Au début des sixties, Billy Idol passe son enfance entre l’Angleterre et les Etats-Unis. Inévitablement, il récolte le virus du rock’n’roll…
Billy Idol a grandi au son des Beatles et des Rolling Stones.
En 1976, William Broad, 21 ans, quitte l’université du Sussex (Angleterre) pour suivre le mouvement punk, et intégrer le Bromley Contingent (fans des Sex Pistols). Il joue de la guitare au sein du groupe Chelsea, puis fonde son propre groupe avec le bassiste Tony James. Doté d’un charisme animal faisant mouche sur le public féminin, William Broad opte pour le pseudo “Billy Idol”, en réponse à son professeur de chimie qui le surnommait “Idle” (fainéant). Generation X connaît un certain succès et fait partie des premiers groupes punks invités dans l’émission Top of the Pops.
Generation X – Kiss Me Deadly
Le groupe se sépare après trois albums, le speed et les désaccords ayant raison de leur enthousiasme. Billy s’installe à New York et se lance dans une carrière solo avec l’aide du producteur Bill Aucoin (Kiss).
En 1981, il publie un premier EP (Don’t Stop), contenant notamment le célèbre Dancing With Myself, écrit avec Generation X. Ainsi qu’une reprise de James & The Shondells remise au goût du jour, mais conservant ses résonances 60’s…
Billy Idol – Mony Mony
Mais c’est la rencontre avec le guitariste Steve Stevens qui va offrir une deuxième vie au chanteur. L’alchimie évidente reliant les deux artistes éclate dès le premier album (Billy Idol – 1982).
La sortie du titre White Wedding coïncide avec l’explosion de MTV. Billy devient rapidement une des coqueluches de la chaîne américaine.
Billy Idol – White Wedding
Bien sûr, on ne peut éluder la tournure mainstream prise par son œuvre au début des années 80. Mais en fusionnant punk, metal et new wave, il publie en 1983 l’album Rebel Yell. Un opus globalement abouti, enregistré dans les studios Electric Lady (New York), et dans lequel sa voix atteint souvent des sommets.
Eyes Without a Face, interprété avec Perri Lister, est inspiré du film de Georges Franju, Les Yeux Sans Visages (1960). Dans ce dernier, un homme assassine, et tente de reconstituer le visage de sa fille défigurée dans un accident, en lui greffant certaines parties prélevées sur ses victimes. Au final, seuls ses yeux sont authentiques.
“Sous une forme déguisée, ces paroles évoquaient ma vie à New York et une relation qui a mal tourné, m’a poussé à me détruire, et conduit au bord de la folie. Peut-être que je réfléchissais à mes propres infidélités en tournée. D’une certaine manière, celles-ci peuvent vous laisser sans âme…”
De manière assez insolite, au milieu du titre, Billy Idol pose un flow rap sur un riff hard rock de Steve Stevens. Pratique encore peu répandue dans les genres rock et pop, en 1982…
“Le rap était partout à New York à l’époque. Dans toutes les discothèques, dans tous les clubs.” B.I
Billy Idol – Eyes Without a Face
Les arabesques de Stevens sont un joyau camouflant un instrumental parfois léger, mais Billy emporte le morceau sur la majeure partie des titres. En particulier l’éponyme Rebel Yell, devenu un véritable standard de rock, et dont je vous propose une version live, acoustique et néanmoins incandescente…
Billy Idol – Rebel Yell
Le single Flesh met en exergue la sensualité ardente du chanteur, et offre à Steve Stevens une nouvelle occasion de briller. Les tubes s’enchaînent, et la popularité de Billy Idol atteint son point culminant. Il dépasse son statut de rockeur pour devenir une icône pop. Mais Billy n’a pas appris à gérer le luxe et les excès inhérents au succès. Il sombre lentement tandis que les propositions affluent…
Billy Idol – Sweet Sixteen
Le monde du cinéma ne manque pas de noter ses atouts visuels et sa présence charismatique. James Cameron lui réserve le rôle du T 1000 dans sa suite de Terminator.
Par ailleurs, il est sollicité pour un casting dans le prochain Oliver Stone… The Doors.
Mis au courant du projet, Billy se met en tête de postuler pour le rôle de Jim Morrison. Son physique n’est pas adéquat mais il espère que son grain de voix l’aidera à faire oublier cette différence. Stone refuse mais lui propose le rôle de Cat, un ami de Jim. A l’origine, ce personnage devait tenir une large place dans le film du réalisateur. Mais le 6 février 1990, Billy est victime d’un grave accident de moto. Très diminué, il s’acquitte de sa tâche en boitant. Son rôle se limite finalement à de brèves apparitions.
Billy Idol – L.A Woman
L’analogie avec Jim Morrison est récurrente. Surtout après sa reprise fidèle du titre L.A Woman. Il faut dire que peu de chanteurs possèdent à la fois la panoplie du crooner, et celle du rocker. Evidemment, les talents d’auteur de Billy Idol sont loin d’atteindre ceux du poète disparu. Et hormis l’apport de son guitar-hero, il est sans doute bien plus esseulé dans la composition que ne l’était le Roi Lézard au sein des Doors.
Si on s’évertue à vouloir lui coller l’étiquette du rocker pur et dur, c’est surtout en raison de ses premier pas dans le punk. Également parce que Billy sait sublimer un titre fougueux comme personne, en y ajoutant des tripes. Pourtant, sa faculté à donner du relief aux ballades est indéniable. Doté d’une excellente technique vocale, l’intensité de ses interprétations et son grain de voix irrésistible, font de certaines compositions des titres majeurs…
Billy Idol – One Night One Chance
Ses aspirations dépassent pourtant le cadre du genre. Sa réussite des 80’s en témoigne. Avec un peu d’effet dans la voix, le fauve peut également s’épanouir sur des sonorités synthétiques. Sur le sous-estimé Charmed Life, album paru en 1990, Billy Idol amorce doucement un virage vers la musique électronique.
Billy Idol – License To Thrill
Trois ans plus tard, il livre un album étonnant. Le conceptuel et robotique Cyberpunk. L’initiative ne plaît pas à tout le monde. C’est un échec critique et commercial. Pourtant, force est de reconnaître que Billy Idol réussit à produire une œuvre inspirée et cohérente en puisant dans le virtuel et les nouvelles technologies. De plus, il exerce un contrôle total sur ses compositions, et se pose en pionnier du web, avec une diffusion utilisant les prémices du réseau internet, et les boîtes de messagerie.
Adam in Chains
Il traverse alors une période délicate, replongeant dans la dope et cessant toute création. Il faudra douze ans à Billy Idol pour revenir à la musique. Une renaissance inespérée survenue en 2005, avec deux nouveaux opus reprenant tous les styles abordés jusqu’alors. Du plus expérimental, au plus enragé…
World Coming’ Down
Un timbre sensuel et envoûtant, un coffre étonnant, une sauvagerie contagieuse. Voilà un cocktail, qui même chez les plus prestigieuses références du genre, n’est pas si commun. On pourra toujours regretter de ne pas l’avoir vu intégrer un de ces fameux “supergroup”. Mais Billy s’en balance ! Il se suffit à lui-même…
Dancing With Myself (Live in NY 2001)
Contre toute attente, Billy Idol semble avoir trouvé un second souffle. Il vient tout juste de publier un nouvel EP (le 17 septembre 2021).
Par le biais de concerts intimistes, ou de sessions confinées, son duo inoxydable avec Steve Stevens bat encore des records d’audience sur Youtube. Après s’être essayé à tous les genres, après avoir touché le fond, Billy Idol est devenu ce dont il rêvait durant son enfance, lorsqu’il écoutait les Beatles et les Rolling Stones. Une Rock Star ! Peut-être même, L’ultime Rockstar…
Serge Debono