SUICIDE leur premier album par Pedro Peñas y Robles

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32 minutes à New York

Pedro Peñas y Robles : Suicide
Le livre Suicide par Pedro Peñas y Robles

Dans un ouvrage passionnant de l’excellente collection DISCOGONIE (1 livre = 1 album), Pedro Peñas y Robles explore le cultissime premier disque du duo Suicide.

Plasticien et performer du New York arty des années 70, Boruch Alan Bermowitz aka Alan Vega comme l’étoile décide de former un groupe en 1970 avec un copain, Martin Reverby dit Rev. Déjà marqué par Elvis Presley quand il était gamin, il voit Iggy et ses Stooges en concert et ressent ce soir-là une véritable illumination tel un Rimbaud de Brooklyn ! Après plusieurs configurations à plusieurs, le groupe se limite au duo Vega / Rev. Le premier prend le micro et la chaîne de vélo pour taquiner le public, comme Iggy ou Vince Taylor justement, le second traficotant une boîte à rythmes – de bal note l’auteur -, un orgue Farfisa avec des boîtes d’effets Electro Harmonix et une petite radio à transistor.

La paire galère, pas de flouze donc pas possible d’acheter un synthé. Ces contraintes vont aussi déterminer leur style. Pendant ce temps-là, l’Amérique de Nixon se heurte au Vietnam et aux scandales, New York s’enfonce dans la pauvreté et la drogue. Les deux complices adoptent donc le nom de Suicide, d’après l’épisode Satan Suicide du comics ricain Ghost Rider

Le duo Suicide
Suicide dans les années 70 : Martin Rev et Alan Vega (Photo : Adrian Boot)

Radical et sans équivalent

Punk avant l’heure, la paire va créer deux albums mythiques. Le premier, le plus radical et sans équivalent, sorti en Décembre 1977, invente l’Electro Trash sous une pochette sanglante. Dans son livre, Pedro Peñas y Robles détaille chaque titre, apportant des informations rares sur les étapes de création.

« Nous venions d’enregistrer notre set en direct en studio, exactement comme nous le jouions depuis cinq ans, le tout dans l’ordre où vous l’entendez sur l’album. Il nous a fallu le temps qu’il faut pour écouter l’album pour que nous l’enregistrions. Environ trente-cinq minutes ! »
Martin Rev

Suicide – Ghost Rider – Suicide (1977)

Sur une trame répétitive à base de boîte à rythmes hypnotique et primitive, Marty irradie les enceintes avec un mélange de riffs de claviers distordus et de bruits blancs. Son pote Alan, lui, déclame ses histoires de missiles dans Rocket USA, de fantômes de comics avec Ghost Rider, se faisant crooner mutant dans le romantique Cheree, ou narrateur ambigu de familicide dans Frankie Teardrop. Sa voix singulière, tout en feulements, hoquêtements, cris, spasmes, est modulée, triturée par l’écho, la réverbération et les larsens. Là aussi, les aficionados et les curieux se régaleront des révélations de Pedro Peñas y Robles sur les techniques d’enregistrement à contre courant et innovantes du disque, par exemple l’influence du Dub.

Suicide – Rocket USA

Ce brûlot de Suicide est accompagné de performances se terminant le plus souvent par des jets de chaises et autres bagarres dans la salle, le chanteur allant jusqu’à l’automutilation (Écoutez le Live 23 Minutes Over Brussels). Car, Pedro Peñas y Robles le rappelle avec justesse, beaucoup ne comprennent pas ces gus et leur musique minimaliste alors que le Rock des 70’s joue la surenchère des effets et des moyens. Et le tout SANS guitare !

Suicide – Frankie Teardrop

Leur LP se vendra peu – quelques centaines d’exemplaires – mais traumatisera tout un tas de musiciens et de jeunots, précise l’auteur. Des noms ? Ian Curtis de Joy Division, les futurs Sonic Youth, les frangins de Jesus And Mary Chain… Rajoutons Ric Ocazek des Cars, qui produira leur second opus en 1980, Nick Cave, Bruce Springsteen ou même les Hommes Machines de Kraftwerk ! En France, certains ne s’en remettront jamais : Taxi Girl, Kas Product, Bashung et même Christophe, qui bossera ensuite avec Alan Vega. Et bien sûr l’auteur du livre… Plus modestement votre chroniqueur.

Suicide – Cheree

Avec enthousiasme et sincérité, Pedro Peñas y Robles nous transmet sa passion et son érudition pour cet acte initial de Suicide, arguant de son importance pour l’évolution de la Musique Électronique et le Rock. Encore une fois chez DISCOGONIE, un complément indispensable à glisser près du disque originel !

Bruno Polaroïd

SUICIDE par Pedro Peñas y RoblesÉditions Densité / DISCOGONIE (Leur site) – 96 pages – 12,OO Euros – Disponible depuis Mai 2024

A lire aussi, notre article  : ALAN VEGA Jukebox Babe, qui a en partie inspiré cette chronique

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