INDOCHINE – 3
Indochine, « L’aventurier » (1982), certes, mais après ? « Kao-Bang » sur le Péril Jaune (1983) ? Bon, on a entendu mieux, ou plus « vieux », ce titre fleure un rien trop l’adolescence. Une régression par rapport à l’hommage au Bob Morane d’Henry Vernes, lecture pouvant s’entendre devenu adulte. Par contre, avec 3 (1985), le groupe visite des frontières qui le conduisent tout autre part. On compte quatre singles médaillés par les radios sur ce disque. « 3ème Sexe », « Canary Bay », « 3 Nuits par Semaine » et « Tes Yeux Noirs » voyagent encore et toujours en bonne place sur les ondes. Carton plein !
INDOCHINE – 3ème Sexe
La scansion adoptée sur les titres les plus musclés entraîne irrésistiblement à battre du pied ou secouer du chef. Ça pulse dans les enceintes. De plus, outre l’effet de « répétition », les refrains présentent des vertus chimiques favorisant leur mémorisation. Et tout le monde de chanter :
« C’est à Canary Bay-ye, (ouh-ouh), des filles qui vivaient-ye en secret »
« Mais trois nuits par semaine c’est sa peau contre ma peau et je suis avec elle »
« Et j’aime cette fille aux cheveux longs et ce garçon qui pourrait dire non »
« Allez, viens-là, viens avec moi, ne pars plus sans moi »
Fait notable, on retrouve « 3ème Sexe » et « 3 Nuits par Semaine » sur le même 45-Tours, deux hit singles en un ! Ils sont rares à avoir réussi ce tour de force.
Canary Bay
Aux Solidays 2000, le chroniqueur compte visiter Muse, la sensation anglaise du moment, pour se faire son idée. Entre-deux, il rentre sous un chapiteau voir/écouter … Qui ? Se souvient plus. Par contre à l’extérieur, sur une grande scène, passe Indochine. « Les ringards ! … Purée, c‘est quoi tout ce monde qui hurle et qui bouge ?! ». « J’ai demandé à la Lune », ce sera en 2002. 2000 ? Malgré une disparition des radars radiophoniques grand public, les adeptes sont-là qui se comptent par milliers ! Il y a un « truc » et je suis passé à côté …
Les garçons assurent le show, ravalent leur répertoire. Et même si Dominik Nicolas, le guitariste originel, pourvoyeur des riffs à succès, a quitté le navire en 1994, ça tourne, ça bouge et ça fait danser les foules. Une énigme …
INDOCHINE – 3 Nuits par Semaine
1985 est donc l’année des sommets. Stéphane et Nicolas Sirkis mènent la barque sous l’œil scrutateur de Dominik. Après un album live, 1990 s’annonce avec Le Baiser. En single, « Des Fleurs pour Salinger » fonctionne correctement mais … « Plus tu es grand, plus ça fait mal quand tu tombes ». Dix ans, quatre Lps, et voilà Indochine déjà contraint des re-mouliner ses tubes ad vitae aeternam. Dominik s’en va puis Stéphane, en 1999, victime d’une maladie ou d’une addiction, aiguille souillée en faveur de l’hépatite C, contenu de la seringue en faveur de l’overdose, mal de vivre et mal de vie.
Tes Yeux Noirs
Reste des clips et des « claps » jusqu’à cette chanson imparable offerte par Mickaël Furnon, démiurge de Mickey 3D, « J’ai Demandé à la Lune ». Après, Indochine présente un autre visage, un look versus « gothique » où il est bon ton de « faire la gueule ».
Avec 3 et les 80’s, l’ambiance était légère, « dance ». Les musiciens avaient changé de peau, passant d’une image The Cure à leurs propres oripeaux. Greffée de textes anodins, la musique bastonnait les enceintes, habillait les boites de nuit. Il avait du « chien » cet Indochine-là. Mais, de nos jours : « Wah-Wah !, ça n’est plus un secret ».
Thierry Dauge