Itinéraire d’un journaliste rock
Le Gourou des Inrocks
Il est toujours difficile de parler des grands quand on est tout petit, niveau boulot. Surtout quand celui-ci relate sa vie, ses anecdotes drôles et délicates autour d’un livre qu’il définit comme un Passeur, à l’instar du titre de son livre accompagné pour les veinards d’un vinyle maxi 45 tours avec d’un côté Etienne Daho et de l’autre Miossec, le tout en version inédite.
Etienne Daho – Il Ne Dira pas
Beaucoup d’autres le prétendent comme au cinéma avec feu Serge Daney, passeur du septième art auprès du grand public, décédé il y a trente ans mais qui a eu le mérite de faire découvrir des films probablement passés à la poubelle du visuel sans ses écrits dynamiques.
Jean-Daniel Beauvallet possède deux cordes majeures à son arc et non des moindres. D’abord celui d’avoir vécu, dès son plus jeune âge, en Angleterre et plus particulièrement à Manchester, là où la Britpop a débuté avec Oasis et Blur mais surtout avec les débuts des Smiths, New Order, entre autres, sans oublier ce qui l’a poussé à cela, venu des States : le Velvet Underground. Et comme tous ces groupes de cette période des années 80 se revendiquaient d’eux, la liaison s’est faite automatiquement.
The Smiths – This Charming Man (Offcial Video)
Ensuite il devint l’un des gourous du renouvellement de la presse rock en France quand il créa avec Daniel Fevret et Guillaume Monfourny à la photo, le bimestriel Les Inrockuptibles, Les Inrocks pour les plus branchés au début puis devenu commun. Nous sommes en 1986 et une véritable révolution musicale s’opère dans l’hexagone avec l’apparition de ce fanzine devenu très vite magazine inévitable par son changement de ton et de lien avec les mastodontes Rock & Folk et Best. D’autres tenteront de s’y mêler mais c’est une autre histoire.
Les Inrocks vont bientôt devenir incontournables dans le milieu, passant mensuel puis, avec un virage à 180°, hebdomadaire. C’est là que les choses vont se corser car de journal musical il va passer en journal de société où la musique ne devient qu’une petite partie parmi le reste.
Certains le regretteront, d’autres y verront une ouverture. Ce fut un choix.
Mais le livre de JD (oui, on devient intime pudiquement en écrivant ces lignes) demeure avant tout une belle histoire d’amour entre un vécu musical hors-pair et un journaliste, critique de son temps qui relie la musique à son vécu. Magnifique et recommandé.
Jean–Daniel Beauvallet – Passeur
Editions Braquage – 280 pages – 22€
Patrick Bénard