Concert : Jean-Marc Sauvagnargues et A Banda

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Samedi 11 janvier, Jean-Marc Sauvagnargues était à l’affiche de L’Européen à Paris. Mais loin du répertoire qu’il joue habituellement avec Les Fatals Picards, dont il est le batteur… C’était le concert de sortie de son album de Bossa Nova, Saudade.

Je vous avais déjà présenté cet album, que Jean-Marc voulait enregistrer depuis longtemps. C’est la rencontre avec le groupe A Banda qui lui a enfin permis de mener à bien son projet. Mais enregistrer un disque, c’est une chose. Jouer en live, c’en est une autre. Et ce n’est pas Yves Giraud qui va me contredire (« Mais pourquoi elle nous balance ça comme ça ? » Patience…).

Le concert à L’ Européen

Deux phrases résument à elles seules ce concert : « On ne va pas se mentir » et « C’était pas gagné. »

Façade L'Européen Jean-Marc Sauvagnargues

Arriver jusqu’au concert

Pour me rendre à ce concert qui risque d’être unique, il fallait d’abord que j’arrive de Savoie. Et ça,  c’était pas gagné. On ne va pas se mentir, il fallait déjà mettre dix fois plus dans le prix du billet de TGV que dans celui du concert (le premier qui dit que les places de concert sont trop chères se prend un taquet. Vous n’avez qu’à mieux choisir les artistes que vous voulez aller voir). Puis… La grève est passée par là.  On ne va pas se mentir, quand mon TGV a été annulé, puis que tous les métros qui pouvaient me conduire à L’Européen ont été fermés… J’ai eu comme un moment d’agacement. Mais peu importe. On change de train, on marche 1h20 et on arrive avant l’ouverture des portes.

Yves Giraud assure la première partie

Et quand j’écris « assure », je parle bien des deux sens du terme. Yves (Vivou, pour les intimes) nous a proposé des morceaux de guitare classique. Car oui, il a commencé par la guitare classique et a même enregistré un disque l’an dernier. De là à jouer sur scène, c’était pas gagné : belle prise de risque, pour un guitariste de rock. Il a donc tenté de dédramatiser. A fait rire la salle. A demandé un peu d’indulgence. Mais on ne va pas se mentir… Ça ne servait à rien : c’était bien. Très bien même.

Yves Giraud guitare

Des morceaux, pour la plupart très connus, comme l’incontournable Jeux interdits,  ce qui complexifiait l’exercice : difficile de camoufler une erreur… Et Yves les a interprétés avec justesse, émotion et une grande maîtrise. Qui aurait pensé qu’il puisse être capable d’une telle douceur ?… Rejoint le temps d’un duo par son complice Laurent Honel, guitariste des Fatals Picards, nous avons eu droit à un très bon morceau à quatre mains. Cette première partie s’est achevée sur un grand moment d’émotion, quand Julien Bloch, avec qui Yves joue au sein des Partouzzzze Bastards a entonné un superbe « Hallelujah » de Leonard Cohen, repris en chœur par toute la salle.

Jean-Marc Sauvagnargues et sa Banda

Difficile d’imaginer ce qui se passait dans la tête de Jean-Marc durant ce temps-là… On ne va pas se mentir, probablement quelque chose pas très loin de ce qui s’est passé dans celle de Julien Doumenjou, le leader de A Banda, quand il a reçu son appel pour la première fois. « Bonjour, je suis Jean-Marc Sauvagnargues, le batteur des Fatals Picards, je veux faire un album de Bossa avec vous. » Soit probablement des sentiments partagés entre l’incrédulité,  l’angoisse, la curiosité, le trac et « Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça ?!. »

Parce que c’était pas gagné pour Jean-Marc. Côté rythme, on était à peu près tranquille, normalement, c’est son truc. Côté voix, on était à peu près tranquille aussi : on sait depuis longtemps qu’il a une voix douce et sensuelle et que chanter seul face à un public ne lui pose aucun problème. En revanche, gérer le trac de se mettre en danger en se lançant dans un registre qu’il n’avait jamais assuré sur scène… Tout ça en chantant des chansons en portugais dont il ne comprend pas un mot… Là,  y’avait quand même un sacré défi à relever.

Dire que c’est plus que réussi est un doux euphémisme. On ne va pas se mentir, on a senti son angoisse pendant les deux premiers morceaux, malgré un petit déhanché à faire se pâmer les amateurs. Mais une fois le trac retombé,  Jean-Marc nous a offert un superbe concert de Bossa Nova. Pour les gens qui n’y connaissaient rien, comme moi, il a expliqué tout au long des morceaux leurs histoires, celle de la Bossa et de ses plus grands auteurs et comment cette musique est au cœur de sa vie depuis sa plus tendre enfance.

Bossa classique et morceaux arrangés

Tout le concert a oscillé entre standards de la Bossa et morceaux adaptés par Julien Doumenjou (malgré son scepticisme initial sur quelques-uns d’entre eux, c’est Jean-Marc qui a cafté). Comme « Paroles, paroles » chanté par Dalida et un célèbre acteur brun ténébreux. Et on ne va pas se mentir, profiter de Jean-Marc Sauvagnargues en Alain Delon, c’était pas gagné (Comment ça, il n’a pas le physique ? Mais vous êtes mauvaise langue ! C’est pas du tout ce que je voulais dire). Ce morceau était assez éloigné de la Bossa traditionnelle, mais que le résultat est bluffant. Et la sublime voix de la chanteuse, Patricia Lestre, n’y est pas étrangère. Mais sur ce morceau (qui sera le prochain clip tiré de l’album), comme sur les autres où Jean-Marc chantait avec elle, il a réussi à exister et à trouver un équilibre parfait.

Parmi les reprises de l’album et les morceaux de Bossa traditionnels, Jean-Marc et A Banda nous ont aussi joué les trois compositions originales présentes dans Saudade. Et on ne va pas se mentir, ce sont mes trois morceaux préférés. Les talents de Julien Doumenjou et de Jean-Marc  s’expriment pleinement sur « Saudade » , « Le café Veloso » et « Et demain » (avec celui de Laurent Honel sur les paroles). Presque, on se permettrait de regretter qu’ils ne se soient pas lancés dans plus de compos originales ? Allez,… Presque !

Le soleil brésilien en plein hiver parisien

Au terme du concert, les rappels ont été l’occasion de profiter de « La Rua Madureira » , de Nino Ferrer, premier clip issu de l’album. Puis A Banda a fait une surprise à Jean-Marc en lui offrant un morceau écrit spécialement pour lui (sur lequel on a pu admirer l’excellence du batteur Julien Augier dans le « rythme de cirque »). Une belle surprise tant pour lui que pour nous ! Enfin, ce voyage en terre brésilienne s’est achevé avec « Fais comme l’oiseau / Voce abusou » où toute la salle a accompagné à plein poumon un Jean-Marc Sauvagnargues ultra classe sur le refrain en français.

Retrouver le froid mordant des rues de Paris en sortant de L’Européen a été une épreuve. On serait bien resté toute la nuit à profiter de cette Bossa Nova et de l’énergie et de la générosité de Jean-Marc sur scène. Mais il a bien fallu finir le voyage et laisser le soleil s’éteindre dans les dernières notes du concert. Pour se consoler et le rallumer, l’album Saudade est heureusement disponible. Une belle façon de passer l’hiver dans la chaleur, la douceur et la bonne humeur.

En attendant que Jean-Marc et A Banda nous offrent d’autres dates, à Paris et ailleurs. Et si Yves pouvait continuer à assurer la première partie ? On ne va pas se mentir, des artistes qui se mettent en danger, c’est rare. Et comme ce n’est jamais gagné mais que c’est une belle réussite, ils méritent qu’on les suive dans l’aventure !

Delphine Hossa

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