquenceur, tel Chris Franke chez Tangerine Dream, il entraîne l’auditeur dans un univers hypnotique inédit pour l’époque, où les boucles électroniques conduisent à la transe, méditative ou physique, bien avant la Techno de la décennie 90. Et lors de ses nombreux concerts, sa posture, assis en tailleur devant ses énormes machines, le dos tourné au public, devient l’une des plus emblématiques des années 70.

Klaus Schulze – Live at WDR Köln (1977)

Suivront une flopée de créations dont des recueils majeurs tels Timewind, Moondawn, Mirage, X (1978) – son chef-d’œuvre ? -, Dune, Farscape (2008) avec Lisa Gerrard de Dead Can Dance… Ou son dernier opus posthume Deus Arrakis. Malade, affaibli, Klaus Schulze rejoint d’autres dimensions le 26 Avril 2022.

Klaus Schulze – Ludwig II. Von Bayern – X (1978)

A nouveau, après son étude de Tangerine Dream (Notre avis ici !) -,  Emmanuel Saint-Bonnet nous captive par la somme de ses informations et ses analyses. Cette fois, dans ce recueil particulièrement dense – 29 chapitres ! -, il couvre toute la vie créative, prolifique et influente de Schulze, – une centaine de disques rien qu’en solo -, présentant la chronologie et les clés autant des œuvres en studio que des nombreuses performances Live, musiques de films, projets en groupes parallèles, collaborations ou anthologies dantesques.

Schulze au sein du groupe GO
Klaus Schulze et le collectif GO

Les inconditionnels / les et les néophytes apprécieront le travail méticuleux de l’auteur, ne négligeant aucune période, aucune décennie du musicien, avec ses merveilles et ses échecs, ses hauts et ses bas. Complétant ainsi les rares articles et livres sur Klaus Schulze – une seule publication en France : Dominique Roux, Klaus Schulze, un saut dans l’inconnu (2002) -, l’ouvrage d’Emmanuel Saint-Bonnet s’avère donc tout aussi indispensable pour saisir l’unicité et l’importance de ce grand bonhomme dans l’Histoire de la Musique. Un rêve qui en devient accessible.

Klaus Schulze & Lisa Gerrard – Rheingold Live (2008)

Bruno Polaroïd

Emmanuel Saint-Bonnet : Klaus Schulze le rêve éveillé – Le mot et le reste (Leur site) – 224 pages – 21,00 Euros – Disponible le 23 Août 2024

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