Rolling Stones : Sticky Fingers, une braguette et un label !

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Rolling Stones :  Sticky Fingers – Les Stones indépendants ?

Comment les Rolling Stones ont-ils pu imaginer Sticky Fingers, un tel album, habillé par une pochette aussi couillue? Un véritable défi qui a porté ce vinyle au rang des albums mythiques dès sa sortie le 23 avril 1971.

stones sticky fingers

Et pourtant, sa conception se fit dans des conditions particulières. Les premières sessions de l’album  débutent deux ans auparavant (décembre 1969 en Alabama). Cela dit,  une bonne partie de l’enregistrement est effectué dans le studio mobile des Stones à Stargroves entre l’été et l’automne 1970. Le Rolling Stones Mobile Unit, un camion-studio bourré de matos qui servira ensuite à pas mal d’autres groupes. Sticky Fingers marque également un virage dans la carrière des Stones. Il ont désormais leur propre label. Le fameux logo rouge devenu aujourd’hui lui aussi légendaire.

sticky fingers rolling stones

Sticky Fingers et Mick Taylor

C’est également le premier disque en compagnie du guitariste Mick Taylor, suite à l’éviction de Brian Jones, suivi de son décès mystérieux le 3 juillet 1969.

L’album démarre avec l’incomparable Brown Sugar, un titre d’une esthétique rock grandiose, composé quasi intégralement par Mick Jagger, ce qui est assez rare. C’est d’ailleurs Keith Richards qui en parle le mieux.

«Je suis le maître du riff. Le seul que j’ai loupé et que Mick a trouvé, c’est Brown Sugar, et je dis chapeau. Là, il m’a bluffé. Je l’ai arrangé un petit peu, mais c’est bien lui, paroles et musique.»

Son texte également signé de la plume de Jagger est brillant d’ambivalence. L’histoire d’une esclave noire vendue sur un marché de la Nouvelle-Orléans. Elle se fait abuser par tous ses maîtres blancs, et elle parle ouvertement de sa dépendance au Brown Sugar…  l’héroïne.

La dope est d’ailleurs le sujet majeur des textes écrits par Jagger sur cet étonnant Sticky Fingers. C’est également le sujet de l’un des chefs-d’œuvre de ce disque. Le brillant Wild Horses que certains ont naïvement pris à tort pour une chanson d’amour… Horse, un mot d’argot, vocabulaire de camé servant à nommer l’héroïne.

Rolling Stones : Wild Horses – Sticky Fingers

La drogue : l’héroïne de l’album.

C’est encore une fois le sujet de Sister Morphine, un titre écrit par Marianne Faithfull et co-composé par Jagger et Richards. Une première version est enregistrée par la chanteuse en 1969, sur la face B du single Something Better. Les Stones sortiront une version légèrement modifiée par Jagger en 1971. C’est d’ailleurs Ry Cooder qui tient la guitare Slide sur les deux versions. Elle commence comme une belle ballade folk pour s’embourber à mi-parcours dans une atmosphère nébuleuse de circonstance… 5.35 min incroyables.
Marianne Faithfull qui n’est pas créditée sur la première mouture de l’album apparaît désormais sur la réédition en CD, depuis un procès gagné.

Rolling Stones – Sister Morphine

Sticky Fingers : une pochette warholienne

Sticky Fingers: un album mythique également pour sa pochette originale.  L’édition vinyle présentait une véritable braguette qui a l’ouverture laissait apparaître… un slip. Concept original et génial imaginé par Andy Warhol et photographiée par Billy Name. Contrairement a une idée reçue, le modèle n’est pas Jagger qui n’était pas présent lors de la séance photo, mais certainement un des nombreux artistes présents à la Factory de Warhol. On parle généralement de Joe Dallesandro… (A vérifier).

Pour l’anecdote, la fermeture éclair pose rapidement problème aux disquaires qui lui reprochent d’endommager les vinyles lors de leur stockage. Une grande partie des vinyles étaient rayés au niveau de Sister Morphine… Lors des éditions suivantes, celle-ci sera ouverte à mi-parcours afin de réduire les risques de dégâts.

Plus d’informations concernant les pochettes des albums des Rolling Stones dans notre article: Rolling Stones : leurs pochettes de disques censurées

1971, c’est également l’exil des Stones en France

Avec Sticky Fingers, les Stones se libèrent de leurs anciens contrats et gagnent en indépendance, notamment financière. C’est évidemment sans compter sur un retour de bâton du fisc anglais qui reluque alors d’un peu plus près la fortune du groupe. Manque de chance, les Stones sont rincés. Plus d’argent dans les caisses. Leur manager, le sinistre Allen Klein, à tout embourbé. Mais le fisc anglais s’en moque et leur réclame quand même un arriéré de 98% de leurs gains des années précédentes. Ceci était la règle sous les gouvernements travaillistes de l’époque.

Ni une ni deux, les Stones décident de se carapater dans un pays voisin, et c’est ainsi que nos vieux roublards roulent leur bosse jusqu’en France. Ils y occupent alors la villa Nellcôte, à Villefranche-sur-Mer sur la Côte d’Azur.

C’est d’ailleurs durant cette période d’improvisation totale qu’ils enregistrent dans les sous sols de la villa Nellcôte une partie de l’album Exile on main street, qui paraîtra l’année suivante (1972). La propriété louée par Keith Richards, est sommairement transformée en studio. La vie du groupe oscille entre virées au soleil sur la “blue” côte la journée et séances de travaux nocturnes orchestrés par Mick Jagger et Keith Richards
Par ailleurs, ils n’enregistrent qu’une moitié d’ Exile on main street à Nellcôte. Le reste se termine à LA après que les Stones aient fui Villefranche en urgence avec les stups français aux basques. Une histoire qui vaudra à Keith une interdiction de séjour en France pendant trois ans.

Auguste Marshal

Rolling Stones – Sticky Fingers – Avril 1971

Mick Jagger Chant
Keith Richards Guitare Rythmique
Mick Taylor – guitare solo, guitare acoustique
Bill Wyman – basse, piano électrique
Charlie Watts – batterie
Autres musiciens

Paul Buckmaster – arrangements cordes sur Sway et Moonlight Mile
Ry Cooder – guitare slide sur Sister Morphine
Jim Dickinson – piano sur Wild Horses
Rocky Dijon – congas sur Can’t You Hear Me Knocking
Nicky Hopkins – piano sur Sway et Can’t You Hear Me Knocking
Bobby Keys – saxophone
Jimmy Miller – percussion sur Can’t You Hear Me Knocking
Jack Nitzsche – piano sur Sister Morphine
Billy Preston – orgue sur Can’t You Hear Me Knocking et I Got the Blues
Jim Price – trompette, piano sur Moonlight Mile
Ian Stewart – piano sur Brown Sugar et Dead Flowers

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