SUPERGRASS : The X-Ray Album

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L’incontournable Numéro trois !

Spergrass Supergrass
Supergrass : Supergrass

Alors que le groupe reformé tourne pour célébrer ses glorieuses années 1994-2008 et que l’on réédite enfin leurs disques en vinyle, retour sur l’incontournable troisième opus des p’tits gars d’Oxford.

JUVÉNILE ET EUPHORISANT

Pour beaucoup, en France surtout, Supergrass se limite à un tube, le juvénile et euphorisant Alright, premier au classement des pubs et des chansons de fête d’école. Il faut dire qu’à l’époque, au milieu des années 90, coincée en pleine guéguerre Britpop Blur VS Oasis, la bande vend quand même plus de 1 million d’exemplaires de son premier album I Should Coco, porté par son single dynamique et des concerts énergisants. De quoi occulter malheureusement le reste de leurs créations.

Supergrass – Alright – I Should Coco (1995)

Rappelons que le gang s’est formé en 1993 à Oxford, avec les jeunots Gaz Coombes chant / guitare, Mick Quinn basse / chant et Danny Goffey batterie / chant, aidés parfois par le grand frérot Rob Coombes aux claviers. Celui-ci rejoindra officiellement l’équipe lors de leur 4e disque.

Le groupe Supergrass
Supergrass : Mick Quinn, Gaz Coombes, Danny Goffey, Rob Coombes

Leur second LP, au titre arrogant In It For The Money (1997), enfoncera le clou d’un rock pop à l’énergie exubérante, et toujours avec succès. Certains remarquent aussi quelques indices d’ouverture musicale à l’instar du très beau Late In The Day

Late In The Day – In It For The Money (1997)

Mais après trois années de sets et de promo intenses, le trio est épuisé, presque au bord de la rupture. Chacun se replie donc dans son refuge tandis que Gaz Coombes commence à cogiter sur la suite… Pour lui, il est clair que Supergrass doit passer un nouveau cap, avec un album plus mature, plus abouti. Il écoute pas mal de trésors des années 60 / 70, dont des créations solo de Brian Eno après Roxy Music, ou lit la biographie de Brian Wilson, le mentor génial mais allumé des Beach Boys

RADIOSCOPIE DE L’ALBUM

Pourtant, en prémices du LP, c’est encore un titre jovial que lance le groupe en Mai 1999, le tonitruant Pumping On Your Stereo. Il y a quelque chose des Stones de la fin des sixties dans ce thème, avec ce détachement de la voix de Gaz dans les couplets, alors que les chœurs de faussets du refrain évoquent une séance d’enregistrement drolatique. Le genre de morceaux qui apparaît en 10 minutes lors d’une répétition précisera Danny Goffey. Le clip leur permettra de rendre hommage à une institution des années 70, Jim Henson, le créateur des Muppets. Avec autodérision, voilà les potes transformés en bonshommes pâte à modeler.

Pumping On Your Stereo – Supergrass (1999)

Le disque sort finalement en Septembre 1999. Pas de titre, uniquement l’appellation des gars, Supergrass, comme l’album blanc de qui vous savez. Bonne trouvaille les radioscopies du trio en buste, on fait un check-up en même temps qu’une pochette. Évidemment, il sera très vite surnommé le X-Ray Album.
En nouveau single, son ouverture Moving. Une intro plutôt ballade mélancolique, guitare acoustique sur nappes d’orgue – ils ont dû écouter les premières mesures de Dogs de Pink Floyd -, et soudain brutal changement de ton en funk rock bondissant, puis reprise du premier thème en alternances et solo bienvenu de guitare folk. Là, on perçoit mieux les intentions des gars : pas de barrières dans le style comme dans l’instrumentation. Gaz raconte l’ennui des tournées sans nous ennuyer, bravo !

Moving

Pour Your Love, les premières mesures plongent directement dans l’univers sonore des séries britanniques des seventies. La charmante Purdey de Chapeau Melon et Bottes de Cuir virevolte dans le coin. Mais le refrain sonne plus rêche et carrément glam-rock avant que n’arrivent violons et clavecin. Pas de limites l’on vous dit.

Your Love

Gaz accroche tout de suite avec la phrase titre What Went Wrong (In Your Head), un procédé déjà présent dans Moving. Des lalalala aigus nous guident vers les Kinks tandis que le développement plus rude rappelle Slade, avec un final tout en chœurs un peu dingo.

What Went Wrong (In Your Head)

Le bassiste Mick Quinn prend le micro sur Beautiful People, un terme désignant les hippies dans les années 60. Piano martelé en appui, riff de guitare acide. Des allusions aux pilules et autres médocs, et des gens  » Dead on their feet again ». Il y a du Lennon dans cette façon de laisser traîner la voix sur les People. Encore une fois, mélodie à tomber.

Beautiful People

Suivent des filaments de guitares inversées, grattes acoustiques et percus sourdes : Shotover Hill. Encore une nouvelle piste musicale, entre Led Zeppelin III, Beggars Banquet et arpèges harrisoniens.  Sur l’ensemble des titres, les guitares sont exemplaires. Le gang évoque une colline où ils allaient fumer et sans doute refaire le monde…

Shotover Hill

Fin de la première face, Eon. Cette fois, Gaz Coombes pose son effet E.Bow sur les cordes de sa guitare électrique pour un long crescendo. Puis une courte mélodie liverpoolienne et reprise du premier cycle en conclusion. Eon serait l’anagramme d’Eno

Eon

Face B, Mary nous accueille. Sympa Mary mais elle semble un peu névrotique car il lui arrive de ces trucs… Et puis, il y a de drôles de voisins qui font du bruit dans le sous sol. A nouveau effet E.bow sur la guitare, du piano Fender Rhodes, arrivée de la batterie, Gaz et Mick au chant à l’unisson. Montée avec des Ah Ah Ah inquiétants… Signalons ici l’excellence de la section rythmique Quinn / Goffey, un atout et une singularité pour la bande. La vidéo hommage aux films d’épouvante subira la censure britannique. Effectivement, ça ne fait plus très Muppets. Sorti en single et quelque peu oublié depuis, c’est l’un des meilleurs morceaux des années 90.

Mary

Jesus Came From Outta Space. Allusion aux films de SF des années 50 et un thème sous influence Bowie / Ziggy Sardust. Un pont inattendu venu d’ailleurs (Sic) puis une fausse fin en coda. Le chanteur et ses potes s’amusent avec les symboles et les arrangements. Nous aussi.

Jesus Came From Outta Space

Après l’irrésistible Pumping On Your Stereo, retour aux choses sérieuses pour Born Again. Crissements de violoncelle pour l’entame, ensuite développement d’un thème floydien accompagné d’une section de cordes et de la voix traitée au vocodeur. Les Français de Air parcourent quasiment le même chemin. Une étape nébuleuse.

Born Again

Faraway. Une chanson amoureuse qui se transforme rapidement en envolée glitter rock suivie d’une apogée aux chœurs ambitieux. Dommage, il manque une vraie fin au morceau. L’interprétation vocale et instrumentale s’affiche au top comme sur l’ensemble du disque.

Faraway

Pour terminer, les gars entonnent une complainte inattendue sur l’enfance et le manque, Mama And Papa. Peut-être la douleur quand nos parents disparaissent… Chantée par Mick Quinn, aidé de Gaz Coombes, cette vignette acoustique clôt pudiquement le LP.

Mama And Papa

Ce troisième opus de Supergrass rencontrera un beau succès critique et public et pas que chez les kinés. Si ses ventes s’avéreront inférieures aux premiers volumes, il atteindra quand même la troisième place (Tiens donc !) en GB. En tout cas, il aura permis aux p’tits gars d’Oxford de casser leur image en dévoilant le squelette de leur potentiel créatif. Ils iront plus loin par la suite…
Avec le recul de ces nombreuses années, Supergrass / The X Ray Album demeure un classique du Rock Anglais de la fin du XXe siècle. Pari réussi Gaz !

Mary Live at La Cigale (2010)

Bruno Polaroïd

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