Salvador Dali, le surréalisme, le rêve et Sigmund Freud.
Salvador Dali entame des cours de peinture à Figueras alors qu’il n’a que quatorze ans.
Il poursuit ses études à l’école des Beaux-arts de Madrid en 1921.
En 1922 il côtoie des représentants de l’avant-garde artistique surréaliste comme Luis Buñuel, Federico Garcia Lorca…
C’est en 1929 qu’il rencontre André Breton, théoricien du surréalisme. L’écrivain saluera, à propos du surréalisme, le travail de Dalí en écrivant :
«La grande originalité de Dalí est d’avoir participé à cette action à la fois comme acteur et comme spectateur. A avoir réussi à se porter mi- juge, mi-partie au procès intenté par le plaisir et la réalité.»
1929, c’est aussi la sortie du film Un chien andalou de Luis Buñuel. Entouré de René Magritte, Luis Buñuel, Paul Eluard il passe l’été à Cadaquès. Gala, présente aussi,et qui reste maintenant toujours à ses côtés.
Salvador Dali est inspiré par le travail de Sigmund Freud. Il associe le rêve avec les éléments de l’inconscient, les fantasmes et les techniques picturales des grands maîtres.
«Pour pénétrer dans la réalité, j’ai l’intuition géniale que je dispose d’une arme extraordinaire : le mysticisme. C’est-à-dire l’intuition profonde de ce qui est, la communication immédiate avec le tout, la vision absolue par la grâce de la vérité, par la grâce divine.»
La Persistance de la Mémoire de Dali, 1931
Salvador Dali participe pour la première fois à une exposition à la galerie Pierre Colle de Paris avec La Persistance de la Mémoire, nommée aussi Les Montres Molles.
Une scène surréaliste, un défi contre le temps représenté par des montres qui se ramollissent.
En arrière-plan une nappe d’eau, un milieu aquatique et désertique appuyé sur une falaise. Sur le devant un plongeoir, un arbre dépourvu de végétation comme pour annoncer la mort. Son unique branche supporte une montre qui dégouline comme le temps qui s’écoule, et engloutit tout…
En premier lieu, deux montres accueillent le regard, l’une recouverte de fourmis, symbole de destruction, l’autre souple et porteuse d’une mouche qui marque les premiers signes de la putréfaction.
Au centre, peut-être le cadavre d’un animal, figé dans la mort
Dans cette œuvre, Dali nous entraîne dans un spectacle de désolation, ou le temps, donc la vie s’est arrêtée.
Le Grand Masturbateur, tableau surréaliste de Dali, 1929
L’une des premières toiles de la période surréaliste, une œuvre complexe, sortie de l’inconscient du peintre et composée d’énigmes.
Sans doute faut-il se référer à l’histoire de Dali ; aux événements importants de sa vie, et a son désir d’exprimer ses fantasmes.
Cette œuvre reste une métaphore complexe où l’ambiguïté demeure.
Une imposante tête au teint cireux, avec de longs cils. Un nez imposant prend appui sur le sol. Une sauterelle, couverte de fourmis représente la bouche.
Dans cette œuvre, Dali représente ses angoisses, le désir sexuel, la peur de la mort et ses souvenirs douloureux.
Galatée aux sphères 1952
«Mon mysticisme ce n’est pas seulement le mysticisme religieux, c’est la mystique nucléaire, hallucinogène, du cubisme gothique, la mystique de l’or, de la gare de Perpignan, la mystique des montres molles.» disait Dali.
Un tableau représentatif de la passion de Dali pour les atomes.
C’est aussi un vibrant hommage à sa muse, Gala. Les traits du visage du modèle sont représentés par des sphères qui éclatent et s’éparpillent dans le ciel. Le tout ordonnancé avec une grande habileté.
Dans ce tableau, Dali réunit la mythologie, l’art classique et fait référence aux explosions atomiques.
«Le ciel, voilà ce que mon âme éprise d’absolu a cherché tout au long d’une vie qui a pu paraître à certains confuse…» affirmait-il.
Les sphères nous renvoient à l’explosion atomique du 6 août 1945 qui a ébranlé Dali, «L’atome était mon sujet de réflexion préféré» déclarait-il.
Hallucination partielle de Dali, 1931
Une pièce sombre, au coucher du soleil, des auréoles lumineuses se forment sur le clavier du piano. Un personnage qui semble pétrifié y voit une série décroissante de visages, « six images de Lénine ».
Une référence à l’inconscient qui régit les hallucinations, dans cette toile.
Métamorphose de Narcisse (1937)
Dans cette toile, Dali nous transporte dans la mythologie, et la fascinante beauté de Narcisse, qui en voyant son reflet dans l’eau se pétrifie.
Le peintre fait référence à la cristallisation du personnage paralysé par sa propre beauté pour renaître sous forme de fleurs… c’est une approche du sens psychanalytique que Salvador Dali réitère tout au long de son œuvre.
La tentation de Saint Antoine de Dali, 1946
En premier plan Saint-Antoine, un genou à terre est présenté en état de faiblesse, face à des monstres tenus à distance par la croix que brandit le saint.
Examinons ces monstres, tous perchés sur des pattes longilignes.
En premier lieu un cheval puissant et fougueux, représente la force et la passion.
Le second, un éléphant porte un piédestal avec une femme en position érotique.
Le troisième élément semble avoir été inspiré par la sculpture de Gian Lorenzo Bernini. « L’éléphant et l’obélisque » de 1667, qui se trouve sur la place Santa Maria Sopra Minerva à Rome. Un obélisque d’or est symbole de richesse, il représente la puissance matérielle.
Les deux monstres suivant portent un bâtiment doré orné de trompettes, c’est le symbole de la célébrité.
Pour finir, un éléphant supporte un bloc de pierre à connotation phallique qui perce les nuages. Faut-il y voir une passerelle entre le plaisir terrestre et la spiritualité ?
Tête Raphaélesque éclatée 1951
Le visage d’un ange en surimpression sur la coupole du Panthéon de Rome. Le dôme constitué par la voûte crânienne est percé d’un puits de lumière. Des lambeaux tourbillonnent tel un envol d’oiseaux. Nous retrouvons là encore une référence aux atomes.
De cette œuvre se dégage une sagesse intérieure, une sensation qui nous conduit dans un monde paradisiaque…
Un panorama sur l’œuvre de Salvador Dali :
Pour conclure nous dirons que l’œuvre de Dali est onirique, comme celle de Joan Miró.
Mais très souvent l’artiste se réfère à la mythologie et a son sens psychanalytique, suivant ainsi la démarche freudienne :
«Si Freud… recourait à l’interprétation des mythes, c’était précisément pour venir au secours de l’interprétation des symboles rebelles à la méthode des associations libres» déclare-il.
Nic Blanchard-Thibault
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