Le bruit fait taire la peine…

Il aura fallu attendre les derniers jours de cette sinistre année 2023 pour qu’arrive l’un des disques français les plus bouillonnants de ces douze mois : Background Noise du trio Goomh !

Spleen électrique et rageur
Les trois gars sévissent dans la Capitale des Flandres, la trépidante ville de Lille. Faut dire aussi que ce projet effervescent est encore une histoire de frangins, telle la fratrie supersonique – les Reid – de The Jesus And Mary Chain ou les deux gros boudeurs Gallagher d’Oasis. Là, on parle des Rolland ! Alexis, tout d’abord, écrit les textes, assure les guitares et le chant, grattouillant du côté de Sonic Youth et du Wilco électrique. Ça vous situe déjà le niveau de décibels, triturations de cordes et autres histoires de Fuzz… L’autre jumeau, Julien, fait plutôt dans la basse sismique et prend également le micro. Et pour ne pas en rester là, la paire a trouvé le tambour major Nicolas Dogadalski, un batteur qui de toute évidence n’a pas envie de jouer les automates tant ça casse des briques – du cœur et du Nord – dans ces 14 titres. En plus, le gaillard pianote !

L’académie sonique de Seattle
Ben oui, 14 titres, puisque les trois ont peaufiné et chargé à bloc ce premier album, comme une pochette pleine de surprises. Dès l’ouverture, Stray Cat, avec ses feulements de chat sauvage dans les amplis, l’on comprend que ça va bien se passer, pour citer notre Ministre de l’Intérieur – sic -, plus mélomane qu’on ne le croit. Car le triumvirat lorgne vers des influences Indés / Grunge du plus bel effet. On pense souvent à l’Académie sonique de Seattle dans les pièces Vagabond ou Work Of Heart par exemple.

Également remarquable, la lente dérive de Cotton Lace, où les paroles et la Fender dialoguent avec le violoncelle de l’invitée Louise Coffyn, l’un des phares du LP, rayonnant de cette mélancolie fin de siècle à la Crime And The City Solution et plus récemment des Ricains mi country mi factory de Wovenhand. Une tendance au Spleen électrique et rageur que l’on ressent aussi avec Between yr Legs ou l’intense Close.

Enfin, la voix sensible et écorchée d’Alexis Rolland a des réminiscences du Brian Molko de Placebo des premiers – et meilleurs albums -, sans moustache donc mais plein de colère et d’émotions.
Vous l’avez compris, on ne sort pas indemne de ce rendez-vous d’une heure avec Goomh. Bouillonnants qu’on vous disait !
Goomh – Stray Cat – Background Noise (2023)
GOOMH – Backgroung Noise – Autoproduction – Disponible depuis le 16 Décembre 2023
Lenad Nada : illustration & Julien Pilarski : artwork
Leur Bandcamp : ici
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Bruno Polaroïd