AIRBOURNE – L’énergie dans la peau
En studio
A la première écoute, sans que celle-ci ait été préméditée, l’expression d’un étonnement écarquille les paupières. La réflexion porte sur une possible chirurgie dont aurait bénéficié AC/DC, une intervention sur le système nerveux destinée à accélérer le « mouvement ». Dans un deuxième temps, on pense à un élixir de jeunesse, un lifting musical renvoyant les Kangourous écossais 30 ans en arrière, aux alentours de la fin des 70’s. Enfin, on admet s’être fourvoyé et que ce groupe qu’on entend relève d’une identité propre. Ainsi apparaît Airbourne, l’AC/DC « jeune ».
AIRBOURNE – Runnin’ wild
Airbourne évoque un marteau qui frappe sempiternellement sur le même clou. De ces chocs répétés naissent des fulgurances multicolores, des étincelles comparables à celles issues de pierres à briquet frottées sur le sol. Loin de lasser, elles invoquent l’engouement, le plaisir et la joie. Les riffs lâchés par les deux Gibson Explorer bousculent le quotidien, à la recherche d’une simplicité gourmande, de celle qui sucre les lèvres et alcoolisent les tympans. La voix à gorge fermée vient napper l’entre-deux, à l’emplacement précis qui sépare la reine du roi dans l’inconscient collectif des amateurs de Scott et Johnson (encore AC/DC ?!). Alors, l’ouragan exhale son souffle redoutable et que tremblent les murs !!!
AIRBOURNE – Born to kill
Forcément, les détracteurs s’engouffrent dans la brèche et hurlent au plagiat, à l’indécence. Pensez, construire sa carrière sur celle d’un autre ! Dans ce cas, que devrait-on mé-dire d’un groupe comme 42 Decibel ?
42 DECIBEL – Rocker soul
Au-delà de toutes ces sulfureuses ressemblances, Airbourne est un chien à quatre têtes dégueulant un torrent de lave en fusion, de ceux qui déchire la nuit, qui déchire l’ennui. Véritable remède à la déprime, les australiens dynamisent les psychés aussi bien qu’ils dynamitent les planches qui les reçoivent « live ». CQFD !
En concert
En comparaison avec l’entrée sur scène d’un Queen ou d’un Led Zeppelin, les quatre gueux d’Airbourne : hirsutes, mal rasés, chevelus et poilus, fait figure de reconstitution préhistorique. Ils débarquent sans fanfare ni trompettes, à peine quelques notes luminescentes, empoignent leurs outils et … que s’embrase l’assistance !
AIRBOURNE – Ready to rock (live)
C’est un feu d’artifices de tous les instants, une pyrotechnie furieuse. Pour se rafraîchir, Joel O’Keeffe, chanteur, guitariste et leader de « l’hydre », explose régulièrement une boite de bière sur le roc qui lui sert de vilaine caboche puis s’en rasade le gosier. Hilare et « houbloneux », il reprend de plus belle sa cavalcade effrénée, escaladant la sono puis parcourant la salle à dos de roadies … tel Angus Young. Quel que soit le bout par lequel on aborde le groupe, l’effet boomerang persiste !
AIRBOURNE – Breakin outta hell (live)
Ce qui caractérise Airbourne, c’est sa propension à épouser l’exacte forme du bocal où il se produit. Que la salle soit propice aux relations intimes : le Trianon, qu’elle présente des rondeurs assimilable à un bon 40 : le Zénith, ou sous le ciel champêtre d’une fin d’été pour un picnic royal au Festival de Rock en Seine, le groupe assure de façon identique.
S’il en est qui sont faits pour le binaire et d’autres pour l’échangisme grand format, qui se perdent hors d’un timbre-poste ou qui se marchent dessus hors des stades où ils ont coutume d’œuvrer, Airbourne n’en a cure. A chaque fois, il explose les bas-ventres pour en tartiner le moindre recoin. La niaque se joue des contextes. Son seul mot d’ordre ? « Stand up for rock and roll », et c’est justement de cela dont-il s’agit.
AIRBOURNE – Stand up for rock and roll (live)
Thierry Dauge