David BOWIE Low, au Château d’Hérouville en France

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David BOWIE – He’s the “Low”

David Bowie Low Château d'Hérouville
David Bowie Low – Château d’Hérouville

Premier volet de ce qu’on nomme : la trilogie berlinoise, Low inaugure la collaboration de David Bowie avec un personnage assez insaisissable, initiateur de Roxy Music au côté de Brian Ferry: Brian Eno. Le plus célèbre titre de leur partenariat parcourt encore les ondes radio, le remarquable : « Heroes », single extrait de l’album du même nom. Autre partenaire, indéfectible celui-là, Tony Visconti produit. Par-delà la mort de son ami, il entretien la flamme en jouant de la basse dans un Bowie Tribute Band qu’il a monté, pour que jamais rien ne finisse.

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David BOWIE Low – Speed of life

Au-delà du punk

En cette année 1977 où les guitares électriques crépitent sur trois accords, relayées au micro par des chanteurs aux cordes vocales vitriolées, Bowie visite d’autres dimensions. Le punk ? Il l’a inventé dès 1971 sur « Hunky dory ». Réécouter « Queen bitch » et ses riffs de guitare saturée confirme ce postulat. Pour « Low », sa volonté d’innover se retrouve dans le son. Traiter la batterie avec un effet prévu pour la guitare, un « Eventide harmonizer », relève de cette vision et le titre instrumental qui introduit « Low » : « Speed of life », expose tout de suite la direction prise.

David BOWIE LOW – Queen bitch

La musicalité des mots

Par contre, David conserve le « format » pop en évitant la logorrhée. Il épure ses partitions, neuf des onze titres naviguant autour des 180 secondes chronos. Deux chansons dépassent pourtant les cinq minutes, morceaux éthérés dont les paroles relèvent du «cut-up», technique chère à Alain Bashung. Le texte du parolier est découpé sans suivre les pointillés puis ré assemblé de manière quasi aléatoire, technique favorisant le rythme, le son, l’équilibre, la « musicalité » des mots plutôt que leur sens. «Subterraneas» et «Warszawa» sont construites sur ce mode. A part ces deux anachronismes, le reste de la Face B est instrumentale. Panne d’inspiration ou message subliminal ?

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David BOWIE  LOW – Warszawa

The man that fell on Earth

Il ne s’agit pas de la seule question soulevée par cet album. La photo, sur la pochette, est tirée du film « The man that fell on Earth » de Nicholas Roeg (1976), où David joue le personnage principal : un extra-terrestre tombé sur Terre. A part le fond orangé qui a été retouché, le profil est resté inchangé. Déjà, sur le visuel de l’album précédent : “Station to station” (1976), la photo provenait du même long métrage. Indéniablement, ce film a marqué Mr Jones mais est-ce en tant qu’acteur ou en tant qu’homme ? Le chanteur se serait-il identifié à son rôle, troquant son humanité au profit d’une entité cosmique ?

La même année, alors que son régime de survit oscille entre verres de lait et «sniff» de cocaïne, il accorde une interview au magazine Playboy où il prétend qu’Hitler serait la première rock star du 20ème siècle, louant son: «… art de la mise en scène et du maniement des foules». Les tabloïds anglais plongent dans cette porte entrouverte et publient moult photos de l’artiste saluant son public le bras tendu. Facile et vendeur. La réponse est musicale avec des titres comme «Breaking glass», intemporel.

David BOWIE LOW – Breaking glass

Un ami

David Bowie, un mystère… En dehors de son statut d’homme et de musicien, qui est-il véritablement lorsqu’il enregistre Low ? Un sauveur ? Pour certains : oui. Iggy Pop lui doit certainement d’être encore artistiquement présent quarante ans plus tard. On sait qu’il enregistra « The idiot » parallèlement à « Low », album d’une résurrection entreprit par Bowie. Pour savoir ce qu’en a gardé Iggy, il faut écouter « Post pop depression », son dernier Lp (2017). Au niveau de la voix, le mimétisme est stupéfiant, à s’y tromper … possédé.

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David Bowie Château d'Hérouville
Low enregistré en partie au Château d’Hérouville

David BOWIE Low… au Château d’Hérouville

Secouriste mis à part, « qui » ou « quoi » d’autre peut-il bien être?

Low a été enregistré au château d’Hérouville, en région parisienne, là même où «Pin ups» (1973) a vu le jour, recueil de reprises, brillante réappropriation des mélodies d’autrui.

En 1976, Jacques Higelin habite la bergerie du château. Cette même année, l’acoustique Yves Simon y élabore Macadam, son 4ème essai.

Et puis … «Tendre est la nuit» (F.S. Fitzgerald – 1934) où les deux chanteurs français errent dans le parc, les yeux tournés vers le vide. Ainsi vont les hommes qui cherchent un sens à leurs existences. Au détour d’une allée, ils croisent Bowie sans doute aux prises avec le même tourment.

Laissons Yves Simon conter cet instant :

« Il s’est alors approché et a allumé nos cigarettes. Comme s’il fallait nous aider, à l’instant même, à ne pas mourir, il nous a regardés en silence et, devinant qu’un seul geste pouvait nous sauver, il nous a embrassés. Le jour se levait. Jacques, penché sur mon épaule, se mit à pleurer en regardant les dernières étoiles du ciel, puis il murmura : Quel monde… Quel monde… ».

The Thin White Duke n’était plus un homme, il était « plus » que cela. Il participait, semble-t-il, à l’équilibre qui régit la vie sur cette planète, était devenu un des quatre éléments : la terre, le feu, le vent … « Low ».

Thierry Dauge

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