GITHEAD : Colin Newman, Malka Spigel and co

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Une dimension parallèle en 5 axes

Githead
Githead Strasbourg Square : Malka Spigel, Colin Newman, Robin Rimbaud, Max Franken (Photo par Githead)

Il y a quand même des gars et des nanas qui s’amusent avec les codes. On le savait depuis l’Album Blanc des Beatles, et toute l’école de l’énigme picturale issue des pochettes de Peter Saville dans les années 80 : en dire le moins pour susciter le plus. En découvrant ce premier EP tout de jaune primaire en 2004, avec un GIT noir au recto et un HEAD rouge au verso, l’on peut en effet rester perplexe. C’est seulement en ouvrant le CD digipack qu’on découvre en écriture très minuscule les participants dont une certaine Malka Spigel et un certain Colin Newman

HeadGit (2004)

A l’occasion d’un anniversaire, celui du label indépendant Swim Records pour ses dix ans en 2004, ses deux cofondateurs décident de monter un groupe pour la soirée. Quoi de plus simple quand on s’appelle Colin Newman, aussi chanteur et guitariste / claviériste du mythique groupe post punk Wire, ainsi que Malka Spigel, bassiste et chanteuse du non moins culte gang New Wave israëlo-belge Minimal Compact ! Bon, accessoirement, ces deux-là sont aussi en couple depuis… Bref ! Ils s’acoquinent avec le spécialiste en machines et guitares Robin Rimbaud alias Scanner pour la fête. Une boîte à rythmes surnommée The Beat Monster (Ah ah !) assure les percus. Finalement, en répétant, les trois se prennent au jeu et décident d’enregistrer les titres prévus sous le nom de Githead, soit crétin ou crétine ! D’où ce premier EP plutôt poussin – le design est de Martin Andersen – dénommé malicieusement Headgit chez Swim Records bien sûr. Il faut dire aussi que le Colin a l’époque a un agenda moins chargé car Wire, ressuscité depuis 1999 en formule incandescente, marque à nouveau une pause en raison du départ de son guitariste soliste en 2004, le subtil Bruce Gilbert.

Githead – Fake Corpses – Headgit (2004)

Ce disque initial paru en Novembre 2004 présente déjà les caractéristiques majeures de Githead : une basse mélodique très en avant, presque Dub, deux guitares en dialogues plutôt sobres, avec la manière toute personnelle de Newman de placer ses accords ou ses arpèges sur sa Eastwood Airline Map Deluxe GN, sa voix – toujours identifiable – et celle de Malka, en parler / chanter, un balancement rythmique qui lorgne vers le trip-hop, plus quelques nuances électroniques. Le tout dans un esprit minimaliste. Les quelques réactions critiques apprécieront…

Craft Is Dead – Headgit (2004)

 

Profile (2005)

Après une série de dates européennes, Githead prépare un véritable album en incluant cette fois un vrai batteur pour certains titres, tout en restant dans la famille, puisqu’il s’agit de Max Franken, l’ex tambourineur de… Minimal Compact ! Le graphiste Martin Andersen propose encore une pochette en rouge primaire, avec des informations a minima.

Githead – Alpha – Profile (2005)

Les neuf thèmes de Profile – sorti courant Juin 2005 – s’affichent dans la continuité du EP, avec un plus gros travail sur les compositions, les mélodies, et le mixage. L’on retrouve aussi quelques influences de Wire. Deux aspects notables, le chant plus présent et assuré de Malka Spigel et la scansion des morceaux, invitant à la danse de 7 à 77 ans. Un exemple avec le titre My LCA, une évocation par Malka de sa passion pour le Lomo, un appareil photo de la Russie soviétique aussi primitif que fascinant…

My LCA (Little Box Of Magic) – Profile (2005)

Profile recevra un plus large accueil critique, surtout chez les Anglo-saxons. On louera son aspect moderniste, entre organique et électronique, la basse à la Jah Wobble de Malka, les guitares de Newman et Scanner ainsi que les mélodies des morceaux. En France, pas ou peu de réactions, comme d’habitude, sauf chez quelques radios indépendantes telle Radio Campus Lille.

Art Pop (2007)

Deuxième album de Githead, le bien nommé Art Pop est dévoilé deux ans plus tard, en Juin 2007. La pochette créée par le couple Newman / Spigel reprend le principe de la couleur primaire, ici le bleu, mais avec une photo de mouettes. Musicalement, cet opus de 11 titres, enregistré à Londres, Rotterdam et Jaffa, s’avère le plus riche et le plus varié. Déjà, on y retrouve une orientation beaucoup plus rêche, proche du son de Wire. D’ailleurs quelques mois plus tard, Colin Newman rejoindra ses vieux potes pour un disque de retour, le très réussi Object 47 (Juillet 2008). Et curieusement, ça et là, on y remarquera aussi quelques traces audibles de… Githead.

Githead – On Your Own – Art Pop (2007)

Instrumentalement, aux constantes rituelles s’ajoutent l’utilisation de la guitare acoustique (Darkest Star) ou du vocoder, dans le très kraftwerkien Jet Ear Game. Ici, suivant son intitulé Art Pop, le quatuor alterne donc avec talent balades atmosphériques, expérimentations électroniques arty et brûlots pop post punk. A cette occasion, par chez nous, on se réveillera un peu puisque le final, le très beau Life In Your Head, figurera sur une compilation CD de Rock&Folk pendant l’été 2007, mazette !

Darkest Star – Art Pop (2007)

 

Landing (2009)

La création de ce 3e volume, toujours à Rotterdam, correspond à plusieurs faits marquants. D’abord, Colin Newman reprend en parallèle ses activités avec Wire. Ensuite, Malka Spigel assume de plus en plus les vocaux – évanescents -. Enfin, c’est le disque du quartet qui aura le plus de couverture médiatique, même chez nous. D’ailleurs, les avis des esthètes seront le plus souvent positifs, mais ont-ils – en France – vraiment écouté les autres galettes ? Étonnamment, l’approche musicale s’affiche beaucoup plus impulsive et binaire, et finalement proche de ce que propose Wire à la même époque, à tel point que parfois, on a l’impression d’écouter le combo culte avec une chanteuse !

Githead – Landing – Idem (2009)

On notera également une tendance à la répétition obsessionnelle qui évoque les gangs allemands du Krautrock des années 70 (Neu!, Can, Kraftwerk), une des influences majeures de Colin Newman. Enfin, la pochette abandonne le nuancier des tons primaires pour une photo de haut vol par Malka.

Transmission Tower – Landing (2009)

 

Waiting For A Sign (2014)

Inespéré, voilà bien le mot idéal pour résumer ce dernier disque. Après des concerts en Europe et sur le continent nord américain, Githead s’endort pendant quelques temps : cinq années exactement. L’actualité de Wire, alors en pleine effervescence, y est sans doute pour quelque chose. Enregistrés aux fameux studios Rockfields en Grande-Bretagne, ornés d’une pochette tout en ciel de Malka, ces neufs titres oscillent entre les chansons au tempo moyen onirique de Art Pop et les pièces plus voltaïques mais sans l’urgence de Landing.

Githead – To Somewhere -Waiting For A Sign (2014)

Depuis Landing, les quatre ont abandonné leur aspect Je danse avec ma tête présents sur leurs trois premiers recueils, au profit d’une démarche plus rock. Dommage ? Sans doute un peu car l’ensemble manque de cette perspective élargie que l’on aime tant. Il n’empêche que cette ultime collection arbore encore de beaux restes, à l’instar de la conclusion générique Waiting For A Sign. Depuis, justement, plus de signes audibles de Githead. Espérons que cet article – de fan – vous donnera l’envie d’explorer cette dimension parallèle en 5 axes…

Waiting For A Sign – Idem (2014)

 

Bruno Polaroïd

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