NEW YORK DOLLS – Que reste-t-il de nos Poupées ? Olympia 2006

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NEW YORK DOLLS – De 1973 à 2006 : un soir à l’Olympia

New York Dolls

En studio

2006 : « One day it will please us to remember even this » est le troisième Lp des New York Dolls depuis … 1974 et « Too much too soon » ! Oui mais voilà, en 2006, il ne s’agit plus exactement du même groupe … enfin, des mêmes musiciens. Exit Johnny Thunders, Jerry Nolan et Arthur « killer » Kane. Ne reste que David Johansen et Sylvain Sylvain, le grand et le petit : Laurel et Hardy ? Toujours est-il qu’en 1973, non content d’avoir de la « gueule », New York Dolls cumule attitude, son et chansons ! Le temps d’un album …

NEW YORK DOLLS – Personality crisis

1973 : David Bowie sort « Aladdin sane », un modèle du genre, peut-être le plus abouti de tous ses enregistrements: compositions millimétrées, production cinq étoiles, orchestration au cordeau, comme sur « Time » ou « Lady grinning soul ». Ailleurs, d’autres estiment que le rock se vit « straight », sans artifices. The Stooges envoient Raw power produit par … Bowie ! Certes méconnaissable.

L’année précédente, Mr Jones a produit « All the young dudes » pour Mott The Hoople, du glam rock à l’état pur. Pour son pote Iggy Pop, il invente le « brut de pomme », liqueur qui fera le bonheur du punk trois ans plus tard. Ramones et Dictators, graillonnant leur punk rock au fond du garage de « papa », repoussent leur “opérationnalité” de quelque mois. En 1973, sapé glam outrancier et se la jouant punk rock, New York Dolls entame le quadrille.

Vietnamese baby

1973 (la suite) : Excepté pour lui-même, CF « A wizard, a true star », Todd Rungren est un producteur es captation en « flux vital », ce qu’il démontre sur le premier album éponyme des Dolls. A peine accordées, les guitares sonnent pierre ponce sur verre pilé, sans autre effet que celui d’amplis à lampes surchauffés. En regard des rythmes plombés des 2000’s, le duo basse/batterie sonnent « petit bras » : nature. Le label du groupe : Mercury, juge ce premier essai « too light », trop rêche, trop « rien ».

New York Dolls

Pour le deuxième galop, Shadow Morton est dégainé. Son job consiste à booster « Too much too soon » (1974). Le résultat expose un couteau au fil émoussé, une copie de cran d’arrêt. Du coup, dans un bain d’opiacés, Thunders et Nolan s’en vont former The Heartbreakers. « Vivre vite et mourir jeune ». En deux petits tours de vinyles, New York Dolls se raye le sillon et craque dans sa pochette de cuir rouge tout droit sortie de l’esprit marketing de Malcolm McLaren, le futur démiurge des Sex Pistols.

NEW YORK DOLLS – Stranded in the jungle

2006 (le retour) : New York Dolls, le Retour ! Ce qui caractérisait le groupe et générait l’addiction des fans dans un espace-temps bien déterminé, avec ses codes et ses rites, persiste-t-il dans un autre où le rock’n’roll est annoncé mourant ? Ecouter les Poupées en l’an 2000 revient à passer de la Grande Armée napoléonienne, versus Hussards et Spahis, au boucan diésélisé de la cavalerie blindée. Certes le propos servi dans « One day it will please us to remember even this » maintient un haut degré d’énergie heavy rock mais sans plus faire peur à personne. L’outrance qui faisait changer de trottoir la ménagère des 70’s n’interpelle plus personne, même si les ongles ripolinés griffent toujours.

We’re all in love

Pour le nostalgique des 70’s, au-delà des artefacts de studio, ne reste plus qu’un moyen pour juger de l’intégrité artistique des loupiots, une ultime rustine pour se faire une idée: le live ! Faut-il l’oser ?

En concert

en concert

Le 23 juin 2006, les néons de l’Olympia clignotent: New Yok Dolls – New York Dolls, des américains à Paris. Bizarrerie, sur le billet, le concert est annoncé à 23h. Les afficionados qui font le trottoir sur le Boulevard des Capucines doivent-ils s’attendre à croiser une bande de vampires, des vieilles stars fossilisées ne supportant plus la lumière du jour ? Salle plongeant dans l’obscurité, il n’en est rien … quoi que …

New York Dolls

Quelques boucles brunes s’échappent de la casquette « Rubettes » noire vissée sur la tête de Sylvain Sylvain. Les petits nouveaux, burinés par « la vie en rock », arborent des coupes de cheveux charbonneuses laquées aux pétards. Au centre-scène, la souillon en chef occupe l’espace de ses frêles épaules « marcelées » de rose : David Johansen, soit même !

Live au CBGB en 2006

https://www.youtube.com/watch?v=dE5fNoJlx7Q

Cet extrait live au CBGB ne sert pas de calque au spectacle de l’Olympia. Le son de la Gretsch ne jaillit pas des amplis Orange avec la même « patate » et, si le spectacle est cool, l’aura n’y est pas. Bien sûr, le grand Johansen est à portée d’iPhone mais où est cette voix gouailleuse traitée aux Margaritas, ces cordes vocales chargées d’amphétamines? Qu’est devenu ce héros qui, en manque de clopes, fumait des tickets de métro ? Entre chaque morceau, il se compte-gouttes une préparation homéopathique dans la gorge, élixir de jouvence, substitut au Jack. D.

NEW YORK DOLLS – Dance like a monkey (live)

Quoi qu’il en soit, la fosse bouge gentiment et les sourires fleurissent. Les gens sont contents d’être-là, de participer à ce qui sera peut-être l’ultime danse des Dolls. 1973 est loin? Vive 2006! Trente-trois ans entre les deux … trente-trois ans? Cela ne correspond-t-il pas à l’âge auquel le Christ est mort ?

Cette ultime résurrection, sans être parfaite, sans évoquer la folie de l’autre vie n’en est pas moins “hypnotisante“. Ça n’est pas tous les jours qu’on peut croquer ne serait-ce qu’un petit bout de la Légende. Le public présent l’a bien compris qui salue leurs icônes, mêmes un brin décaties. Si le rock est mort, parfois, l’étincelle resurgit.

Thierry Dauge

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