Daniel BALAVOINE – Le chanteur

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Daniel BALAVOINE – “Droit” dans ses idées

Daniel Balavoine

C’est l’histoire d’un garçon qui croit avoir été conçu pour remplacer un frère décédé trop tôt. L’histoire d’un choriste que Patrick Juvet a pris sous son aile, allant jusqu’à lui offrir de chanter un titre sur un de ses propres albums ! C’est la vie d’un homme qui, plutôt qu’entrer en politique, comme il l’avait envisagé, va chanter dans un groupe de rock : Presence, puis en solo. La tragédie d’un chanteur devenu ambassadeur de l’aide humanitaire en Afrique qui disparaît dans une dune du désert saharien. Il s’agît de … Daniel Balavoine : le chanteur.

Daniel BALAVOINE – Le chanteur (Palais des sports de Paris – 1984)

N’allez pas croire que Balavoine sort de nul part lorsque « Le chanteur » (1978), sa carte de visite emblématique, connait un franc succès. En effet, il a déjà sorti deux albums, respectivement en 1975 et 1977, et tâté du rock’n’roll depuis 1971. En parallèle à la percée médiatique du single, il assure le rôle de Johnny Rockfort dans « Starmania », interprétant des titres inoubliables dont « SOS d’un terrien en détresse », loué pour ses aigus à décrocher la Lune. La place lui est offerte par Michel Berger, après qu’il l’ait entendu chanter à la télévision, dans une émission de Guy Lux. Il s’agissait de « Lady Marlène » (1977), son premier véritable hit.

Lady Marlène (Olympia – 1981)

A partir de 1978, la carrière de Daniel décolle … presque. En effet, l’album qui suit (1979) n’aligne aucun n°1. Par ricochet, il se vend moins bien que sa pénultième production. Qu’à cela ne tienne, il insiste et s’installe au sommet en 1980 avec « Un autre monde », quatre ans avant que Téléphone n’use du même titre. Réel piédestal, Balavoine ne quittera plus les hit-parades à partir de cet album. Précisons qu’il contient : « Mon fils ma bataille », « Je ne suis pas un héros », initialement composé pour Hallyday qui n’en a pas voulu, et « La vie ne m’apprend rien », trois incontournables du chanteur.

Daniel Balavoine

En 1982, « Vivre ou survivre », tiré de « Vendeurs de larmes » (1981), grignote peu à peu des adeptes au créneau « variété » trusté cette année-là par Chagrin d’Amour, Pierre Bachelet, Jean-Luc Lahaye, Jean-Jacques Goldman et … Dorothée. L’option musicale se veut plus « musclée », avec des sons de guitares plus saturés et, paradoxalement, d’avantage de synthétiseur. Étonnamment, le but est atteint. Le son est plus massif, plus rugueux. Comparer l’enregistrement public de 1981 et celui de 1984 en apporte une preuve irréfutable.

Vendeurs de larmes (Palais des Sports de Paris – 1984)

En 1983 sort, selon moi, le plus abouti des disques de Daniel Balavoine : « Loin des yeux de l’occident ». Tant du point de vue des textes, qui traitent de véritables sujets, que de celui de la musique, moins de synthétiseurs, plus de véritables instruments, cet album tranche sur ceux de ses contemporains. Signe paradoxal qui ne trompe pas, il s’en vend deux tiers de moins que le précédent. « Pour la femme veuve qui s’éveille », « Supporter », Frappe avec ta tête » ou « Revoluçion » abordent les travers du Monde en mettant le doigt là où ça fait mal. Personne ne souhaitant s’en réclamer, et suivant en cela la politique de l’autruche, on préfère l’ignorer.

Daniel BALAVOINE – Revolucion (Palais des Sports de Paris – 1984)

Plus légères, deux chansons n’en sont pas moins remarquablement écrites et composées par le chanteur lui-même : « Les petits lolos » et « Partir avant les miens ». Le côté prophétique de cette dernière est suffisamment dérangeant pour qu’un sentiment étrange étreigne l’auditeur à son écoute. Trois ans avant sa mort, Balavoine chante : « J’ai souvent souhaité partir avant les miens … Où que j’aille je vous attends … Que je vous aime en m’endormant ». Ce qu’il fera en janvier 1986, lors du Paris-Dakar, dans ce fameux accident d’hélicoptère.

Daniel Balavoine

1983. Balavoine dispose d’un « billet d’humeur » sur la récente 95.2 FM, ex Radio Montparnasse. Il y évoque l’idée d’une banque alimentaire … que finalisera Coluche en 1985 sous le nom des « Restos du cœur ». Les deux hommes se connaissent et s’apprécient. L’un soutiendra l’autre au moment de sa campagne pour l’accès à la présidence de la république, l’autre soutiendra l’un autour de cette idée d’aide alimentaire à la population, proposition alors vilipendée par les politiques.

Si Balavoine décède dans un accident mécanique en janvier 1986, Coluche également en juin de la même année. Tous deux bravèrent la classe gouvernante …

Au-delà des théories complotistes, que tourne la musique.

Daniel BALAVOINE – Les petits lolos

Le dernier album de Daniel Balavoine sort en 1985. Il s’agit du platiné « Sauver l’amour », écoulé à plus d’un million deux cents mille exemplaires sur le territoire. Les guitares ont disparues du paysage. A la place, un Fairlight CMI produit tout ce qu’il est possible de créer comme sons. « Tous les cris les SOS », proposé sur la Face B de « L’Aziza », est exclusivement composé à l’aide de cet échantillonneur.

Tous le cris les SOS

Paradoxe de plus, alors qu’il séduit toutes les radios, le français décide d’élargir son auditoire en s’internationalisant, direction le Royaume Uni. A cet effet, il aurait lié des contacts avec les deux Peter : Gabriel (Genesis) et Hammill (Van Der Graff Generator). L’objectif était de monter un groupe où il aurait joué, sans leadership, uniquement pour pénétrer le marché. Ambitieux projet classé « Sans suite »

Au final, subsiste l’image d’un chanteur de caractère, identifié gauchiste pour avoir soutenu Mitterrand au début de 1981, et dont la volonté ouvrait à tous les possibles.

Daniel BALAVOINE – Dieu que c’est beau

A l’aperçu de la vie de Daniel Balavoine, on pourrait presque croire en une « destiné ». Si ça n’est pas le cas, on peut quand même se permettre d’écrire qu’il a vécu avec intensité, bien « droit » dans ses idées.

Thierry Dauge

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